L'Ukraine mise de plus en plus sur la production interne de missiles de croisière afin de se rendre moins dépendante des livraisons occidentales. Le président Volodymyr Zelensky avait demandé à plusieurs reprises aux alliés occidentaux de pouvoir également utiliser les armes livrées contre des cibles sur le territoire russe.
Après que l'administration américaine sous Joe Biden a récemment autorisé l'utilisation de missiles ATACMS contre la Russie et que l'utilisation de missiles de croisière britanniques Storm Shadow a également été documentée, Kiev semble également poursuivre sa propre stratégie. Les missiles de type R-360 Neptun, développés en interne, devraient permettre une plus grande autonomie en matière de défense.
Les missiles de croisière Neptune ont été conçus à l'origine pour être utilisés contre des cibles maritimes et ont fait sensation en avril 2022 lorsqu'ils ont coulé le Moskva, un navire amiral russe en mer Noire. De manière générale, les missiles de croisière se distinguent des missiles traditionnels par le fait qu'ils peuvent être guidés sur de longues distances et qu'ils volent généralement à très basse altitude, ce qui les rend difficilement détectables par les radars et les systèmes de défense aérienne.
Entre-temps, le système a été perfectionné de manière à pouvoir attaquer des cibles sur une plus grande distance. Comme l'a récemment déclaré le ministre de la Défense Roustem Oumierov dans les médias, l'Ukraine a lancé la production en masse de ces missiles - 100 exemplaires seraient déjà prêts. Le président Volodymyr Zelensky a annoncé que le pays entendait produire 3000 missiles de croisière et drones lance-missiles l'année prochaine.
Selon le fabricant ukrainien Luch, le système Neptun, tiré depuis des rampes de lancement, peut voler jusqu'à 300 kilomètres. L'Ukraine souhaite toutefois augmenter cette portée à 400, puis éventuellement à 1000 kilomètres.
Selon des sources ukrainiennes, l'Ukraine mise, pour la nouvelle version de son missile de croisière Neptune, sur une combinaison de navigation GPS et éventuellement sur un système de recherche infrarouge passif pour identifier les cibles terrestres. C'est ce qu'a expliqué l'expert militaire Timothy Wright de l'International Institute for Strategic Studies à Londres au magazine Der Spiegel. La Russie peut certes en principe brouiller les signaux GPS et dispose d'une défense antiaérienne «capable et diversifiée», mais l'utilisation de cette technologie représente un défi.
Les récentes attaques de drones ukrainiens réussies sur le territoire russe auraient montré que de tels systèmes de défense ne fonctionnent pas toujours sans faille.
George Barros, spécialiste de la Russie à l'Institute for the Study of War à Washington, fait une évaluation similaire. Il voit dans la polyvalence des systèmes d'armes un net avantage pour l'Ukraine.
La différence de vitesse et de direction d'approche des armes pourrait contribuer à submerger les systèmes de défense antiaérienne russes. Avec la capacité de coordonner de telles attaques, l'Ukraine pourrait augmenter considérablement sa force de frappe, selon Barros.
La Russie suit une stratégie similaire à celle de l'Ukraine et combine différents systèmes d'armes afin de submerger les défenses aériennes ukrainiennes. En outre, la Russie mise apparemment sur de nouveaux systèmes de missiles. Il y a quelques jours, un nouveau missile russe présumé de moyenne portée est tombé à Dnipro. Le président Vladimir Poutine a déclaré à ce sujet que le missile, baptisé «Oreshnik», était également adapté à des attaques sur l'Europe occidentale et qu'il «ne pouvait pas être défendu par des systèmes adverses». Ces informations n'ont pas encore pu être vérifiées de manière indépendante.
L'Ukraine utilise de plus en plus ses missiles de croisière Neptune pour attaquer des cibles sensibles comme les dépôts de munitions ou les défenses antiaériennes en Russie, explique Nico Lange, Senior Fellow à la Conférence sur la sécurité de Munich, au Spiegel. Pour les bunkers et les postes de commandement bien protégés, il faudrait toutefois des missiles avec une plus grande force de pénétration, comme les Storm Shadows britanniques ou les missiles de croisière Taurus allemands.
Les stocks de l'Ukraine en missiles de croisière britanniques Storm Shadow et français Sculp sont presque épuisés. «Il y a toujours une nécessité militaire pour l'Allemagne de fournir le Taurus», souligne l'expert en sécurité. Une position militaire forte de l'Ukraine pourrait contribuer à «forcer Poutine à faire la paix». Le chancelier allemand Olaf Scholz continue toutefois de s'opposer fermement à la livraison des missiles Taurus allemands.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)