On imagine trop bien la scène. Carla guidant son hôte de sa belle voix, douce, rauque et contenue, à travers son salon «peuplé de livres, manuscrits et piano à pied». Le chat s'enroule autour des jambes du journaliste Pierre Groppo, pendant que le mari de l'intéressée, Nicolas Sarkozy, le gratifie d'un bref check avant de profiter d'une accalmie pour filer faire son jogging.
L'ex-président français sera à peine mentionné au cours de l'entretien avec Vanity Fair. Tout comme le passage du couple à l'Elysée, que Cara Bruni résume en trois mots à peine: «Une belle et incroyable aventure», qu'elle est «soulagée» d'avoir laissée derrière elle.
Plutôt que parler politique intérieure, elle préfère revenir avec malice sur sa rencontre avec la famille royale d'Angleterre, en 2008 - lorsque, à la veille de son arrivée, les journaux britanniques l'affichent en Une avec une ancienne photo de nu.
«Quand je suis descendue avec mon mari de l’avion présidentiel, le prince Charles et son épouse Camilla nous attendaient au bas des marches de la passerelle et nous ont dit: 'We are so sorry for the press...' Sur le moment, je n’ai pas trop compris», se souvient-elle. Carla est passée outre. Finalement, «les Anglais avaient apprécié mon sérieux, mon respect du protocole, mes efforts d’apparence».
Du coup, l'ancien top-modèle préfère s'attarder sur ses années dans la mode, les années 80, la liberté, l'ouverture du milieu, la «quasi-absence de jugement moral», de limites, d'horaires, les dîners au McDo du coin avec sa copine Christy Turlington, entre deux essayages nocturnes. Une période dont elle semble nostalgique.
Carla parle aussi musique, écriture, thérapies. Des thérapies, notamment de psychanalyse, qu'elle a alignées. «Je suis quelqu’un qui a un suivi thérapeutique constant.» Son principal symptôme? «L'addiction.»
Carla Bruni n'hésite pas non plus à se livrer sur son expérience de cancer de sein, une maladie évoquée pour la première fois publiquement l'automne dernier, avec un post sur les réseaux sociaux. Presque cinq ans après son diagnostic, elle n'est «pas du tout en rémission».
«Et après le premier choc passé, c’est pratiquement vivifiant, même si c’est douloureux, inquiétant et angoissant», conclut-elle.
Aujourd'hui, Carla Bruni va bien et travaille, tranquillement mais sûrement, à un nouvel album. Ce n'est pas son seul projet. Après s'être offert une propriété dans le sud de la France, le couple Bruni-Sarkozy s'est lancé avec trois associés dans la fabrication et le commerce d'huile d'olive et de vin.
«Franchement je regrette d’aborder ça à ce moment de sobriété de ma vie... Mais vous savez, avec modération... Moins il y a de compulsion, plus cela peut rentrer dans la qualité de vie.» Parole de sage.