On a bien cru voir venir leur dernière heure. Une tragique répétition de l'histoire. Mercredi, par l'entremise de leur porte-parole et biographe sur Twitter, Harry et Meghan révèlent, dans un communiqué au ton solennel, avoir frôlé le «drame», au terme d'une chasse «catastrophique» dans les rues de New York, poursuivis par un essaim de paparazzi «très agressifs».
Le script, digne d'Hollywood, est le point culminant d'une soirée dont la duchesse de Sussex était la star incontestée.
Invitée d'honneur du 50e anniversaire de la Ms. foundation for women, à Manhattan, c'est une Meghan flattée par le crépitement des flashs, une robe-fourreau dorée et l'adoration de ses proches, qui a fait son grand retour dans la lumière. Une performance impeccable, après des mois de discrétion calculée et une absence quasi totale de la tournée de promotion du livre de son époux.
Rien ne semble détourner Meghan de sa nouvelle mission: sauver la marque des Sussex et reconquérir l'opinion publique. En mars dernier, un sondage du magazine Newsweek, pourtant largement acquis à la cause des Sussex, dévoile son impitoyable chute de popularité, y compris chez ses compatriotes les plus compréhensifs.
Depuis quelques semaines déjà, l'ex-princesse-starlette-blogueuse lifestyle jalonne discrètement le terrain, à coups de ciseaux, de nouveaux looks et d'un juteux contrat avec une agence hollywoodienne censée transformer Meghan en «une entreprise mondiale». Excusez du peu.
Vendredi dernier, quelques jours avant son sacre, Meghan et son homme sont aperçus en très bonne compagnie dans un restaurant japonais étoilé de Montecito. Autour des assiettes de maki, on trouve Cameron Diaz, Gwyneth Paltrow, Whitney Wolfe Herd, patronne de la plateforme de rencontres en ligne Bumble, ou encore son mari, Michael Herd, héritier du pétrole texan. Deux actrices de premier plan et une entrepreneure milliardaire? Largement de quoi redorer le blason des Sussex, aussi sûrement qu'une robe Johanna Ortiz.
Il est environ 22 heures mardi lorsque la duchesse quitte la salle de bal Ziegfeld, sous les acclamations de la foule, les flashs des photographes et l’étroite surveillance de son service de sécurité et des agents de police.
Le trio, composé du couple Sussex et de la mère de Meghan, se hisse à bord d'un SUV noir, direction l'Upper East Side et l'appartement d'une connaissance, où ils ont pris leurs quartiers. Le début de l'enfer et d'une traque effrénée dans les rues de la ville. Selon eux.
C'est à partir de là que les versions divergent. Après tout, «les souvenirs peuvent varier», comme l'avait tristement fait remarquer Elizabeth II en 2021, après l'interview dévastatrice d'Harry et Meghan chez Oprah Winfrey.
Interrogés dès le lendemain matin, les membres de l'équipe de sécurité des Sussex se conforment au récit d'une «poursuite effrayante» ayant mis les passagers et les piétons innocents «en danger».
Une ampleur que d'autres témoins ne tardent pas à remettre en question. A commencer par les New-Yorkais.
«Sorry, but no», conclut le journaliste du tabloïd américain. Tout comme le maire de la ville, Eric Adams qui, s'il dénonce l'incident comme «imprudent et irresponsable» au détour d'une conférence de presse, met sérieusement en doute l'hypothèse d'une telle traque dans la circulation de la mégapole.
Quelques heures plus tard, un communiqué de la police, le célèbre NYPD, détaille les évènements d'une manière autrement plus prosaïque. S'il confirme bien que plusieurs photographes ont rendu le voyage des Sussex «difficile», il nie toute collision, blessure ou arrestation.
Selon une source policière à la chaîne CNN, les agents de protection du NYPD auraient escorté le SUV dès leur départ du gala. S'en suivent 75 minutes, 2,2 km et quelques manœuvres évasives pour éloigner les paparazzi. Faute d'y parvenir, ils décident d'accompagner le couple vers un poste de police de la 67e rue, afin de «calmer la situation», note la chaîne ABC7.
Quinze minutes plus tard, on finit par opter pour une diversion. Il est environ 23 heures quand le trio monte dans un taxi jaune ordinaire: celui de Sukhcharn Singh, alias «Sunny».
Le lendemain, ce chauffeur expérimenté témoigne sur toutes les grandes chaînes de télé américaines. Selon lui, son véhicule s'est très vite retrouvé coincé derrière… un camion poubelle.
Le taximan ajoute que, si ses passagers sont restés «calmes», ils semblaient «nerveux». «Mais New York, c'est sûr. Il y a des postes de police, des flics à chaque coin de rue, donc il n’y a aucune raison d'avoir peur à New York», sourit l'imperturbable chauffeur.
Le couple de retraités royaux atteindra finalement l'Upper East Side autour de minuit, «sans être dérangé». Une fois acquittés du prix de la course (17 dollars) et d'un pourboire (50 dollars), «ils n'ont pas dit grand-chose. Ils ont juste demandé mon nom, puis après cela, Harry a dit: "Merci" et "Bonne journée"», conclut Sunny.
Ce florilège de témoignages vaut même à l'un des principaux incriminés de sortir du silence: sous couvert d'anonymat, un paparazzi s'est confié jeudi matin à la chaîne britannique ITV. Selon lui, l'équipe des Sussex est seule responsable de cette expérience «catastrophique», en «zigzaguant» et «bloquant» des véhicules.
Officier de protection de la princesse Diana pendant six ans, Ken Wharfe en connait un paquet sur la protection des célébrités. Sur la base de sa propre expérience, le retraité est allé de son expertise au Sun: pour lui, l'équipe de sécurité d'Harry et Meghan a tout bêtement très «mal géré» la situation.
«D'après ma propre expérience, les paparazzi peuvent, au mieux, être abordés, au pire, ils sont une nuisance. Mais ils ne cherchent pas à causer la mort d'une personne», lâche-t-il carrément dans l'émission Good morning Britain d'ITV.
Un point de vue que ne partage certainement pas le prince Harry, lui qui clame depuis toujours que les paps sont à l'origine de la disparition de sa mère. D'après des proches au Times, dans la foulée des évènements, le prince aurait affirmé n'avoir jamais été «aussi proche» de ce qu'avait ressenti Lady Di, lors de son tragique accident sous le pont de l’Alma, en 1997.
La mésaventure aurait marqué le duc au point de nourrir l'espoir de se rabibocher avec son père. Toutefois, croit savoir le Telegraph, cette «poursuite» éprouvante n'a pas convaincu Charles III de sortir de son royal silence. Le refus de Buckingham Palace de reconnaître ou de commenter publiquement l'incident a laissé le couple de Californiens «frustré», affirment des amis.
Si, pour des raisons historiques et personnelles compréhensibles, les Sussex ont quelque peu exagéré leur récit, ils sont les mieux placés pour savoir que les médias se montrent parfois très «agressifs» quand il s’agit de courir après les faits. Quitte à rouler sur la propre crédibilité des deux exilés de la royauté. Dommage, eux qui avaient si bien agendé leur retour.