Harry. Voilà plus de dix ans que tu fais fondre nos coeurs de fragiles, avec tes couronnes de fleurs, ton sourire de gamin, tes yeux pétillants et, surtout, ta superbe chevelure.
Bouclée, rebelle mais chaleureuse, fondante comme du chocolat au lait oublié au soleil, dans laquelle on rêvait tous secrètement de plonger la main et de nous perdre des heures durant. Tu n'avais pas dix-huit ans que nous étions déjà subjugués par ton insolente et délicate beauté.
Bien sûr, tu as grandi, c'est bien normal. En plus d'une décennie, tu as eu le temps d'évoluer. Musicalement, stylistiquement, capillairement. Tu as bien eu le droit d'affûter ces boucles adolescentes désordonnées et d'abandonner ta dégaine de prépubaire pour devenir adulte. Jamais, toutefois, en dix ans de looks audacieux et de prises de risques vestimentaires, tu n'avais encore cédé à la tentation ultime.
Ce jeudi 8 novembre 2023, pour la première fois, tu as commis l'impardonnable. Tu n'as pas seulement touché à tes cheveux. Tu les as éradiqués. Balayés. Rasés. En trois coups de tondeuse, tu as réduit en charpie tes cheveux d'amour et le coeur de millions de personnes qui, comme moi, étaient persuadées d'avoir un mot à dire sur ton joli petit crâne.
Voilà que, en me levant ce matin, je découvre ces photos de toi, à Las Vegas, au concert de U2, en compagnie de ta chérie Taylor Russell. Petite amie mise à part, le choc a été immense. Je te jure, Harry, j'ai poussé un cri. Celui d'une maman blessée qui découvre un secret. Quelques heures après cette découverte, je reste profondément bouleversée.
Harry, aussi douloureuse soit cette trahison, elle a eu le mérite de m'ouvrir les yeux. J'ai compris pourquoi, petite fille, ma propre mère fondait en larmes chez le coiffeur, à la vue de mes bouclettes rassemblées en un monticule dépressif, sur le carrelage du salon de Marie-Carmen.
Non, désolée Harry, mais personne n'est libre de faire ce qu'il veut de sa tête. De nos choix capillaires dépend le bien-être de ceux qui nous entourent.
Alors bien sûr, qu'on t'aime toujours. Mais bon sang, Harry, plus jamais ça.