Si vous traînez un peu sur TikTok, vous êtes peut-être déjà tombé sur le hashtag #BuccalFatRemoval. Sinon, vous avez peut-être vu la déferlante d'articles dans la presse féminine internationale depuis quelques jours. Sinon, vous avez au moins une vague idée de la tête qu'a Angelina Jolie. Oui, les joues creuses, l’ossature saillante, le visage sculpté. Le retrait de la graisse des joues grâce à un petit coup de scalpel pour rendre tout ça plus sharp. Voilà, on y vient.
L’intervention elle-même n'est pas nouvelle, elle se pratiquait déjà dans les années 1970, voire plus tôt encore. Mais on avait assez peu tendance à s'en vanter à l'époque, ou à faire son «coming out chirurgical» sur les réseaux sociaux à grand renfort de selfies de salle de bain.
C'est justement la multiplication de photos de stars, dont le visage a changé de forme entre le lundi et le jeudi, ni vu ni connu, qui a donné matière à s'exciter sur les réseaux sociaux, et de donner à la presse féminine l'envie de s'intéresser au phénomène.
Il s'agit d'une intervention chirurgicale pour se faire retirer une partie de la graisse des joues, ces espèces de petits coussinets qui sont plus ou moins grands d’une personne adulte à l’autre. Un coup de bistouri qui permet de faire ressortir l’ossature de la mâchoire, d’avoir le visage plus fin, plus sculpté, les pommettes plus saillantes… D’ailleurs, lorsque l'on tape le hashtag #BuccalFatRemoval sur TikTok, on constate qu’il a été vu plus de 167 millions de fois.
Certaines vidéos montrent l'avant-après, d'autres dévoilent quelques belles ecchymoses, d'autres encore montrent carrément des horreurs sans nom que nous vous déconseillons de regarder maintenant si vous comptiez passer à table.
@_like_moon "Celebrities who did buccal fat removal" #hollywood #bellahadid #zoëkravitz #eizagonzalez #foryou #beautystandard #viral #buccalfatremoval #fyp ♬ Shootout - Izzamuzzic & Julien Marchal
Certaines célébrités des réseaux sociaux, toujours en quête d’un nouveau visage, plus lisse, plus tendu, plus creux des joues et plus joufflu des lèvres, pour commencer. On peut citer la mannequin américaine Chrissy Teigen, qui a raconté son expérience sur Instagram en septembre 2021.
Plus récemment, c’est l’actrice et chanteuse américaine Lea Michele, connue du grand public pour son rôle dans la série Glee, qui a éveillé les soupçons après avoir posté des photos de son visage tout sculpté, plus arrondi il y a peu encore.
L'Américaine n’a ni confirmé ni démenti. C'est peut-être l’œuvre d'un make-up artist dont la main a été un peu lourde au moment du contouring, mais peu importe: pour la presse féminine, il s’agissait de s'emparer de cette tendance de chirurgie esthétique avant les concurrents. Un tel phénomène que des médias plus sérieux, comme le New York times, y ont aussi consacré des articles.
Du côté des praticiens, depuis 2020, la demande a fortement progressé. A Beverly Hills, relève le New York times, la chirurgienne Kimberly Lee effectue cette opération désormais plusieurs fois par semaine, parfois plusieurs fois dans la même journée.
L’opération n'est pas la plus invasive. On incise dans la bouche, ça dure moins d’une heure, on mange froid durant les repas suivants et si tout se passe bien, on a juste les joues un peu gonflées durant deux ou trois jours, avec potentiellement quelques hématomes.
Si ça se passe mal, comme toute interversion, il peut y avoir des saignements, des douleurs, une mauvaise cicatrisation ou une infection de la zone incisée. On note aussi le risque de toucher un nerf, avec pour conséquence une faiblesse musculaire temporaire ou permanente, de causer une lésion sur un canal salivaire ou de créer une asymétrie du visage.
Généralement, la graisse du visage diminue en vieillissant. Ainsi, d’un faciès sculpté à la Angelina Jolie ou Bella Hadid, on peut passer à quelque chose de beaucoup moins séduisant et ressembler à une vieille momie desséchée aux joues creuses au moment de toucher sa retraite.
D'un point de vue sociétal, le fait de vouloir amincir son visage soulève des questions. Si certains patients souffrent d'un réel complexe lié à leurs «joues de bébé» à l'âge adulte, d'autres, en passant sous le scalpel, participent à la propagation d'une tendance qui va dans le sens du culte de la minceur, alors même qu'une intervention n'était pas nécessaire. Un signal pas forcément encourageant vis-à-vis des jeunes, alors même que leurs corps et leurs visages n'ont pas encore atteint leur forme adulte.
Comme tout ce qui est viral sur les réseaux sociaux, la tendance finira par être remplacée par une autre. Un phénomène que l'on observe avec le boom de la demande de BBL (brazilian butt lift, pour «lifting brésilien des fesses», l'augmentation du volume par injection de graisse dans les fesses). Si les néo-adeptes du fessier imposant semblent toujours clamer que leur postérieur rebondi mérite le titre de huitième merveille du monde, d'autres commencent (déjà) à s'en lasser. A commencer par celles qui ont largement participé à la popularité du BBL: les sœurs Kardashian, soupçonnées d'avoir fait marche arrière.
Après des années à revendiquer des courbes généreuses, Kim et Khloé étalent désormais sur les réseaux sociaux leurs silhouettes plus filiformes. L'an dernier, Kim s'était même vantée d'avoir perdu sept kilos en trois semaines pour entrer dans la robe ornée de diamants de Marilyn Monroe.
Avant les pulpeux fessiers ou les visages aux mâchoires saillantes, ce sont les poitrines qui ont elles aussi été l'objet de toutes les attentions:
Il faut d'abord savoir que l'on a tous ces petits coussinets graisseux, même si certains adultes conservent des «joues de bébé» plus conséquentes. Les régimes n’ont pas d’impact sur cette zone, donc inutile de s'affamer. Mais si on veut revenir à son visage de chérubin, manger gras ne fera pas repousser ces coussinets (ça fait pousser le gras ailleurs en revanche…). Des interventions permettent de redonner au visage ses formes d’antan, mais c'est douloureux, compliqué et coûteux.
A noter encore que si les femmes sont plus nombreuses à subir cette opération, les hommes aussi y ont recours.