Dans la guerre contre l'Ukraine, la Russie prend apparemment de plus en plus pour cible les installations dans lesquelles se trouvent des civils. C'est surtout dans l'est de l'Ukraine que les troupes de Poutine ont récemment attaqué de nombreuses maisons d'habitation, hôtels et restaurants.
Les enfants et les personnes vulnérables en particulier n'ont souvent aucune chance de s'en sortir à temps. Selon les données du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), la guerre d'agression russe a fait au moins 9 369 morts parmi la population civile ukrainienne jusqu'à fin juillet, dont au moins 541 enfants – au moins 16 646 civils ont été blessés selon ces données.
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Toutes les attaques récentes ne peuvent pas être reconstituées dans les moindres détails. Les plus graves, que les experts considèrent comme des crimes de guerre évidents, sont résumées ici.
Cette attaque était particulièrement perfide, car de nombreux enfants se trouvaient sur place. Le 27 juin 2023, une frappe contre une pizzeria à Kramatorsk, dans l'est de l'Ukraine, a fait de nombreux morts parmi les civils, dont deux écolières de 14 ans.
Le restaurant était situé dans un quartier résidentiel, à proximité de deux écoles, ce qui en faisait un lieu très populaire auprès des jeunes. Les journalistes et les écrivains fréquentaient également cet établissement. Pour la célèbre écrivaine ukrainienne Victoria Amelina, qui avait récemment documenté les crimes de guerre russes, la visite a également été fatale.
Exactement un an avant le tir de missile sur le restaurant, le 27 juin 2022, l'armée russe a frappé ailleurs: lors d'une attaque dévastatrice sur un centre commercial à Krementchouk, au centre de l'Ukraine.
Des missiles y ont tué 20 personnes et en ont blessé 59 autres. La Russie a réagi aux accusations d'attentat en fournissant des informations contradictoires, mais elle a nié avec véhémence avoir pris pour cible le centre commercial.
Pour eux, le salut hors de la zone de guerre était à portée de main: des centaines de civils attendaient justement les trains en direction d'un Ouest plus sûr lorsque deux roquettes sont tombées au milieu de la gare. Les images des nombreux corps recouverts de draps qui jonchaient tout le terrain de la gare ont fait le tour du monde.
La Russie a nié être responsable de l'attaque. Le type de missile utilisé — Totchka-U — n'est pas du tout en sa possession. La veille de l'attaque, des journalistes d'investigation avaient pourtant annoncé que les troupes russes stationnées en Biélorussie avaient reçu plusieurs Totchka-U, selon les informations du Tagesschau.
Ces dernières semaines, l'armée russe a visiblement pris les journalistes pour cible, ou du moins, elle donne l'impression de s'accommoder de leur mort: lors de deux attaques en l'espace d'une heure sur un quartier résidentiel de Pokrovsk, dans l'est de l'Ukraine, des roquettes sont tombées sur l'hôtel «Druzhba» où les médias étrangers sont souvent hébergés.
De plus, des habitations, des restaurants, des magasins et des bâtiments administratifs ont été endommagés. Appelée «double frappe» dans le jargon militaire, cette tactique est déjà connue en Syrie et fait grimper le nombre de morts.
Lors de la deuxième attaque, ce sont surtout des policiers, des riverains qui aidaient et des secouristes qui ont été blessés. En conséquence, les opérations de secours ont dû être interrompues pendant plusieurs heures par crainte de nouvelles attaques, selon les informations de Redaktionsnetzwerk Deutschland.
Trois jours plus tard, le 10 août 2023, un bâtiment fréquenté par des journalistes étrangers et des organisations humanitaires a également été pris pour cible. Deux missiles de croisière Iskander se sont abattus sur l'hôtel «Reikartz» à Zaporijia, sur les rives du Dnipro. Selon la coordinatrice de l'aide humanitaire de l'ONU en Ukraine, l'hôtel servait de base aux opérations de sauvetage. Une crèche était également installée dans l'établissement, comme l’explique le Neue Zürcher Zeitung.
Dernièrement, sept personnes ont été tuées par des tirs d'artillerie russes. Les obus qui ont frappé le village de Shyroka Balka, près de Kherson, ont notamment tué une famille de quatre personnes dans leur maison. Outre les parents, leur fils de 12 ans et un bébé de seulement trois semaines sont morts.
Le ministère russe de la Défense continue de démentir avoir délibérément visé des cibles civiles. Les récentes attaques contre des cibles telles que des journalistes étrangers semblent toutefois avoir pour but de rendre les reportages plus difficiles et de restreindre la liberté de la presse.
Traduit et adapté par Noëline Flippe