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Ces profs prédisent le contenu des examens pour cinq francs

Une photo prise à Londres le 13 août 2025 montre un journaliste regardant une vidéo de l'ancien enseignant Waqar Malik sur sa chaîne «Mr Everything English».
Une photo prise à Londres le 13 août 2025 montre un journaliste regardant une vidéo de l'ancien enseignant Waqar Malik sur sa chaîne «Mr Everything English».Image: DANIEL SORABJI / AFP

Ces profs prédisent le contenu des examens pour cinq francs

Au Royaume-Uni, de plus en plus d'étudiants misent leur avenir scolaire sur des prédictions divulguées sur les réseaux sociaux par des enseignants-influenceurs. Une stratégie très risquée.
19.08.2025, 05:3819.08.2025, 05:38
Anna MALPAS, londres / AFP
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Déguisé en voyant, Waqar Malik, ancien enseignant devenu YouTubeur affirme entre autres à ses milliers d'abonnés qu'il peut prédire les questions de certains examens.

Avec sa chaîne intitulée Mr Everything English, il incarne ces nouveaux «profs influenceurs» qui attirent des milliers d'adolescents britanniques, anxieux de réussir scolairement.

Un «professeur» d'un nouveau genre

Sur YouTube et sur TikTok, celui qui se présente comme un ancien directeur adjoint d'établissement, vante ses pronostics pour l'épreuve de littérature anglaise classique  pour le GCSE, un examen global comparable au baccalauréat en France. Il affirme:

«L'an dernier, j'ai prédit l'intégralité du sujet»

Il précise en outre qu'il ne fait qu'une «supposition éclairée»,  mais des enseignants et examinateurs s'inquiètent de l'impact de telles vidéos.

Sarah Brownsword, maîtresse de conférences à l'université d'East Anglia, explique:

«Si vous êtes un adolescent de 15 ou 16 ans préparant vos examens et que quelqu'un sur votre téléphone vous dit "voilà ce que l'épreuve d'anglais va contenir"... c'est tellement séduisant.»

Un véritable risque

Après les épreuves de GCSE en mai, dont les résultats sont attendus la semaine prochaine, certains élèves ont regretté avoir cru ses prédictions. Un internaute écrit par exemple:

«Je ne t'écouterai plus jamais, frère»

D'autres se disent être «fichus» et prêts à abandonner leurs études.

L'une des commissions d'examen en charge des épreuves d'anglais, l'AQA, a souligné dans un rapport «une dépendance croissante à certains canaux de révision en ligne».

Ces contenus «sont une source importante de révision et de soutien pour les étudiants», écrit-elle, mais ce que veulent les examinateurs, «c'est votre interprétation personnelle des textes que vous avez étudiés, et non l'opinion d'inconnus sur les réseaux sociaux».

Contacté, Malik, qui compte plus de 225 000 abonnés sur YouTube, n'a pas donné suite.

Des prédictions trouvées en ligne et pas chères

Tilly Taylor, une étudiante qui donne des conseils de révisions à ses plus de 110 000 abonnés sur TikTok, est pour sa part affirmative:

«Ce genre de vidéos n'a jamais pour but d'induire en erreur. Je précise très clairement dans mes vidéos qu'il s'agit de prédictions»

Elle affirme également s'appuyer sur des annales et des rapports d'examinateurs pour guider sa communauté virtuelle. Elle critique en revanche ceux qui vendent des sujets prétendument complets.

Ishaan Bhimjiyani, 20 ans et plus de 400 000 abonnés sur TikTok, fait la promotion d'un site offrant une prédiction de sujet pour l'examen d'anglais pour 1,99 livre (environ 2,17 francs) «avec un historique de précision de 60 à 70%».

«Si vous le présentez comme une prédiction, c'est tout à fait correct. Vous ne pouvez tout simplement pas le vendre comme une garantie»
Ishaan Bhimjiyani

Jen, ancienne enseignante connue sous le pseudonyme Primrose Kitten, qui ne souhaite pas donner son nom de famille, estime que les pronostics vendus sur son site permettent «de savoir si vous êtes vraiment prêt pour l'examen».

Pour 4,99 livres (5,45 francs) elle propose des sujets plausibles pour toutes les matières, accompagnés d'une vidéo expliquant comment y répondre pour viser la meilleure note. Si certains influenceurs, comme Malik ou Jen, affirment avoir une expérience dans l'enseignement, d'autres, comme Bhimjiyani, ont commencé directement à l'école.

Des vidéos sponsorisées et de la monétisation

Bhimjiyani, scolarisée dans le privé, raconte:

«A 16 ans, j'ai commencé TikTok. J'ai documenté mon parcours, en postant la façon dont je révise. Et puis ça a décollé»

Depuis, il a fondé TapLab, une agence de marketing qui représente plus de 100 jeunes créateurs de contenus éducatifs.

L'essentiel de leurs revenus provient de vidéos sponsorisées par des recruteurs, des marques de beauté ou de technologie, et toujours signalées, précise Bhimjiyani, qui assure avoir touché 5000 livres pour sa première vidéo de ce type. Originaire du nord-est de l'Angleterre, Tilly Taylor évoque ses difficultés à l'école publique:

«On ne m'expliquait jamais vraiment comment réviser»

Elle s'est alors tournée vers YouTube pour trouver des conseils qu'elle transmet à son tour.

«Je voulais aider quelqu'un comme moi»

(ysc/am/ebl/bd/ial)

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