Un hacker américain passionné de Tesla a fourni un sacré coup de main après un accident de la route qui a coûté la vie à une jeune femme en 2019. Le Washington Post a révélé, la semaine passée, des détails de l'affaire. Les données trouvées par le hacker sur une puce ont été déterminantes dans le cadre d'une action en justice pour homicide involontaire intentée contre le constructeur.
En juillet 2025, un jury de l'Etat de Floride a passé trois semaines à examiner dans quelle mesure la technologie Autopilot de Tesla était responsable d'un accident en 2019 à Key Largo.
Une voiture avait alors traversé un carrefour à plus de 80 km/h et percuté un SUV noir correctement garé de l'autre côté de la route. Une femme de 22 ans a perdu la vie; son petit-ami a été grièvement blessé.
Le verdict a été rendu public le 1er août et a fait la une des journaux. Tesla doit verser jusqu'à 243 millions de dollars d'amende et de dommages-intérêts aux parents de la victime et à son compagnon.
Selon le New York Times, la sentence cause du tort au fabricant, qui mise gros sur le développement de taxis autonomes. Tesla a rejeté le verdict et a immédiatement annoncé son intention de faire appel.
Le conducteur dit avoir utilisé le pilote automatique afin de ramasser son téléphone tombé par terre. Lui et les parties plaignantes ont donc fait valoir que le véhicule n'avait pas averti son propriétaire à temps et que le constructeur automobile avait agi avec négligence en autorisant l'aide à la conduite sur une route pour laquelle elle n'était pas conçue.
De son côté, Tesla a suivi sa stratégie de défense habituelle en la matière: elle a nié sa responsabilité. Selon la loi et le manuel d'utilisation, les conducteurs doivent garder la maîtrise en toutes circonstances, que l'Autopilot soit activé ou non.
En effet, peu avant l'accident, le conducteur avait enfoncé la pédale d'accélérateur, désactivant ainsi la sécurité qui aurait pu arrêter automatiquement la voiture en cas d'obstacle. A la barre, l'accusé a déclaré qu'il pensait que le pilote automatique le protégerait et empêcherait les accidents graves s'il commettait une erreur.
Selon le Washington Post, les plaignants ont conclu un accord à l'amiable en échange d'un paiement dont on ignore le montant.
Tesla ne s'en cache pas, ses voitures électriques enregistrent une multitude d'informations à chaque trajet. Ces données sont d'une part stockées dans la voiture et d'autre part transmises au constructeur par internet, plus précisément à un centre de données.
Durant le procès, Tesla ne voulait ou ne pouvait pas fournir d'elle-même les données internes du véhicule et les enregistrements vidéo. Ce n'est qu'après que les plaignants ont reconstitué ces éléments à partir de l'ordinateur de bord que l'entreprise a elle-même présenté les données de la caméra embarquée.
Les proches de la femme décédée avaient eux-mêmes récupéré une «puce» dans le véhicule accidenté et avaient ensuite demandé au hacker de récupérer les données qui y étaient stockées.
Toujours d'après le journal, l'homme a réussi à analyser les données de la puce avec son ordinateur portable en buvant un chocolat chaud dans un Starbucks du sud de la Floride.
Un avocat de Tesla a ensuite déclaré devant le tribunal que l'entreprise avait conservé les données sur ses propres serveurs pendant tout ce temps. Il a précisé qu'elles n'avaient pas été intentionnellement «supprimées».
Il a aussi fait valoir que son client n'avait jamais eu l'intention de «cacher les données». Au contraire, les images de la caméra embarquée prouveraient que le conducteur aurait eu suffisamment de temps pour réagir face aux piétons qui se trouvaient à côté de leur voiture garée.
Une experte en technologie de conduite autonome et ancienne conseillère de l'autorité étasunienne de sécurité routière (NHTSA) a déclaré devant le tribunal que le «pilote automatique» était défectueux, car il ne réagissait pas aux obstacles et ne veillait pas à ce que le conducteur garde les yeux sur la route. Les systèmes d'assistance comparables d'autres constructeurs sont équipés de caméras qui suivent le regard du conducteur.
Les nouvelles Tesla - la Model 3 notamment - disposent désormais de caméras intérieures.
Ce n'est pas la première fois que cet homme fait les gros titres. En 2023, il affirmait que les Tesla disposaient d'un «mode Elon» secret dans lequel l'Autopilot restait constamment activée.
L'Américain souhaite rester anonyme par crainte de représailles. Il a déclaré au Washington Post ne pas vouloir voir son nom dans les journaux.
Détail intéressant: il possède un compte sur le réseau social X du patron de Tesla, Elon Musk. Il y rassemble plus de 80 000 followers sous le nom @greentheonly.
Sur son profil, l'homme affirme ne rapporter que ce qu'il voit.
Selon le New York Times, entre 2018 et 2023, les autorités chargées de la sécurité routière ont recensé au moins 211 accidents impliquant des Tesla avec le pilote automatique activé.
Traduit et adapté par Valentine Zenker