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Ukraine: Pourquoi l'Ukraine veut un «silence opérationnel»

Offensive de Kherson: pourquoi l'Ukraine veut un «silence opérationnel»

La contre-offensive de l'Ukraine dans l'agglomération de Kherson se doit d'être un coup de grâce, mais on en sait peu sur elle. Et c'est précisément ça l'objectif.
02.09.2022, 16:4102.09.2022, 16:41
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t-online

Le 29 août, l'Ukraine a lancé une contre-offensive annoncée depuis longtemps. Le ministère russe de la Défense a rapidement dénoncé cette avancée comme un coup dans le vide, rien d'autre que de la «propagande». Pourtant, selon le groupe américain Institute for the Study of War (ISW), des blogueurs militaires russes faisaient eux aussi état dès lundi de «larges attaques ukrainiennes», notamment à Kherson, dans le sud de l'Ukraine.

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Selon l'expert militaire Carlo Masala, les combats autour de Kherson représentent la première véritable dynamique sur l'ensemble du front depuis des semaines, comme il l'a déclaré lors d'un entretien avec la radio allemande Deutschlandfunk.

A volunteer soldier attends a training outside Kyiv, Ukraine, Saturday, Aug. 27, 2022. Some volunteers signed up to join a Chechen unit that fights alongside the Ukrainian military. Fighters from Chec ...
Un soldat ukrainien lors d'un exercice à l'extérieur de la capitale Kiev, photographié le 27 août.photo: keystone

Selon les experts Christian Möllig et András Rácz de la Deutsche Gesellschaft für Aussenpolitik, une société politique allemande, «Kiev a retardé l'attaque jusqu'à ce que les lignes de ravitaillement, la défense aérienne des forces russes et leurs structures de commandement soient affaiblies».

Qu'en est-il de la contre-offensive? Sur cette question, les experts mettent en garde contre les jugements trop rapides. Dans les jours et les semaines à venir, les informations sur le déroulement de l'offensive pourraient être très «confuses», peut-on lire dans le rapport de situation de l'ISW. Les informations en cours d'offensive doivent être considérées avec une extrême prudence. On utilise en effet beaucoup de ruses – notamment pour désorienter l'ennemi.

Carlo Masala a également déclaré lors d'un entretien avec la Deutschlandfunk que c’est pour cette raison qu'il n'est absolument pas possible d'évaluer ce qui se passe exactement dans le sud de l'Ukraine.

La contre-offensive, amorcée pendant des semaines

Le fait est que l'Ukraine s'est battue pendant des semaines pour se préparer à cette riposte. Comme le rapporte l'ISW, l'armée ukrainienne a ciblé des positions russes loin derrière la ligne de front. Les attaques auraient eu pour objectif de détruire des lignes de communication, des routes d'approvisionnement et des infrastructures critiques. T-online a rapporté il y a deux semaines que des ponts d'importance stratégique avaient été détruits par des tirs de missiles ukrainiens.

La méticulosité avec laquelle les Ukrainiens ont attaqué les lignes d'approvisionnement pendant des semaines est interprétée par l'ISW comme la volonté de mener désormais une opération de longue durée.

«Cela peut isoler les Russes»

En effet, dans la région de Kherson, les ponts jouent un rôle décisif. Lors de leur incursion, les forces russes ont traversé la rivière Dnipro, puis ont poursuivi leur avancée en direction de Mykolaïv. C'est là que leur avancée s'est arrêtée. Les Ukrainiens semblent désormais avoir réussi ce que l'OTAN appelle une «interdiction de champ de bataille».

Comme l'expert en politique de sécurité, Joachim Weber, l'a expliqué à n-tv, cela décrit un isolement du champ de bataille. En raison de la destruction des passages dans l'arrière-pays, les troupes qui se battent à l'ouest du fleuve manquent probablement de ravitaillement. «Les ponts sont probablement tellement endommagés qu'aucun transport lourd ne peut plus y circuler. Cela peut isoler les Russes», explique Weber.

Selon l'ISW, des images satellites indiquaient lundi que les forces russes tentaient désormais de maintenir le ravitaillement en activité à l'aide de ponts flottants. Mais selon les experts de l'ISW, le ravitaillement est désormais particulièrement vulnérable aux attaques de missiles.

De nombreux experts s'accordent à dire que les armes livrées par l'Occident jouent un rôle central. Les lanceurs de missiles multiples, comme les systèmes Himars d'origine américaine, seraient capables d'atteindre des cibles avec précision sur de longues distances.

Un «brouillard de guerre» difficile à comprendre

Mais les lignes de front sont-elles en train de bouger? Il est difficile de dresser un tableau précis de la situation. Mölling et Rácz la qualifient de «brouillard de guerre». On avance dans différentes directions. Les deux parties en guerre transmettent des versions différentes des événements.

De plus, l'armée ukrainienne appelle activement à ne pas rendre compte de l'évolution actuelle des combats. Les informations qui nous parviennent sont trop rares. Mais il semblerait que l'Ukraine ait réussi à gagner quelques points sur le terrain.

Les dirigeants ukrainiens tentent ainsi de garder le plus de contrôle possible sur leurs propres projets. Selon les experts, le fait que peu de choses circulent actuellement du côté officiel, en dehors des spéculations sauvages, s'appelle le «silence opérationnel».

Attention à ne pas espérer réussir trop vite

Selon le rapport de situation de l'ISW, il est toutefois visible que les troupes russes réagissent à l'offensive des forces armées ukrainiennes. Des éléments de troupes se réorganiseraient, des positions seraient déplacées. Les experts s'attendent à ce que la contre-offensive ukrainienne implique un «regroupement et un redéploiement russes», suivis d'une «réorganisation des priorités russes sur ce théâtre d'opérations».

On ne sait pas encore si la contre-offensive sera l'étape importante que l'on a souvent vantée. Les experts mettent en garde contre les conclusions hâtives et l'espoir d'un succès rapide. La contre-offensive ukrainienne serait un plan qui a besoin de temps pour être mis en œuvre. Les offensives militaires de grande envergure comme celle-ci ne réussissent ou n'échouent «pas en un jour ou en une semaine». (t-online/ld)

Traduit de l'allemand par Anne Castella

Cet ancien soldat de Poutine déchire son passeport devant la caméra
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