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Les Ukrainiens lancent la contre-offensive dans le sud

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Les Ukrainiens lancent la contre-offensive dans le sud, en bombardant un pont

La Russie veut désormais officiellement prendre le contrôle du sud de l'Ukraine. Mais la contre-offensive ukrainienne prend de plus en plus forme.
22.07.2022, 11:5812.05.2023, 17:57
Corsin Manser
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Sergueï Lavrov a vendu la mèche mercredi. La Russie ne se préoccupe plus seulement du Donbass, mais aussi de Kherson et de Zaporijia, ainsi que de «toute une série d'autres territoires», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères sur la chaîne de télévision d'Etat RT.

Ce que de nombreux observateurs soupçonnaient depuis longtemps est désormais officiel. La Russie ne veut pas seulement s'emparer de l'est de l'Ukraine, mais aussi du sud. Lavrov a justifié l'extension des objectifs de guerre par les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine. Celles-ci ont, désormais, une portée allant jusqu'à 300 kilomètres, a affirmé le ministre. Cette affirmation est, toutefois, controversée, d'autant plus que les Etats-Unis n'ont pas officiellement livré à l'Ukraine les missiles ATACMS nécessaires à cet effet.

«Nous ne pouvons pas permettre à la partie de l'Ukraine contrôlée par Zelensky de posséder des armes qui constitueraient une menace directe pour notre territoire», a déclaré Lavrov. «La géographie est désormais différente».

Russian Foreign Minister Sergey Lavrov walks after his bilateral meeting with Indonesian Foreign Minister Retno Marsudi on the sidelines of the G20 Foreign Ministers' Meeting in Nusa Dua, Bali, I ...
Il veut conquérir le sud de l'Ukraine: Sergueï Lavrov.image: keystone

Les Ukrainiens bombardent un pont important

La Russie contrôle actuellement des parties des régions de Kherson et de Zaporijia, et a l'intention d'y rester. «Ici, c'est désormais la Russie pour toujours» , a déclaré le secrétaire général du parti Russie unie de Vladimir Poutine, Andreï Tourtchak, lors d'une visite dans la ville de Kherson.

«Ici, c'est la Russie pour toujours»? Les Ukrainiens ne voient pas les choses de la même manière. Actuellement, ils préparent une contre-offensive majeure pour «libérer le sud», comme l'a récemment annoncé le conseiller présidentiel Oleksiy Arestovytch.

Quel est l'objectif des Ukrainiens? Tout d'abord, ils veulent apparemment repousser les Russes hors des régions situées à l'ouest du fleuve Dniepr. C'est ce que laissent penser les attaques de missiles de ces derniers jours. Mardi comme mercredi, les troupes ukrainiennes ont attaqué à l'artillerie le pont d'Antonivka, qui enjambe le fleuve près de la ville de Kherson.

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Sur les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, on peut voir plusieurs trous d'impact. Le pont semble certes endommagé, mais des voitures de tourisme continuent de traverser la rivière. L'administration territoriale mise en place par la Russie a fait savoir que le pont était interdit aux camions et qu'il devait être réparé.

Le conseiller militaire ukrainien pour Kherson, Serhiy Khlan, a déclaré qu'il n'était actuellement plus possible pour les Russes de transporter du matériel lourd sur le pont.

Ukrainian servicemen fire at Russian positions from a U.S.- supplied M777 howitzer in Kharkiv region, Ukraine, on Thursday, July 14, 2022. (AP Photo/Evgeniy Maloletka)
Un M777 en action.Image: sda

La question de savoir avec quels missiles les Ukrainiens ont tiré sur l'infrastructure n'a pas été définitivement tranchée. L'administration russe a attribué les attaques au système de lance-roquettes Himars. Toutefois, il serait également possible que les dégâts proviennent de l'obus Excalibur. Cette munition guidée par GPS peut être tirée par un obusier M777, également livré à l'Ukraine.

Des milliers de Russes privés de ravitaillement?

Mais pourquoi les Ukrainiens tirent-ils sur des infrastructures importantes dans leur propre pays ? La réponse a été donnée par le conseiller présidentiel Oleksiy Arestovytch jeudi:

«Des attaques bien ciblées sur le pont d'Antonivka laisseront tôt ou tard le groupement russe à Kherson sans munitions, sans carburant et sans commandement.»
Il y a deux ponts routiers sur le Dniepr qui sont contrôlés par la Russie. Près de Kherson et près de Nova Kakhovka. La zone rouge est contrôlée par les Russes, la zone bleue a été reconquise par les  ...
Il y a deux ponts routiers sur le Dniepr qui sont contrôlés par la Russie. Près de Kherson et près de Nova Kakhovka. La zone rouge est contrôlée par les Russes, la zone bleue a été reconquise par les Ukrainiens. Les zones en pointillés à Kherson et Nova Kakhovka montrent des activités partisanes.Image: ISW

Il s'agit donc de couper l'approvisionnement des troupes russes à l'ouest du Dniepr afin de permettre aux Ukrainiens de reprendre la ville de Kherson et la région environnante.

Le pont d'Antonivka est actuellement la principale route de ravitaillement pour les Russes qui se trouvent à l'ouest du Dniepr. S'il n'est plus praticable, les occupants doivent se rabattre sur le barrage de Nova Kakhovka, situé à 50 kilomètres de là.

Ce passage n'est, toutefois, pas une bonne alternative pour les Russes. En effet, le barrage est beaucoup moins bien gardé que le pont d'Antonivka et la semaine dernière encore, les Ukrainiens ont détruit, probablement avec un Himars, un dépôt de munitions près de la ville. Il existe également un pont-levis, mais il n'est pas certain qu'il puisse encore être utilisé.

La Russie a actuellement déployé environ douze «Groupes tactiques de bataillon» (BTG) à l'ouest du Dniepr, qui sont normalement composés de 600 à 800 hommes. Leurs perspectives sont peu prometteuses: ils doivent défendre un territoire sur lequel ils ont essuyé des revers à répétition ces dernières semaines.

En raison des livraisons d'armes occidentales, leurs seules voies de fuite à travers le fleuve ne sont plus sûres. Les Ukrainiens ont montré qu'ils pouvaient frapper les ponts avec une extrême précision s'ils le souhaitaient.

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Les troupes russes gardent le barrage près de Nova Kakhovka.image: keystone

De plus, les Russes doivent constamment s'attendre à des attentats. Rien qu'en juin, trois attaques ont été menées contre des fonctionnaires prorusses. Dmitry Savluchenko, responsable de la jeunesse et des sports à Kherson, y a perdu la vie. Selon des informations ukrainiennes, il a été tué dans l'explosion de sa voiture.

People with Ukrainian flags walk towards Russian army trucks during a rally against the Russian occupation in Kherson, Ukraine, Sunday, March 20, 2022. Ever since Russian forces took the southern Ukra ...
Début mars, la population ukrainienne protestait contre les occupants russes à Kherson. Des attentats se déroulent régulièrement dans la région.images: keystone

Le conseiller présidentiel s'attend à un abandon

La Russie a de grands projets pour Kherson. Le rouble a déjà été introduit, le code du pays a été modifié. Les horloges sont désormais à l'heure de Moscou et si l'on en croit le chef adjoint de l'administration militaire prorusse, Kirill Stremoussov, un «référendum» - probablement similaire à celui de 2014 en Crimée - devrait être organisé cette année encore. Kherson devrait ainsi devenir «un membre à part entière de la Russie», selon Stremoussov.

Mais le vent a sensiblement tourné au cours des dernières semaines. Grâce aux armes occidentales, les forces armées ukrainiennes ont une chance réaliste de reprendre la ville. Ce ne serait pas seulement une victoire symbolique. Car pour les Ukrainiens, le contrôle du sud du pays devrait être plus important que celui du Donbass. Là-bas, ils ont accès à la mer Noire et donc au commerce mondial. Pour autant qu'il n'y ait pas de blocus maritime.

Le conseiller présidentiel ukrainien Arestovytch est déjà euphorique après les récentes frappes d'artillerie sur les ponts. «La peur de l'adversaire face aux Himars ne fait que commencer et elle ne cesse de grandir», jubile-t-il sur Telegram.

«Il ne reste aux unités russes restantes sur la rive occidentale du Dniepr qu'un geste de bonne volonté pour se rendre»
Oleksiy Arestovytch
Les images glaçantes de Marioupol vue du ciel
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