Depuis l'explosion du télétravail suite à la crise sanitaire, il est devenu source de bonheur et de conflit. Cette nouvelle manière de travailler a rendu de fiers services à des millions de salariés qui ont pu voir leur vie de famille se détendre, s'affranchissant par exemple des contraintes liées aux transports.
Néanmoins, depuis un peu plus d'une année, cette révolution professionnelle est en train d'imploser. Le géant des jeux vidéo Ubisoft, par exemple, veut limiter la pratique du télétravail en priant les collaborateurs de respecter trois jours de présentiel au bureau.
Résultat: une grève de trois jours des salariés, synonyme de la plus grosse grève de l'histoire du jeu vidéo, selon L'Humanité. Mais peut-on vraiment reprocher aux sociétés de demander à leurs employés de revenir au bureau? Non.
Soyons clair:
Prenons l'exemple des apéros-zoom. En 2020, nous avons tous expérimenté et picolé virtuellement. Mais à force de se donner rendez-vous à 18h, la petite mousse avait un goût progressivement amer; elle est moins savoureuse qu'un apéro en bonne et due forme. C'est la même ritournelle pour le «full» télétravail: il y a un appauvrissement des relations entre collègues.
Revenons à Ubisoft. Pour calmer les ardeurs de ses employés, la direction a souligné l'importance de partager des moments pour stimuler la créativité. Comment leur donner tort?
Rappelons que dans différents métiers, échanger avec ses camarades est fondamental. Le simple fait de confronter vos idées participe au noyau dur d'une société et embellit votre environnement de travail. Au final, on ne parle que de trois jours, trois petits jours, à devoir supporter ses collègues à la machine à café.
Bien sûr, deux jours de télétravail ne vont pas saper le bon fonctionnement d'une société, mais il est bon de préciser que dans les métiers dits créatifs, comme le secteur du journalisme, la confrontation directe d'idées est plus forte si elle se déroule en chair et en os, et non à travers des écrans. Le virtuel est un obstacle.
Certains verront dans ces mesures une manière de partir à la chasse aux profiteurs d'un nouveau système encore perfectible. Détrompez-vous, ce texte n'est pas un éloge de la surveillance. Ces lignes sont un constat que la souplesse est le maître mot.
Car, l'équilibre est difficile à trouver. Entre besoins des entreprises et désirs des salariés, nous allons tous devoir jouer les funambules. Mais il fallait bien une mise à jour du système, comme dans chaque révolution, afin de solidifier la place du télétravail dans les entreprises. Et si débat, il devait y avoir, s'il vous plaît, faites-le en présentiel.