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Livraisons d'armes: l'Occident abandonne-t-il l'Ukraine?

L'Occident laisse-t-il tomber Zelensky? Réponse en 5 points

L'Ukraine s'apprête à passer un hiver difficile. Non seulement la Russie menace d'attaquer les infrastructures énergétiques, mais la guerre à Gaza draine également les ressources de l'Occident. Kiev doit donc se battre plus que jamais pour obtenir un soutien.
16.11.2023, 06:0016.11.2023, 12:14
Remo Hess, Bruxelles / ch media
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Alors que la guerre en Ukraine se transforme en une épuisante bataille d'usure après la fin de l'offensive estivale, le président Volodymyr Zelensky a de plus en plus de mal à mobiliser les ressources dont il a un besoin urgent. Les Etats-Unis, qui ont soutenu Kiev à hauteur de dizaines de milliards de dollars depuis l'attaque russe, sont en proie à une âpre dispute budgétaire.

A cela s'ajoute le fait que depuis début octobre, la superpuissance doit également soutenir Israël dans sa guerre contre les Palestiniens. Les fonds d'aide disponibles pour l'Ukraine sont épuisés à 96%, avertit John Kirby, le porte-parole du Conseil national de sécurité. Combler le déficit sera difficile pour les Européens, d'autant plus qu'ils se compliquent la vie avec des querelles internes et des calculs erronés.

Qu'en est-il des nouvelles livraisons d'armes?

Certes, les Américains et les pays européens ont promis à l'Ukraine de renforcer leur aide pour l'hiver à venir contre les frappes russes sur l'infrastructure énergétique. L'Allemagne, par exemple, a livré un autre système de défense antiaérienne Iris T. Les Etats-Unis livrent 60 chars antiaériens Gepard via la Jordanie. Mais la pénurie de munitions d'artillerie persiste: il est déjà clair que l'UE ne pourra pas tenir sa promesse de livrer un million de grenades à l'Ukraine d'ici au printemps. Actuellement, seuls 300 000 d'entre elles sont arrivées sur le front. Depuis des mois, plus de 20 milliards d'euros d'aide militaire sont également bloqués.

Pourquoi ça coince à Bruxelles?

En ce qui concerne les munitions d'artillerie, les prévisions se sont révélées trop optimistes. L'industrie européenne de l'armement n'est pas en mesure d'augmenter sa production assez rapidement. Même une reconversion en économie de guerre n'y changerait rien, comme le dit le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius. En ce qui concerne les fonds d'aide militaire, Viktor Orbán, le chef du gouvernement hongrois prorusse, fait barrage.

Il s'est d'abord justifié en affirmant que l'Ukraine avait placé une banque hongroise sur une liste noire d'entreprises soutenant la Russie. Puis il a argumenté sur la discrimination de la minorité hongroise en Ukraine. Mais le fait que Bruxelles bloque les fonds européens pour la Hongrie en raison de déficits démocratiques joue également un rôle. Orbán veut les débloquer contre son veto à l'Ukraine.

Comment la situation va évoluer à moyen terme?

Outre les 20 milliards d'aide militaire, l'UE veut également mettre à la disposition de l'Ukraine 50 milliards d'euros d'aide budgétaire sur les quatre prochaines années. Kiev a besoin de cet argent pour payer les salaires des fonctionnaires et les prestations sociales, car le budget de l'Etat s'est effondré à cause de la guerre. Mais au sein de l'UE, on se dispute sur la question de savoir où trouver ces milliards supplémentaires.

La Commission européenne demande une augmentation du budget commun. Mais des pays comme l'Allemagne et la France ne veulent pas y participer et demandent une réaffectation des fonds existants. Si les Etats membres de l'UE ne parviennent pas à se mettre d'accord d'ici la fin de l'année, l'Ukraine risque, dans le pire des cas, de se retrouver à court d'argent.

Que fait la Russie?

Alors que l'Ukraine se bat pour obtenir des armes de l'Occident, la production tourne à plein régime en Russie. En outre, la Russie recevrait depuis peu des livraisons de munitions de la Corée du Nord. Les sanctions occidentales ne semblent en revanche avoir qu'une influence limitée sur la capacité de guerre de Moscou.

Des pays comme la Chine continuent à faire entrer dans le pays des composants électroniques qui sont intégrés dans les missiles et les drones kamikazes. Un douzième paquet de l'UE visant à combler les trous dans le réseau de sanctions se fait toujours attendre.

L'Occident abandonne-t-il donc l'Ukraine?

Les accords au niveau de l'UE sont certes de plus en plus longs à obtenir, mais certains Etats se tournent de plus en plus vers le niveau bilatéral. Cette semaine, l'Allemagne a annoncé qu'elle doublait son aide militaire, la faisant passer de quatre à huit milliards d'euros. C'est «un signal fort à l'Ukraine que nous ne l'abandonnons pas», a déclaré le ministre de la Défense Boris Pistorius. De même, il n'est en principe pas contesté à Bruxelles que les 50 milliards d'euros d'aide financière arriveront dès que les questions budgétaires internes auront été résolues.

Aux Etats-Unis, le Sénat vient de mettre sur les rails un nouveau projet de loi visant à mettre fin au conflit budgétaire et prévoyant plus de 60 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine. Et même si cela prend plus de temps que prévu: les entreprises d'armement européennes ont augmenté leurs capacités d'environ un tiers. Mais la question est de savoir si l'Occident fournit ce qu'il faut au bon moment pour que l'Ukraine puisse gagner la guerre. Ou faut-il simplement que ce soit suffisant pour qu'elle ne la perde pas?

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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