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Netflix: pourquoi sommes-nous fascinés par les tueurs en série

Netflix-App auf TV-Bildschirm mit dem Titel "Dahmer Monster: Die Jeffrey Dahmer Geschichte " hinter einer Schüssel Popcorn und einer Fernbedienung.
La série Dahmer est sortie sur Netflix en septembre 2022, suivie, deux semaines plus tard, d'un documentaire sur le tueur en série.image: Shutterstock

Pourquoi sommes-nous fascinés par les meurtres? «Le mal est partout»

Dahmer, I Am A Killer, Night Stalker, Making a Murderer, Unsolved Mysteries... Les séries de true crime pullulent sur Netflix. Mais pourquoi ce genre fascine-t-il autant? Explications d'un psychologue.
19.02.2023, 16:3020.02.2023, 11:50
Corina Mühle
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«C'est ici que je vis, c'est ici que j'existe. Rien n'a d'importance pour moi. Je suis qui je suis - un tueur». Les mots sont de Gary Black, l'un des protagonistes de la quatrième saison de I Am A Killer, diffusée sur Netflix depuis fin décembre.

Une offre prolifique

Poussé en fauteuil roulant dans la salle d'interview, les mains enchaînées sur ses genoux, Gary Black se lance dans le récit des évènements qui l'ont conduit derrière les barreaux dans le Missouri, en 1998.

I Am A Killer. Gary Black in I Am A Killer S4. Cr. Courtesy of Netflix © 2022
Gary Black dans la quatrième saison de I Am A Killer.image: netflix

Comme les saisons précédentes, et plusieurs autres documentaires sur des crimes historiques, I Am A Killer s'est hissé à la première place du classement Netflix. Sur la plateforme de streaming, l'offre en matière de true crime est si vaste qu'on a presque l'impression de pouvoir faire défiler la page consacrée à l'infini.

Mais au fond, pourquoi ce genre nous fascine-t-il autant ? Steffen Lau, médecin-chef et directeur adjoint de la clinique de psychiatrie légale à la clinique psychiatrique universitaire de Zurich, est bien placé pour le savoir. Dans l'interview qu'il a accordée à watson, il évoque la «peur-plaisir», cette sensation paradoxale d'éprouver du plaisir dans une situation de peur.

watson: Pourquoi le true crime fascine-t-il?
Dr. med. Steffen Lau: Le true crime a un effet similaire à celui de l'horreur, à savoir ce que l'on appelle le «plaisir de la peur». Le mal est partout, et même si on regarde ce genre de contenu en sécurité chez soi, on a l'impression de ne pas être 100% en sécurité.

«A cela s'ajoute la fascination qu'il existe 'tout près' quelque chose de profondément sordide»

Le «true crime» a-t-il toujours été un phénomène culturel ou s'agit-il d'une nouvelle tendance?
Que l'humanité s'intéresse au crime est un fait bien connu. Les reportages sur les crimes existent depuis que les journaux existent. Le genre existe donc depuis longtemps.

Les services de streaming ont-ils attisé la flamme?
Alors qu'auparavant, nous devions attendre qu'une émission soit diffusée un soir par mois, de nos jours, les médias sont disponibles différemment et la consommation peut être contrôlée par l'utilisateur lui-même. La demande pour des médias de true crime a été stimulée par une plus grande possibilité de consommation, et non par le nombre de documentaires.

Les podcasts dans ce genre sont également devenus de plus en plus populaires. Comment ont-ils contribué à ce genre?
Tout a commencé avec les livres, puis les journaux. A présent, nous vivons dans le monde des médias numériques. Je pense que l'on retrouve ici ce que les gens consommaient déjà, différemment, à d'autres endroits. La consommation est devenue plus facile. Avec le streaming, une fois que j'ai acheté un abonnement, je regarde tout ce que je peux télécharger «gratuitement».

On a l'impression que les femmes consomment plus de médias true crime que les hommes.
Il semble que ce soit vraiment le cas.

A quoi cela est-il dû?
Je n'ai pas vraiment d'explication. Peut-être parce qu'on se rapproche ainsi de l'action sans être impliqué soi-même? Les hommes recherchent le frisson différemment des femmes, de manière plus directe et plus risquée, par exemple en tant que spectateurs lors d'un combat de boxe ou dans un stade, où les émotions favorisent également les bousculades.

«Les femmes préfèrent plutôt consommer les sensations fortes en toute sécurité»

Quels sont les risques lorsqu'on offre ainsi une tribune aux criminels?
Une partie des délinquants trouve normal qu'ils soient délinquants et violents et leur offrir une scène alimente leur narcissisme.

Pourrait-il y avoir des imitateurs des crimes présentés?
Ce n'est probablement pas le cas avec un format abstrait comme un podcast.

«De tels documentaires n'incitent pas les gens à commettre des délits similaires»

Qu'en est-il des représentations de la violence dans les documentaires Netflix?
C'est un peu la même chose. Si le documentaire est bien fait, il sert en premier lieu à expliquer les choses.

Quels sont les effets négatifs des documentaires true crime sur les spectateurs?
Ils peuvent retraumatiser les personnes qui ont été concernées par les faits. Mais de nos jours, de nombreux documentaires sont accompagnés d'avertissements afin d'éviter cela.

Et des effets positifs?
Lorsqu'ils sont bien faits, ils contribuent à la compréhension et à la diminution des préjugés à l'égard des auteurs, sans pour autant excuser les actes. Mais dans ce cas, les producteurs doivent se sentir obligés de vouloir aussi expliquer et pas seulement réaliser des chiffres d'audience.

Est-ce que cela fait une différence pour les spectateurs de savoir qu'il s'agit de crimes réels et non d'un crime inventé dans un roman policier?
Lorsque je regarde un film policier, je peux très facilement prendre mes distances et dire que tout cela n'est que du faux sang. Cette distanciation ne se produit pas avec le true crime. Le sordide se rapproche et donne ce frisson particulier de peur et de plaisir, parce que la probabilité qu'il m'arrive quelque chose de similaire est plus marquée. Et éventuellement, le fait de s'en être sorti donne un attrait particulier.

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