Il est apparu éprouvé sur le plateau de Piers Morgan, les trémolos dans la voix et les larmes en prime. Après des accusations d'avances sexuelles non désirées par le comédien Anthony Rapp, lors d'une fête en 1986, les plaintes contre Kevin Spacey se sont multipliées.
Si l'interprète du légendaire Frank Underwood dans la série House of Cards, dégagé de son piédestal depuis plusieurs années, a remporté son procès civil, il est loin de retrouver le chemin des plateaux.
L'acteur avoue avoir eu des comportements un peu tactiles, mais réfute tout comportement agressif.
Acquitté, blanchi, Kevin Spacey est toujours persona non grata à Hollywood. Pour lui, les portes restent fermées à double tour.
Pire, dans un documentaire diffusé au mois de mai intitulé Spacey Unmasked, de nouvelles accusations viennent mettre du plomb dans l'aile à sa probable réhabilitation professionnelle. Cette fois-ci, dix hommes y formulent des allégations à l’encontre de l’acteur, lequel nie tout en bloc.
L'acteur s'était emporté sur X et n'hésitait pas à esquinter la chaîne Channel 4, qui est derrière le documentaire, la qualifiant de «chaîne mourante qui cherche à doper son audience.»
Over the last week, I have repeatedly requested that @Channel4 afford me more than 7 days to respond to allegations made against me dating back 48 years and provide me with sufficient details to investigate these matters. Channel 4 has refused on the basis that they feel that…
— Kevin Spacey (@KevinSpacey) May 2, 2024
Un paradoxe venant de Spacey himself. Car mardi 11 juin 2024, c'est un Spacey en état de mort social qui est apparu lessivé par la grande tambouille médiatique. Il s'est effondré lorsque Piers Morgan lui a demandé où il vivait actuellement.
Déboussolé, sans un rond, Spacey est passé à la caisse en août 2022, condamné à verser 31 millions de dollars à la société de production de House of Cards, MRC - pour compenser les pertes de son absence au casting. Il lui faut à présent payer les frais juridiques astronomiques évalués à plusieurs millions. Sa maison va donc être vendue pour éponger ses dettes.
Car l'industrie ne veut pas se risquer à dépoussiérer la carrière de l'acteur de Usual Suspect. Le retour au jeu se fait doucement, voire dans l'anonymat. Récemment, il est apparu dans un film d'action un poil dépassé, frôlant le nanar de compétition (Peter Five Eight), qui n'a même pas profité d'une sortie nationale aux Etats-Unis. Les recettes, selon Imdb, rapportent un total exécrable de 74 456 dollars. Dans la peau d'un tueur à gages méticuleux, il est engagé pour zigouiller un agent immobilier véreux. Les images diffusées présentent un Kevin Spacey loin de ses standards.
Une chute médiatique sans fin. Sa vidéo datant d'il y a 5 ans, où il reprenait dans les grandes lignes son personnage de Frank Underwood, paraît bien anachronique. «Nous n'avons pas fini, peu importe ce que disent les autres», disait-il dans cette vidéo intitulée «Let me be Frank», visionnée près de 13 millions de fois.
Une vidéo en forme d'allégorie; un rôle phare que la critique et le public a célébré à grand renfort de compliments appuyés. Une armure qu'il s'est empressé d'enfiler pour montrer qu'il va pouvoir user de la fiction pour muscler la réalité.
Sauf que la vitrine dressée en 2019, pour rempart face au tribunal des réseaux sociaux, a cette fois-ci volé en éclats sur le plateau de Piers Morgan. Les mimiques d'acteur semblent ne plus faire effet sur le public et la profession.
Spacey, qui a fait son beurre en incarnant des rôles profonds de méchants charismatiques, semble à bout. Sa chute est inexorable.
Pire encore, lui-même ne semblait pas prendre conscience de ses actes, renvoyant ses fans à de la pure hypocrisie.
Selon elle, en somme, Spacey n'a peut-être pas compris que s'il possède des fans grâce à des personnages fictifs, la réalité est une autre paire de manches.
Kevin Spacey is sending a very disturbing message as he chastises his audience... if you hypocrites loved me as a murderer, why won’t you love me as a sex offender? Maybe because Frank Underwood’s crimes are fiction and Kevin Spacey’s are not. #LostInSpacey
— Ellen Barkin (@EllenBarkin) December 25, 2018
«Vous ne m'avez jamais vu mourir, n'est-ce pas?» interrogeait-il sur la vidéo, gardant son personnage de Frank Underwood comme biais de communication. Lui-même, à cette époque, avait la conviction de ne pouvoir être abattu - ses récompenses et sa carrière lui promettant un talisman de protection.
Mais la déflagration de 2017 a laissé de grosses séquelles, qui seront difficiles à cicatriser. Face au journaliste Chris Cuomo, le 17 mai dernier, l'acteur américain a avoué «avoir tout perdu».
Mais il reste une petite lueur: Kevin Spacey campera le rôle d'un personnage nommé (ça ne s'invente pas) «Le Diable» dans le thriller psychologique The Contract du réalisateur italien Massimo Paolucci, dont le tournage s'est terminé à Rome en mars. Outre ce timide retour, les producteurs ne se bousculent pas à la porte de l'Américain.
Touché, mais pas coulé, Kevin Spacey. Alors quand Piers Morgan lui demande ce qu'il compte faire maintenant, l'acteur de Seven s'exclame, les poings serrés:
Kevin Spacey looks like Reece Shearsmith impersonating Andrew Neil pic.twitter.com/yUIxVoZR3o
— Tom Reagan’s Hat (@RufusTSuperfly) June 11, 2024