Les assureurs maladie se lancent dans un secteur aux «marges attractives»
C'est une course serrée: jusqu'à récemment, la caisse maladie lucernoise CSS menait en tête, mais désormais c'est Helsana, basée à dans le canton de Zurich, qui détient le titre de caisse avec le plus d'assurés de base. Ces deux acteurs dominent depuis des années le marché de l'assurance maladie. Ils s'affrontent dorénavant sur un nouveau terrain: les assurances-vie.
Une nouvelle voie à conquérir
Pour ce faire, la CSS a créé il y a quelques jours une nouvelle société anonyme: CSS Assurance-vie SA. Cette filiale, dotée d'un capital-actions de 8 millions de francs, a pour mission «l'exploitation de tout type d'assurance-vie ainsi que la proposition de solutions dans les domaines de la prévoyance, de la sécurité et de la constitution de patrimoine». Le directeur général est Rudolf Bruder, directeur financier de la CSS.
Une porte-parole de l'entreprise confirme que la CSS «prépare son entrée sur le marché des assurances-vie» et est en contact avec l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA).
La CSS devrait communiquer à ce sujet dans le courant de l'automne. Ce sera probablement le dernier grand projet de la directrice générale Philomena Colatrella, qui a récemment annoncé sa démission à la fin de l'année.
La mention de la FINMA laisse entendre que la CSS construit ce nouveau secteur d'activité de A à Z, sans recourir à un partenariat avec une compagnie d'assurance-vie existante. Un coup d'œil aux offres d'emploi et à LinkedIn révèle que la CSS a publié ces derniers mois une demi-douzaine d'annonces pour ce nouveau département, dont la plupart ont déjà été pourvues. Il s'agit notamment de spécialistes en placements, gestionnaires des risques, experts techniques et formateurs spécialisés.
Helsana opte pour une stratégie différente
Son concurrent Helsana a choisi une voie un peu plus simple. Elle a récemment établi un partenariat dans le domaine des assurances-vie avec Baloise, sans en faire une grande publicité. Comme l'explique un porte-parole de Helsana:
Le directeur général, Roman Sonderegger, déclarait récemment à la Handelszeitung:
Helsana proposera cependant uniquement des produits de partenaires, c'est-à-dire de compagnies d'assurance-vie professionnelles.
D'autres caisses sont déjà actives depuis plusieurs années dans le domaine des assurances-vie, comme Groupe Mutuel, Visana ou Concordia, qui disposent toutes des autorisations nécessaires délivrées par la FINMA. C'est toutefois Visana qui a le plus avancé dans son expansion hors du secteur de la santé, en proposant de nombreuses branches d'assurance réunies au sein d'une même offre, se positionnant ainsi clairement comme un assureur multisectoriel.
Un secteur très gourmand en capitaux
Sur le marché suisse des assurances-vie, les caisses maladie sont toutefois restées jusqu'ici marginales. Selon le dernier rapport du marché de l'assurance publié par la FINMA, Swiss Life domine le secteur avec une part de marché d'environ 40%. Helvetia et Baloise, qui sont en train de fusionner, atteindront bientôt ensemble plus de 20%, devenant ainsi le numéro deux du secteur de l'assurance-vie en Suisse. Ensuite viennent Axa, Allianz et Zurich, chacune avec une part de marché à un chiffre.
Dans ces chiffres, l'activité liée aux caisses de pension d'entreprise est incluse. Si on l'exclut, la domination de Swiss Life est moins marquée. Cela ne change toutefois rien au fait que les cinq plus grands assureurs-vie contrôlent environ 85% du marché. Reste à savoir s'il y a encore de la place pour de nouveaux acteurs.
Simon Tellenbach, membre de la direction chez VZ Vermögenszentrum, déclare:
Il comprend que les caisses maladie veuillent participer à cette croissance. «Du point de vue du conseil, il est logique d'aborder non seulement les coûts de traitement et de soins, mais aussi la prévoyance.» Il souligne cependant:
L'expert rappelle aussi que les assurances-vie représentent un secteur très gourmand en capital:
C'est aussi la raison pour laquelle il y a si peu d'assureurs-vie en Suisse.
Simon Tellenbach voit peu de risques pour les assurés. «Comme pour toutes les assurances, il peut arriver de souscrire à un contrat offrant des prestations dont on n'a en réalité pas besoin ou envie.» Il identifie surtout des opportunités pour les caisses, notamment parce qu'elles sont, contrairement aux assureurs-vie classiques, en contact régulier avec leur clientèle:
Traduit et adapté par Noëline Flippe