Les constructeurs automobiles allemands «s'effondrent»
Les bénéfices des constructeurs automobiles allemands sont en forte baisse. BMW, en particulier, a atteint son niveau le plus bas au troisième trimestre 2024, avec une marge de seulement 2,3%, encore une fois bien en dessous du niveau de Mercedes. Le constructeur de Stuttgart avait déjà prévu en septembre une baisse de la rentabilité des ventes à 7,5 ou 8,5%. Quelles sont les causes de ce recul massif? Et quelle est la solution?
Les pertes en Chine, un signal dangereux
Le professeur Ferdinand Dudenhöffer, spécialiste du secteur, décrit la situation en termes dramatiques:
Selon lui, la baisse de 30% des ventes de BMW en Chine est particulièrement dramatique. Mercedes et Volkswagen seraient également confrontés à des problèmes similaires. Ils ont tous un énorme problème, explique Dudenhöffer: leurs voitures ne sont pas assez attractives en Chine.
Les chiffres de BMW s'effondrent
BMW a vu son bénéfice baisser de près de 84% au troisième trimestre, à 476 millions d'euros. Le chiffre d'affaires a baissé de 16%, passant à 32,4 milliards d'euros en raison de problèmes techniques liés aux systèmes de freinage et à la faible demande en Chine.
En revanche, des entreprises comme Tesla et des marques chinoises comme BYD, Geely et Nio gagnent rapidement des parts de marché grâce aux nouvelles technologies. Ferdinand Dudenhöffer explique:
Des processus de production obsolètes
L'obsolescence des processus de production des fabricants allemands serait un problème central. Les technologies telles que le «giga-casting», qui permettent de réduire les coûts de production, ne sont guère utilisées par les constructeurs allemands, alors que les entreprises chinoises font avancer de telles innovations.
Dans le domaine de la «Softare Defined Car» («voiture définie par logiciel» en français), les entreprises chinoises, soutenues par des géants de la technologie comme Huawei et Tencent, seraient également nettement plus avancées.
- Giga-casting: cette technique de fabrication consiste à produire de grandes pièces d'une voiture en une seule coulée plutôt qu'à partir de nombreuses pièces individuelles. Cette approche est plus rapide et moins cher, mais il y a un bémol: les critiques mettent en garde contre le fait que cette méthode peut s'avérer plus coûteuse pour le propriétaire de la voiture en cas de dommage. Si, par exemple, l'ensemble de l'arrière n'est composé que d'un seul élément, aucune pièce ne peut être remplacée après une collision par l'arrière. Au lieu de cela, il faudrait remplacer et repeindre l'ensemble de l'arrière: une dépense qui conduit rapidement à une perte économique totale.
- Software Defined Car: une voiture qui est principalement contrôlée par un logiciel et pas seulement par du matériel traditionnel. Le système de navigation et d'autres assistants peuvent être améliorés par des mises à jour logicielles.
A cela s'ajoutent des faiblesses infrastructurelles, comme l'insuffisance de l'infrastructure numérique. Celle-ci entraînerait des coûts plus élevés et un développement plus lent qu'en Chine, critique l'expert du secteur.
Un changement de cap rapide s'impose
Ferdinand Dudenhöffer demande un changement rapide de cap:
Pour cela, il faudrait avant tout apprendre de Tesla et des développements en Chine. «Il faut développer nos véhicules en Chine».
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci