Il nous donne rendez-vous sur son nouveau terrain de jeu, Marc Jonin, triple champion suisse de football freestyle, arrive en toute décontraction dans le chapiteau du cirque Knie. «Quand je suis arrivé pour le premier show, j'étais très impressionné de voir cet endroit, dit-il en levant les yeux vers les gradins. En effet, devant lui se dresse les 2340 places du chapiteau de quoi intimider le Fribourgeois pourtant habitué aux shows et autres compétitions internationales.
Le Fribourgeois de 28 ans s'apprête à faire une démonstration au milieu du chapiteau quand nous lui demandons s'il a encore des appréhensions avant de monter sur scène. «J'ai toujours un peu peur de perdre le contrôle de la balle, notamment en faisant certaines figures, tout ne peut pas être parfait tous les jours, mais j'y travaille», sourit-il.
La démonstration débute avec Tours du monde où il fait tourner son ballon autour de sa jambe, puis des huppers où le ballon reste sur le haut du corps, et des sole stall (stole veut dire semelles en anglais) qui consiste à jongler avec le ballon sur les semelles en restant couché sur le dos, la spécialité de Marc Jonin.
Ces figures, le fribourgeois les entraîne inlassablement depuis l'âge de 17 ans, des heures d'entraînement quotidien qui lui ont permis de devenir la référence Suisse de la discipline. «Le Knie a sûrement voulu m'engager, car je suis suisse et que j'ai un palmarès», lance-t-il avec modestie. En effet, en janvier 2024, il reçoit un message sur les réseaux sociaux du responsable de la programmation du Knie. «Il m'a demandé si j'étais intéressé à travailler avec eux et je lui ai donné mon numéro de portable, quelques minutes après Géraldine Knie m'appelle, c'était dingue», explique-t-il encore émerveillé.
S'en est suivi plus d'un mois de préparation avec son partenaire de scène le colombien Sebastian Ortiz Hernandez dit Boyka, pour créer le premier spectacle de football freestyle de l'histoire du cirque Knie. «On a créé le show de toute pièce avec une chorégraphe du Cirque du Soleil et Boyka, tout était nouveau, transformer un sport en un show, c'est inédit», se remémore le champion suisse.
Alors que nous lui demandons de nous raconter son quotidien au Knie, Marc Jonin n'hésite pas à nous ouvrir les portes de sa petite caravane. «Je suis passé d'un trois-pièces et demi à Fribourg à une chambre d'une dizaine de mètres carrés dans une caravane, je crois que c'est la chose surprenante qui me soit arrivée», explique-t-il en tentant de nous faire un peu de place dans sa chambre exiguë.
Un petit lit, une kitchenette et des douches communes, sa nouvelle vie de saltimbanque ne semble pas le déranger pour autant.
Loin de lui l'idée de se plaindre des conditions de vie au cirque, cette tournée avec le Knie est un véritable accélérateur pour sa carrière. Plutôt habitué à chercher des sponsors ou des mécènes pour les compétitions de foot freestyle et travaillant à 50% dans une agence de communication, Marc Jonin nous explique que sa tournée du Knie lui permet de «vivre de sa passion».
Le sourire ne quitte pas le visage du Fribourgeois ou plutôt du Giblousien comme il aime parfois à le rappeler, le soutien familial a toujours été indéfectible et l'annonce de sa participation au Knie était une grande fierté. «Mon père avait déjà pris des billets au Knie pour cette année avant de savoir que le cirque m'avait contacté, je ne vous raconte pas sa surprise quand il a appris qu'il allait me voir sur scène».
Après avoir parcouru plus de douze villes suisses et donné des centaines de représentations, Marc Jonin explique qu'il se sent désormais cette année plus artiste que sportif. Quant à la suite, le champion de Suisse révèle avoir des contacts avec d'autres cirques européens pour continuer de se produire en duo avec son partenaire colombien. «Je sais que le cirque est une parenthèse dans ma carrière, mais si je pouvais continuer cette aventure avec Boyka, après le Knie, je le ferai avec plaisir, c'est l'expérience d'une vie».