Dans un message sur Twitter, l'ambassade de Russie en Suède a indiqué que la Crimée était un territoire ukrainien. Cela a suscité des moqueries de la part des twittos:
Le compte diplomatique avait partagé une carte des prix du gaz en Europe. Selon le prix, les pays sont marqués de différentes couleurs. L'Ukraine est colorée en jaune, tout comme la Crimée.
Gasoline prices per liter, 9 January 2023 pic.twitter.com/cUbJjhuVQx
— Russian Embassy, SWE (@RusEmbSwe) January 17, 2023
Mais pourquoi ce post fait-il du bruit? La Russie considère la péninsule de la mer Noire comme son territoire national. Au niveau international, la Crimée est toutefois toujours considérée comme un territoire ukrainien. Les indications sur la carte sont donc correctes, mais du point de vue russe, il s'agit d'une grave erreur. Les régions ukrainiennes de Donetsk, Louhansk, Zaporizhzhia et Kherson, annexées par la Russie en octobre 2022, font également bien partie de l'Ukraine sur la carte publiée.
Le chef du Kremlin Vladimir Poutine légitime la prétendue possession de la Crimée par un référendum organisé à la hâte en mars 2014. A l'époque, une grande majorité des électeurs de la péninsule aurait voté pour le rattachement à la Russie.
L'Occident parle en revanche d'annexion, c'est-à-dire d'une appropriation par la force et en violation du droit international. Cinq jours seulement après le référendum, Poutine a officialisé l'intégration de la Crimée dans la Fédération de Russie.
Peu avant, en février 2014, des soldats russes sans insignes officiels avaient progressivement occupé le parlement et des bâtiments stratégiques de Crimée. Ils ont été soutenus par des forces armées prorusses, arrivées en partie de Russie. Elles avaient bloqué les routes menant au territoire central ukrainien. La direction d'un parti minoritaire prorusse, nouvellement installée en conséquence, a demandé l'aide de la Russie. Elle a refusé de reconnaître le gouvernement de Kiev et a organisé le référendum.
Moscou justifie par ailleurs sa revendication sur la Crimée par l'histoire. Ce n'est en effet qu'en 1954 que le chef du parti soviétique Nikita Khrouchtchev a fait de la péninsule, majoritairement peuplée de Russes, une partie de la République soviétique d'Ukraine. Après l'effondrement de l'Union soviétique, l'Ukraine a voté pour son indépendance en 1991, tout comme une majorité en Crimée. Par la suite, Moscou a continué à accueillir le port d'attache de la flotte russe de la mer Noire dans la plus grande ville, Sébastopol. Cela a été réglé par contrat avec Kiev.
Aujourd'hui, les infrastructures de la péninsule sont séparées du reste de l'Ukraine et les liaisons terrestres avec le territoire continental ukrainien sont fermées. Les étrangers qui se rendent en Crimée depuis la Russie sont interdits d'entrée sur le territoire pendant plusieurs années par Kiev.
Lors des négociations entre Moscou et Kiev au printemps de l'année dernière, au début de la guerre, il était question de repousser la question de l'appartenance de la Crimée à quelques années. Confortés par leurs succès militaires, les dirigeants de Kiev poursuivent désormais l'objectif de reconquérir tous les territoires séparés de l'Ukraine. Des attaques ont déjà eu lieu à plusieurs reprises sur l'île.
(t-online)
