La guerre en Ukraine est en grande partie menée avec des drones. Ils servent à la reconnaissance, peuvent surcharger les défenses aériennes lors d'attaques en essaim ou détruire des chars en mode kamikaze. Pour les contrer des brouilleurs, sont utilisés pour en perturber le pilotage. Aujourd'hui, l'armée ukrainienne explore une nouvelle voie pour sécuriser le pilotage de ces appareils.
Les drones, aujourd'hui, émettent des signaux électroniques, par exemple lorsqu'ils communiquent une position ou envoient les images filmées en direct à leur pilote. Ce sont ces signaux qui peuvent être interceptés et brouillés. Pour contrer cela, l'armée ukrainienne vient de présenter une nouvelle solution, rapporte le Kyiv Post: un câble en fibre optique qui permet au drone de recevoir des signaux lumineux plutôt qu'électroniques.
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«Ce drone est totalement invisible dans le spectre radio. Aucun système ne peut localiser son lieu de lancement ou son opérateur», a déclaré Anton Mogolivets, l'ingénieur en chef de l'entreprise en charge de la production de ce système. Selon lui, cette nouvelle technologie a passé avec succès les premiers tests et devrait être utilisée par les forces armées ukrainiennes à partir de 2025.
Comment ça marche? Un câble de 20 kilomètres de long est attaché au drone. Le drone lui-même peut rester en l'air pendant environ 20 minutes et transporter jusqu'à 5,5 kilogrammes de charge utile. Les premiers tests auraient déjà permis d'étendre la durée de vol à 46 minutes.
Les pilotes peuvent les contrôler via un écran qui transmet l'image d'une caméra juchée sur l'appareil. Ils peuvent être utilisés pour attaquer des positions et des brouilleurs russes ainsi que des véhicules militaires. Leur mission? Eliminer les premiers obstacles et ouvrir la voie aux drones traditionnels.
La Russie utilise déjà des drones similaires, en partie de fabrication chinoise. Ceux-ci coûteraient environ 2500 dollars, le câble est facturé 1000 dollars. Selon le Kyiv Post, la solution ukrainienne en matière de drones serait environ deux fois moins chère. Même si l'Ukraine peut désormais produire elle-même jusqu'à 40% des composants des drones, elle est tributaire, elle aussi, de pièces qui proviennent en grande partie de Chine.
Video from a Ukrainian soldier of a Russian fiber optic cable FPV flying through the forest reportedly 7km from Russian forces.https://t.co/yRMyNiAvSV pic.twitter.com/mXQioRhqrR
— Rob Lee (@RALee85) December 11, 2024
Et cela pourrait bientôt devenir un problème. En effet, comme l'a rapporté l'agence de presse Bloomberg mercredi, les fabricants chinois ont déjà commencé à réduire les livraisons de composants de drones en Europe et aux Etats-Unis.
En arrière-plan, il faut y lire la possible guerre commerciale – annoncée par le futrur président de Etats-Unis, Donald Trump – à venir entre Américains et Chinois. Des restrictions seraient déjà en vigueur pour les moteurs, les batteries et les modules de commande. Parallèlement, la Chine livre des composants de drones à la Russie.
De son côté, l'UE a décidé mercredi d'imposer de nouvelles sanctions à plus de 30 acteurs supplémentaires qui, selon l'UE, entretiennent des liens avec le secteur de la défense et de la sécurité de la Russie ou le soutiennent d'une autre manière. Parmi eux, il y aurait à nouveau des entreprises basées en Chine, qui participent par exemple à la fabrication de drones pour l'invasion russe en Ukraine.
Si la Chine devait également réduire ses exportations vers l'Europe et les Etats-Unis pour cette raison, l'Ukraine devrait se tourner vers d'autres pays — ce qui prendrait beaucoup plus de temps, notamment parce qu'il faudrait mettre en place de nouvelles voies d'approvisionnement. On peut également se demander si les prix n'augmenteraient pas dans ce cas.
Selon des informations ukrainiennes, les drones chinois importés sont souvent équipés de pièces défectueuses. Jusqu'à présent, on remplaçait principalement ces pièces bon marché. Face aux nouvelles menaces chinoises, l'industrie des drones en Ukraine délocalise de plus en plus la production de composants complexes sur son propre sol, rapporte le Kyiv Independent. «Nous ne pouvons pas nous fier à une chaîne d'approvisionnement chinoise», déclare Denys Nikolayenko, qui fabrique des caméras thermiques de haute qualité pour drones dans un bureau à Kiev.
Traduit et adapté par Noëline Flippe