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Coronavirus: quand le Covid-19 deviendra-t-il enfin endémique?

Analyse

Va-t-on en finir avec le Covid? Pas vraiment, si l'on en croit ces deux pays

Pas de masques, pas de certificat Covid: le Danemark a osé franchir le pas. Des fêtards attendent devant une discothèque à Copenhague.
Pas de masques, pas de certificat Covid: le Danemark a osé franchir le pas. Des fêtards attendent devant une discothèque à Copenhague.Keystone
Pays phares dans la gestion de la pandémie, le Danemark et Singapour ont déclaré le Covid endémique. Mais malgré un taux de vaccination d'environ 80%, les infections partent en flèche. Le retour à la normalité s'annonce difficile.
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01.11.2021, 06:0401.11.2021, 07:35
Dennis Frasch
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Au Danemark, on a l'impression d'être dans un monde parallèle. En ce moment, les clubs de Copenhague sont bondés, tout comme les restaurants et les salles de concert. Et ce, sans besoin de certificat sanitaire. Même dans les transports publics, le port du masque n'est plus obligatoire.

Depuis le 10 septembre, le Covid-19 n'est plus officiellement considéré comme une maladie qui met en danger la société, mais comme un virus endémique. La décision a été prise car le taux de vaccination au Danemark est très élevé. Plus de 75% de la population est vaccinée, et parmi les plus de 65 ans, la proportion grimpe à 97%.

La situation est similaire à Singapour. Jusqu'à présent, la ville-Etat était connue pour poursuivre une stratégie «zéro Covid», consistant à imposer des mesures très strictes et à fermer ses frontières. Mais ces derniers mois, les choses ont changé. Singapour a entamé la transition vers l'ère post-pandémique. Notamment parce que plus de 80% de la population est vaccinée. Et à un taux d'immunisation de 80%, l'immunité collective devrait se mettre en place. Du moins, en théorie.

La réalité est quelque peu différente. Au Danemark et à Singapour, le nombre de cas est monté en flèche ces derniers jours et semaines. Les deux pays démontrent en temps réel combien la transition vers la normalité sera difficile. Ce faisant, ils nous livrent trois leçons qu'il convient de comprendre.

«Endémique» ne signifie pas que le virus disparaît

Le Covid-19 n'est plus considéré comme «épidémique» au Danemark, mais «endémique». C'est du moins ce que les politiciens ont décidé. Mais qu'est-ce que cela signifie? Et à quel moment un virus devient-il endémique?

«Il n'existe pas de point fixe à partir duquel on peut dire qu'un virus est devenu endémique», déclare Jan Fehr, infectiologue à l'université de Zurich. «Une situation endémique existe lorsque le Sars-CoV-2, tout comme d'autres agents pathogènes, s'est intégré dans notre société de telle manière qu'il ne risque pas de surcharger de notre système sanitaire. Le nombre d'infections s'est stabilisé à un niveau tolérable et le virus devient une sorte d'animal de compagnie, pour ainsi dire».

En d'autres termes, il y aura toujours un certain nombre de contagions. La différence, toutefois, est que le Covid-19 ne menacera plus des groupes entiers de population, comme ce fut le cas l'an dernier avec les plus de 80 ans.

«L'objectif n'est donc pas d'éliminer le virus. L'objectif est de créer une situation dans laquelle nous pouvons vivre avec»
Jan Fehr, infectiologue à l'université de Zurich

Malheureusement, cette destination n'est pas vraiment en vue, et le Danemark en est bien conscient. Un groupe d'experts en modélisation mathématique a publié le scénario prévu jusqu'à la mi-novembre: celui-ci prévoit jusqu'à 3200 nouveaux cas et 110 hospitalisations par jour. Si l'incidence dépasse les 500 nouvelles infections pour 100 000 habitants, le gouvernement peut intervenir à nouveau.

L'immunité de groupe n'est qu'un concept

Cela nous amène à la question de l'immunité de groupe. Car jusqu'à présent, on partait du principe que même avec le variant Delta, l'immunité collective devait s'installer à d'un taux de vaccination supérieur à 80%. Alors pourquoi le nombre de cas à Singapour et au Danemark augmente-t-il?

«Ce taux n'est qu'une ligne directrice», explique Jan Fehr. L'immunité de troupeau en tant que telle n'est également qu'un concept, «et chaque concept a ses forces et ses faiblesses». Même avec une proportion de 80% de vaccinés, il reste 20% de personnes qui ne sont pas protégées. «Et, comme je l'ai déjà dit, il ne s'agit pas d'éliminer le virus. Il s'agit de vivre avec sans surcharger le système de santé.»

Lone Simonsen, épidémiologiste à l'université de Roskilde au Danemark, a un point de vue similaire. Elle a déclaré au magazine Science qu'elle n'était pas inquiète de l'augmentation du nombre de cas. La propagation en cours entraînera un renforcement de l'immunité naturelle chez les enfants et les adultes non vaccinés, et la couverture vaccinale continuera d'augmenter, dit-elle. «Tout cela me porte à croire que le Danemark atteindra l'immunité de groupe au printemps.»

Il n'y a que deux options

La chercheuse peut faire cette déclaration que parce que le taux de couverture vaccinale au Danemark est déjà très élevé et que les générations plus âgées sont presque protégées à 100%. Cela ne signifie pas que le pays est sur la bonne voie, car cela ne peut être jugé que rétrospectivement. Mais avec un risque relativement faible grâce au taux de vaccination élevé, le Danemark est certainement l'un des meilleurs candidats pour jouer le rôle de pionnier.

En Suisse et dans d'autres pays où le taux de vaccination est comparativement faible, la situation est différente. Des restrictions plus sévères devront probablement être nécessaires pendant la phase de transition, afin de garder le virus sous contrôle.

Les exemples du Danemark et de Singapour laissent penser qu'il n'y a que deux options pour évoluer vers une société dotée d'une meilleure protection immunitaire:

  1. Soit on atteint la phase endémique par contagion, mais nous en connaissons le prix depuis l'hiver dernier - beaucoup de maladies graves et de décès.
  2. Soit on choisit la voie de la vaccination.

«La question est de savoir ce que veut la société. Pour l'instant, il semble qu'en Suisse, l'option de la contagion soit choisie», déclare Jan Fehr. «Mais je n'ai pas complètement abandonné l'espoir de pouvoir élever notre taux de vaccination à un niveau danois.»

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