Simone Biles n'est pas seulement l'une des sportives les plus talentueuses de tous les temps. Sur le plan privé, c'est aussi une battante. Une survivante, passée par des épreuves que son large sourire et son impressionnant palmarès de médailles et de records ne laissent guère deviner.
De ses toutes premières années d'existence, Simone Arianne Biles, née le 14 mars 1997 à Colombus dans l'Ohio, ne garde pas énormément de souvenirs. Peut-être juste ce «chat de gouttière flippant» qui reçoit «plus à manger» qu'elle. Ses parents, Shanon Biles et Kelvin Clemons, traînent leur alcoolisme et leur dépendance à la drogue. Kelvin disparaît bientôt du cercle familial. Shanon multiplie les séjours en prison.
La future championne n'a que deux ans lorsque des voisins alertent les services sociaux, en constatant que les quatre enfants des Biles jouer régulièrement dans la rue sans surveillance. Ashley, Tevin, Simone et Adria, alors âgée de seulement quelques semaines, sont placés aussi sec en famille d'accueil.
Une période de trois ans dont Simone ne conserve pas «grand-chose», si ce n'est l'envie brûlante de faire du trampoline avec les autres enfants. Et une conviction: «Je savais très bien que nous avions été arrachés à notre mère biologique et que l'on pensait qu'on allait retourner auprès d'elle», se remémore-t-elle en 2021, dans la série documentaire sur Facebook Watch Simone vs. Herself.
Lorsqu'il apprend que ses quatre petits-enfants ont été retirés à leur mère, son grand-père maternel, Ronald Biles, se met en tête de les récupérer. Si les deux aînés, Ashley et Tevin, seront finalement placés chez une grande-tante à Cleveland, Simone et sa cadette posent leurs valises à Spring, au nord de Houston, à 1600 kilomètres de leur mère.
C'est dans cette petite ville du Texas que leur grand-père vit avec sa seconde femme, Nellie, et leurs deux garçons adolescents. Dans le jardin de sa nouvelle maison, Simone découvre un trampoline. Et réalise ses premières pirouettes.
Cette adoption est un véritable «tournant» dans la vie de la future athlète, en lui «ouvrant la voie vers une meilleure vie». Les graines de sa carrière sont définitivement plantées lorsque ses parents adoptifs, qu'elle appelle déjà «papa» et «maman», l'inscrivent à des cours de gymnastique, à l'âge de six ans. C'est tard, pour percer dans cette discipline. Mais l'histoire commence là.
Ce rôle de pilier et de stabilisateur dans la carrière de leur fille, Ronald et Nellie le conservent aujourd'hui encore. Dans les tribunes et en coulisses. La docusérie Netflix Simone Biles Rising nous en donne un aperçu. Alors que Simone Biles envisage d'abandonner les Jeux de Tokyo, en 2021, elle appelle sa mère. Réponse de Nellie?
Simone ne l'a jamais oublié. Pas plus tard que la semaine passée, aux JO de Paris, où la «GOAT» (Greatest of All Time) a raflé quatre médailles, elle répète avec émotion au micro de USA Today: «Sans mes parents et l’adoption, je ne serais pas là aujourd’hui».
Contrairement à Ronald et Nellie Biles, ainsi qu'à son mari le joueur de la NFL Jonathan Owens, la mère biologique de la gymnaste, Shanon, était absente des tribunes aux Jeux olympiques de Paris, ces deux dernières semaines. L'intéressée n'a toutefois pas totalement disparu. Elle est sortie du bois pas plus tard ce mardi, pour adresser un vibrant appel dans le Daily Mail.
A 52 ans, Shanon affirme vouloir faire «amende honorable» et «aller de l'avant». «Je ne suis plus la personne que j'étais. Je vais bien aujourd'hui. Je suis une personne aimante», poursuit celle qui vit toujours dans la même maison en briques rouges, située au coin du quartier sensible de Franklinton, à Colombus.
Simone Biles' birth mom Shanon tells why she abandoned Olympic hero daughter as she begs gymnast for forgiveness after decades-long estrangement https://t.co/BeqmN2mgA1 pic.twitter.com/hi23G0mmVd
— Daily Mail Online (@MailOnline) August 13, 2024
Reconnue coupable d’agression et condamnée à une peine de prison avec sursis de 180 jours en 2020, Shanon est parvenue à se tenir à l'écart des ennuis depuis lors et se dit «clean» et «en voie de guérison». Complètement fauchée, elle travaille désormais par intermittence comme caissière dans une épicerie discount.
Mais si elle affirme avoir changé au fil des années, sa relation fragile et distante avec sa fille, elle, n'a pas évolué. Elle n'a pas assisté au mariage de Simone avec son mari Jonathan Owens, en 2023.
Pour ce qui est de l'avenir de leur relation mère-fille, la génitrice de la championne olympique a choisi de ne pas faire usage du numéro de téléphone de Simone, qu'elle possède - et préfère laisser à Simone de faire le premier pas. «J'attends l'occasion, j'attends qu'elle puisse venir à moi. Asseyons-nous. Je dois juste être patiente.»
A ce jour, elle ignore ce que Simone et sa sœur savent de l'époque où elle les a «abandonnées». Elle espère avoir l'occasion de leur raconter par elle-même «comment c'était vraiment». A voir si l'immense championne acceptera cette main tendue.