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Taïwan compte sur son «bouclier de silicium» face à Pékin

Taïwan compte sur son «bouclier de silicium» face à Pékin

Taïwan entend conserver la fabrication des puces les plus avancées, un secteur crucial pour son autonomie stratégique face à la pression militaire croissante de Pékin.
11.12.2025, 09:1511.12.2025, 09:54

Taïwan prévoit de continuer à produire sur son sol les puces les «plus avancées» de la planète et de rester «indispensable» au secteur des semi-conducteurs, a déclaré un ministre taïwanais à l'AFP. Une volonté qui s'inscrit dans un contexte d'intense pression militaire de Pékin sur cette île que la Chine revendique.

L'île fabrique plus de la moitié des puces au niveau mondial, et presque la totalité des plus avancées, utilisées aussi bien dans les smartphones que les centres de données nécessaires à l'intelligence artificielle (IA). Cette domination de Taïwan est considérée comme un «bouclier de silicium» pour la sécurité de l'île. Celui-ci la protégerait d'un blocus ou d'une invasion par la Chine communiste – qui considère l'île comme une partie de son territoire – et inciterait les Etats-Unis à la défendre.

Taiwan reservists pose during a reserve military training in Ilan County, Taiwan, Tuesday, Dec. 2, 2025. (AP Photo/Chiang Ying-ying)
Taiwan Military
Des réservistes de l'armée de Taïwan.Keystone

Mais la menace d'une attaque par Pékin inquiète, en raison des retombées qu'elle pourrait avoir sur les chaînes d'approvisionnement mondiales. De quoi pousser les grands pays clients, notamment en Europe et aux Etats-Unis, à encourager activement ces dernières années un développement de la production hors de l'île.

L'un des ministres adjoints des Affaires étrangères de Taïwan, François Chih-chung Wu, lors d'un entretien avec l'AFP a déclaré:

«Nous allons essayer de maintenir les technologies les plus avancées à Taïwan, et de nous assurer que Taïwan continue à jouer un rôle indispensable dans l'écosystème des semi-conducteurs.»

«Je pense que c'est la même logique pour chaque pays, même pour les pays qui ne sont pas dans une situation géopolitique aussi compliquée», a-t-il ajouté. La Chine a accru sa pression militaire sur Taïwan ces dernières années, à travers le déploiement très fréquent d'avions de combat et de navires de guerre aux alentours de l'île.

Taipei a réagi en accroissant ses dépenses de défense pour tenter de mettre à niveau ses équipements militaires et d'être davantage en mesure de prendre part à une guerre asymétrique.

Taïwan ne dispose pas d'assez de terres, d'eau et d'énergie pour accueillir toutes les usines de fabrication (fabs) nécessaires pour répondre à la demande croissante de puces, c'est «donc étape par étape (que) nous accroissons nos investissements dans le monde, mais toujours en lien avec Taïwan», a déclaré Wu, ancien représentant de Taïwan en France.

Les pressions de Trump

Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), le principal fabricant mondial de semi-conducteurs, a déjà investi dans des «fabs» aux Etats-Unis, au Japon et en Allemagne. Plus tôt cette année, ce géant s'est engagé à dépenser 100 milliards de dollars aux Etats-Unis pour y construire des usines, alors que le président Donald Trump menaçait d'imposer des droits de douane sur les semi-conducteurs fabriqués hors du territoire américain.

FILE - This photo shows the logo of TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company) during the Taiwan Innotech Expo at the World Trade Center in Taipei, Taiwan, Oct. 14, 2022. (AP Photo/Chiang Ying- ...
Keystone

Toutefois, installer des usines de TSMC aux Etats-Unis est un défi, explique Wu, Taïwan disposant d'une «culture très particulière (qui permet) de fabriquer très bien les semi-conducteurs». Le meilleur moyen de réduire les risques pour le secteur des puces n'est pas de déplacer les usines, mais d'«empêcher la guerre», selon le ministre.

Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a récemment dit avoir proposé à Taïwan de partager à 50-50 la production de puces, une idée rejetée par Taipei. Si Washington reste le principal allié de Taïwan en matière de sécurité, plusieurs déclarations de Donald Trump mais aussi sa politique sur le dossier ukrainien ont semé le doute quant à sa volonté à défendre l'île en cas d'attaque.

Wu, toutefois, dit sa confiance dans les Etats-Unis, mais aussi dans l'Europe, pour réagir à une éventuelle opération militaire de Pékin contre Taïwan et protéger leurs «intérêts» dans la région. «Il se trouve simplement que vos intérêts et ceux de Taïwan, nous les partageons», explique-t-il.

Au nombre de ces intérêts, explique-t-il, figurent l'industrie des semi-conducteurs et la paix et la liberté de navigation dans le détroit de Taïwan entre la Chine et l'île, une route clé pour le commerce maritime. «Je pense que Donald Trump comprend de mieux en mieux, jour après jour, l'importance stratégique de Taïwan (...) et défendra les intérêts américains à sa manière», avance François Chih-chung Wu.

«Nous sommes au coeur des intérêts de la Chine, mais nous sommes aussi au coeur des intérêts des Etats-Unis.» (jah/ats)

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