La guerre en Ukraine a largement entamé les stocks de munitions américains, à tel point que le Pentagone n'arrive plus à les remplir. Des fonctionnaires tirent la sonnette d'alarme et mettent en garde: les capacités de défense américaines ne pourraient plus être garanties, rapporte le Wall Street Journal (WSJ).
Aucun autre pays au monde n'a soutenu l'Ukraine de manière aussi continue que les Etats-Unis. Ils ont fourni aux troupes de Zelensky armes et munitions en masse et cela va continuer. En effet, l'Administration Biden a annoncé, cette semaine, qu'ils allaient consacrer près de trois milliards de dollars à l'aide à long terme à l'Ukraine, cela porte l'aide totale à Kiev à quatorze milliards de dollars.
Pour rappel, au cours des six derniers mois, les Etats-Unis ont livré à l'Ukraine 16 lance-roquettes de type Himars ainsi que des milliers de fusils, drones, roquettes, obusiers et autres équipements.
Ukrainian M777 howitzer is getting the job done. Direct shot!
— Defense of Ukraine (@DefenceU) July 12, 2022
Footage by Operational Command South. pic.twitter.com/a1JwJ4Pn6L
Une grande partie provient directement des stocks de l'armée américaine. Au 24 août, cette dernière avait, selon ses propres indications, livré à l'Ukraine jusqu'à 806 000 munitions de 155 millimètres pour obusiers (le voici 👇).
Et c'est bien là que le problème réside...
Il se trouve que ces dernières semaines, le stock des munitions dans les entrepôts de l'armée américaine est devenu «désagréablement bas», a déclaré un responsable de la défense. Leur niveau n'est, toutefois, pas encore critique, car les Etats-Unis ne sont actuellement impliqués dans aucun conflit militaire majeur, a ajouté le fonctionnaire.
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En revanche, c'est de plus en plus préoccupant pour une armée qui cherche à planifier n'importe quel scénario, rappelle un expert au WSJ.
La pénurie éventuelle de munitions qui s'annonce n'est pas due à un manque de moyens, ont expliqué des experts au journal américain. «C'était connu. C'était prévisible, y compris par les principaux représentants de l'industrie au Pentagone. Et il est facile d'y remédier», a déclaré Mackenzie Eaglen, chercheur principal à l'American Enterprise Institute, un groupe de réflexion à Washington.
Comment? L'armée mène désormais «une étude approfondie de l'industrie des munitions» afin de déterminer comment soutenir l'Ukraine tout en protégeant «nos propres besoins en approvisionnement». 500 millions de dollars par an ont été demandés pour la modernisation des usines de munitions de l'armée. En attendant, cette dernière s'appuie sur les contrats existants pour augmenter la production de munitions.
On l'aura compris, les moyens sont là. Cependant, il reste une source d'inquiétude et pas des moindres.
C'est le véritable écueil dans cette affaire: il faut 13 à 18 mois à partir du moment où les commandes sont passées pour que les munitions soient fabriquées. La reconstitution des stocks d'armes plus pointues, comme les missiles et les drones, peut même prendre beaucoup plus de temps. L'ennui, c'est que les pénuries peuvent apparaître très vite compte tenu de la vitesse à laquelle les armes et munitions sont dévorées dans un conflit.
Le principal problème est donc bureaucratique et c'est donc au Pentagone de se remuer. Le directeur général de Lockheed Martin Corp. (qui fabrique notamment le jet F-35 que la Suisse veut acheter), a déclaré que le Pentagone n'avait pas encore mis en place les contrats ni coordonné avec l'industrie pour acheter plus de fournitures, un processus qui prend souvent deux à trois ans. Le ministère de la Défense américain doit donc mettre la pression, les interventions de certains élus vont d'ailleurs en ce sens. (jah/avec t-online)