La Russie intensifie ses attaques aériennes contre l'Ukraine. Dans la nuit de mercredi à jeudi, deux personnes ont été tuées et onze autres blessées lors d’une frappe sur la ville de Poltava, au centre du pays, selon les autorités locales. Des infrastructures civiles ont également été touchées.
Sur le front aérien, Moscou a pris l’avantage grâce à des innovations technologiques. L’armée russe utilise de plus en plus de drones à fibre optique, reliés à leur station de contrôle par un câble aussi fin qu’un cheveu, ce qui les rend insensibles aux brouilleurs ennemis. En plus des drones kamikazes iraniens de type Shahed, les Russes déploient également leurs propres drones Geran-2. Leur production a été considérablement intensifiée, ce qui explique les nombreuses attaques contre des objectifs civils ces dernières semaines.
Face à cette menace, l’Ukraine accélère le développement de ses moyens de défense. En avril, le président Volodymyr Zelensky a dévoilé un nouveau drone intercepteur baptisé Shukila, à l’occasion de la visite du Premier ministre belge Bart De Wever. Un projet qui s’inscrit dans une coopération industrielle entre les deux pays.
Les premières images du drone ont été publiées sur les réseaux sociaux par John Hardie, de la Fondation néoconservatrice américaine Foundation for Defense of Democracies.
Les tests sont prometteurs: le Shukila aurait déjà réussi à intercepter plusieurs drones russes de type Shahed. Bohdan Danyliw, responsable du département militaire de la fondation ukrainienne Serhiy Prytula, évoque dans le Kyiv Independent des essais «encourageants» et la neutralisation d’une vingtaine de drones ennemis.
Depuis le début de l'année, le développement de drones intercepteurs est une priorité stratégique pour l'armée ukrainienne. En juin, l’état-major a confirmé sur Telegram que l’objectif restait d’augmenter significativement leur nombre. Pour des raisons de sécurité, peu de détails sont divulgués. Mais plusieurs projets sont déjà connus: en plus du Shukila (ukraino-belge), on trouve le drone Sting, fruit d’une coopération avec le Royaume-Uni, et le Taras P, financé et soutenu par la fondation de Bohdan Danyliw.
Selon Bohdan Danyliw, dix modèles de drones intercepteurs sont actuellement en cours de développement en Ukraine, dont quatre déjà passés en production de masse. Les drones de reconnaissance russes de type Zala ou Merlin, plus lents que les Shahed, ont vite pu être neutralisés. L’objectif est désormais d’atteindre une efficacité similaire contre les drones kamikazes.
Ce tournant stratégique offre un double avantage: réduire la dépendance aux livraisons étrangères de missiles sol-air et diminuer les coûts. Alors qu'une seule roquette peut coûter jusqu’à 100 000 dollars, une drone intercepteur ukrainien revient à seulement 2000 dollars.
Avec l'intensification de la production de drones, c'est tout le conflit qui se transforme. La guerre en Ukraine prend de plus en plus la forme d'un combat aérien par drones interposés.