Mercredi 13 juillet, le conseil administratif de Twitter a annoncé avoir porté plainte contre Elon Musk auprès de la Cour de chancellerie du Delaware. Comme l'indique un document officiel que s'est procuré Bloomberg, le milliardaire est accusé d'avoir violé l'accord conclu avec la direction concernant le rachat de la plateforme.
Pour soutenir la défense du conseil administratif de Twitter, l'acte judiciaire liste pas moins de treize tweets rédigés par Elon Musk entre avril et juillet 2022. Le but étant de décrédibiliser la posture du fantasque entrepreneur et prouver que celui-ci n'a jamais eu qu'un seul but: nuire à Twitter. Et il faut dire que, sur ce coup, il se pourrait bien que l'enfant terrible du réseau social regrette certaines sorties. Les voici.
Alors qu'il venait tout juste de refuser un siège au conseil d'administration de Twitter, Elon Musk a décidé, mi-avril, de racheter toutes les actions de l'entreprise américaine.
Un montant de 41 (puis finalement 44,5) milliards de dollars qui permettrait au milliardaire de prendre le contrôle total de l'une des plus grosses entreprises américaines. Panique générale au sein de la direction qui s'y est férocement opposée; raison pour laquelle Musk a ironisé sur Twitter, en reprenant le titre: «Aimez-moi tendrement», d'Elvis Presley.
Derrière l'achat de Twitter, Elon Musk s'est tenu en justicier de l'information numérique. Le patron de Space X et Tesla a expliqué, sur Twitter, vouloir assurer la liberté d'expression du réseau social, selon lui, aux prises d'une armée de «spams algorithmiques».
Le 25 avril 2022, Elon Musk a officiellement racheté la plateforme Twitter pour un montant de 44,5 milliards de dollars.
Deux semaines après son achat, Elon Musk a suspendu son accord avec Twitter. Le milliardaire a justifié son acte sur le réseau social en déclarant d'abord vouloir savoir si les comptes sans réels utilisateurs représentaient moins de 5% du nombre total de profils disponibles sur la plateforme.
Pour ce faire, il a indiqué avoir engagé une équipe qui allait contrôler aléatoirement 100 profils du réseau social. Il a invité les autres réseaux sociaux à faire de même.
Près de 24 heures après la suspension de rachat de Twitter de Musk, celui-ci a déclaré avoir été contacté par le service juridique de l'entreprise.
En cause: le non-respect de l'accord de non-divulgation dans son dernier tweet. Lequel a publiquement révélé le nombre de comptes Twitter soumis à un contrôle, et qui était, en réalité, confidentiel.
Lundi 16 mai, soit deux jours après la suspension de rachat de Twitter par Musk, Parag Agrawal, le patron de la plateforme s'est fendu d'une longue explication sur les mesures prises pour lutter contre les faux comptes et les spams algorithmiques.
Selon lui, plus d'un demi-million de faux comptes serait supprimé chaque jour, avouant, par ailleurs, qu'il pouvait être compliqué de distinguer les comptes légitimes des autres. Parag Aagrawal a toutefois assuré que la proportion de faux comptes serait nettement inférieure à 5%. Dubitatif, Elon Musk lui a répondu avec un emoji en forme de crotte.
Vendredi 8 juillet, un peu plus de deux mois après l'annonce du rachat de Twitter, Elon Musk a déclaré retirer son offre d'acquisition du réseau social. Selon lui, la direction résistait «activement» à ses demandes d'informations sur les spams et comptes robotisés.
Bret Taylor, le président du conseil d'administration de Twitter a tweeté, le lendemain de cette annonce, que son groupe était «déterminé à conclure la transaction au prix et aux termes convenus» et entendait bien l'emporter devant les tribunaux.
Aucun soucis pour Elon Musk qui a souligné, d'un ton moqueur, que la situation se retournerait contre le conseil d'administration puisque celui-ci serait forcé de dévoiler toutes ses données.
Dans la foulée des déclarations de Bret Taylor, l'enfant terrible de Twitter a déferlé sur le réseau social. Mèmes et propos décousus ont inondé son compte Twitter toute la journée du 11 juillet. Elon Musk a d'ailleurs publié une photo de Carlos Ray Norris, dit Chuck Norris. L'acteur américain reconnu pour sa pratique des arts martiaux dans la série culte Walker, Texas Ranger.
Une nouvelle ironie muskienne traduisant le mépris du chef d'entreprise face aux nombreuses menaces du conseil administratif de Twitter depuis plusieurs jours.
Le 11 juillet, le conseil d'administration a fait appel à la crème du droit des sociétés: Wachtell, Lipton, Rosen & Katz pour se défendre au tribunal face à Musk. Auparavant, ces derniers avaient permis à Twitter de faire barrage au contrôle financier global du milliardaire quant à l'entreprise américaine.
La situation est devenue encore plus délicate lorsque la direction de Twitter a précisé avoir porté plainte auprès de la Cour de chancellerie du Delaware. Un tribunal d'équité de l'Etat américain reconnu pour généralement désapprouver les actions visant à se retirer d'un accord de fusion, comme l'a fait Elon Musk.
En réaction, le patron de Tesla et Space X a recouru, via un tweet, à la Commission américaine des valeurs mobilières et des échanges. Le rôle de cette institution: notamment émettre des sanctions en cas de non-respect des règles qu'elle édicte dans le marché financier, comme a semblé soupçonner Musk.
Les multiples attaques et moqueries de l'un des hommes les plus riches du monde ont finalement eu raison de lui: mardi 12 juillet, le conseil administratif a, comme annoncé, lancé des poursuites contre Elon Musk pour obliger le patron de Tesla à tenir son engagement de racheter le réseau social selon les termes convenus.
D'après les avocats de la société basée à San Francisco, la plateforme à l'oiseau bleu «a subi et va continuer de subir des dommages irréparables à cause des infractions» d'Elon Musk.
Une «ironie» pour le principal intéressé qui invective, depuis plusieurs mois, les actions de Twitter mettant, de son point de vue, en péril, le bon fonctionnement du réseau social. L'octogone sans règles ne fait donc que débuter.