Si vous êtes adepte d'un Spritz (ou deux) le soir venu en terrasse après le boulot, ou d'un bon rouge autour d'une généreuse plâtrée de pâtes, mais que vous êtes également soucieux de l'impact de ce petit plaisir sur votre santé, il est possible que vous ayez déjà eu l'une de ces pensées un poil déculpabilisantes.
(Ou peut-être tout ça à la fois.)
Bref, quand il s'agit d'alcool, tous les prétextes sont bons pour se dire qu'on ne provoque pas (trop) de dégâts ou tenter de se donner bonne conscience. Pour preuve, même le New York Times s'est fendu d'un article au titre un poil provoc: «Existe-t-il un alcool moins mauvais?»
(Evidemment, j'ai cliqué.)
Spoiler: non. «L'alcool reste de l'alcool», lâche Jürgen Rehm, scientifique principal au Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto, au quotidien américain. Boire de l'alcool, quelle que soit sa quantité, est mauvais pour la santé.
Le mythe du vin rouge bon pour la santé a été largement écarté par des études scientifiques récentes. «Le verre de vin rouge sain n’existe pas», notait le directeur de la Croix-Bleue Marc Peterhans, en février dernier, à l'agence Keystone-ATS. «Le vin rouge contient certes des substances (…) qui protègent en soi les vaisseaux sanguins et donc aussi le coeur.»
L'alcool, rappelons-le, peut être à l'origine d'au moins sept sortes de cancer différent.
Il n'existe pas non plus de preuve que les alcools foncés soient plus nocifs pour la santé ou provoquent des gueules de bois plus carabinées que les alcools clairs.
Lorsque l'on boit un verre, le corps transforme l'éthanol présent dans la boisson alcoolisée en une substance nocive appelée acétaldéhyde, susceptible d'endommager l'ADN. L'acétaldéhyde provoque des dommages dans de multiples tissus de l'organisme - dont la bouche, la gorge, le foie, le côlon et les seins. Même lorsque l'ADN est réparé, des mutations cancéreuses peuvent apparaître, selon Katherine Keyes, professeure d'épidémiologie à l'Université Columbia, dans le New York Times.
Ceci dit, il existe en effet des boissons alcoolisées plus nocives que d'autres: celles qui contiennent le plus d'éthanol. La plupart des bières contiennent ainsi moins d'éthanol que les vins, et les vins moins d'éthanol que la plupart des spiritueux - même si ces catégories peuvent présenter de grandes variations.
Pour boire intelligemment, il convient donc de privilégier des boissons à faible teneur en alcool et de faire attention à sa consommation (par exemple, une bière standard de 35 cl à 5% d'alcool contient généralement la même quantité d’éthanol qu’un verre de vin de 15 cl à 12% ou qu'un shot de 4,5 cl d’un alcool à 40%).
Si vous souhaitez donc vraiment faire attention à votre consommation d'éthanol, mieux vaut également vous tenir à l'écart des cocktails, dont le degré d'alcool et la composition peut être difficile à estimer. Les boissons alcoolisées contenant de la caféine (comme les espressos martinis ou les vodkas Red Bull) sont également déconseillées, car le regain d'énergie qu'elles procurent peut amener à se sentir moins ivre qu'en réalité - et donc inciter à boire davantage, selon la Dr Keyes.
Ceci dit, de nombreux experts de la santé n'appellent pas à bannir complètement l'alcool de nos existences. Il s'agit seulement d'être conscient des risques. Pour la plupart des individus, il est tout à fait acceptable de savourer un verre de vin de temps en temps, note par exemple le Dr Leslie Cho, cardiologue à la Cleveland Clinic, dans un autre article du New York times. Ce, même si cela ne contribue pas à notre santé cardiovasculaire. Cheers.