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La mère biologique de Simone Biles refait surface

La mère biologique de Simone Biles, Shanon, veut tenter de renouer avec sa fille. Retour sur une enfance compliquée.
Adoptée à l'âge de six ans par ses grands-parents, la meilleure gymnastique de la planète a connu des premières années de vie très compliquées.getty/watson
«Aller de l'avant»

La mère biologique de Simone Biles refait surface

Alors qu'elles n'entretiennent plus aucun contact depuis près de 20 ans, Shanon Biles, la mère de la meilleure gymnaste de la planète, a lancé une bouteille à la mer ce mardi dans le Daily Mail pour renouer avec sa fille. L'occasion de revenir sur l'enfance complexe de la prodigieuse Simone Biles.
14.08.2024, 20:48
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Simone Biles n'est pas seulement l'une des sportives les plus talentueuses de tous les temps. Sur le plan privé, c'est aussi une battante. Une survivante, passée par des épreuves que son large sourire et son impressionnant palmarès de médailles et de records ne laissent guère deviner.

Une enfance complexe

De ses toutes premières années d'existence, Simone Arianne Biles, née le 14 mars 1997 à Colombus dans l'Ohio, ne garde pas énormément de souvenirs. Peut-être juste ce «chat de gouttière flippant» qui reçoit «plus à manger» qu'elle. Ses parents, Shanon Biles et Kelvin Clemons, traînent leur alcoolisme et leur dépendance à la drogue. Kelvin disparaît bientôt du cercle familial. Shanon multiplie les séjours en prison.

«Mes frères et soeurs et moi, on ne pensait qu'à la nourriture, parce qu'on n'en avait pas beaucoup. (...) Je pense que c'est pour ça que je n'aime pas les chats. Ce chat de gouttière flippant, elle lui a toujours donné à manger, et nous, non»
Simone Biles

La future championne n'a que deux ans lorsque des voisins alertent les services sociaux, en constatant que les quatre enfants des Biles jouer régulièrement dans la rue sans surveillance. Ashley, Tevin, Simone et Adria, alors âgée de seulement quelques semaines, sont placés aussi sec en famille d'accueil.

Une période de trois ans dont Simone ne conserve pas «grand-chose», si ce n'est l'envie brûlante de faire du trampoline avec les autres enfants. Et une conviction: «Je savais très bien que nous avions été arrachés à notre mère biologique et que l'on pensait qu'on allait retourner auprès d'elle», se remémore-t-elle en 2021, dans la série documentaire sur Facebook Watch Simone vs. Herself.

Ronald, «Ron», Biles et ses deux petites-filles, Simone et Adria.
Ronald, «Ron», Biles et ses deux petites-filles, Simone et Adria.instagram

Lorsqu'il apprend que ses quatre petits-enfants ont été retirés à leur mère, son grand-père maternel, Ronald Biles, se met en tête de les récupérer. Si les deux aînés, Ashley et Tevin, seront finalement placés chez une grande-tante à Cleveland, Simone et sa cadette posent leurs valises à Spring, au nord de Houston, à 1600 kilomètres de leur mère.

C'est dans cette petite ville du Texas que leur grand-père vit avec sa seconde femme, Nellie, et leurs deux garçons adolescents. Dans le jardin de sa nouvelle maison, Simone découvre un trampoline. Et réalise ses premières pirouettes.

Cette adoption est un véritable «tournant» dans la vie de la future athlète, en lui «ouvrant la voie vers une meilleure vie». Les graines de sa carrière sont définitivement plantées lorsque ses parents adoptifs, qu'elle appelle déjà «papa» et «maman», l'inscrivent à des cours de gymnastique, à l'âge de six ans. C'est tard, pour percer dans cette discipline. Mais l'histoire commence là.

«Elle n’a jamais manqué un entraînement. Même si elle était malade, je lui disais de rester à la maison, et elle me répondait: 'Non, je dois aller à l’entraînement!'»
Nellie Biles, mère adoptive de Simone.
HOUSTON, TEXAS - JULY 4: Simone Biles, of Spring, who will participate in the upcoming Olympic Games in Rio, with her father, Ron Biles, and mother, Nellie Biles, as they wait for her ceremonial first ...
Simone, entourée de son père et de sa mère adoptive, Ron et Nellie, en 2016.Image: Hearst Newspapers

Ce rôle de pilier et de stabilisateur dans la carrière de leur fille, Ronald et Nellie le conservent aujourd'hui encore. Dans les tribunes et en coulisses. La docusérie Netflix Simone Biles Rising nous en donne un aperçu. Alors que Simone Biles envisage d'abandonner les Jeux de Tokyo, en 2021, elle appelle sa mère. Réponse de Nellie?

«Tu ne peux pas le faire? Ce n'est pas grave, ma chérie. (...) Je ne veux pas que tu ailles là-bas si tu n'es pas en bonne forme. Tu n'as pas besoin d'aller là-bas et de te blesser. Ce n'est pas bien, d'accord? Tu dois prendre soin de toi»
Nellie Biles, au téléphone avec sa fille, dans le documentaire Simone Biles Rising.

Simone ne l'a jamais oublié. Pas plus tard que la semaine passée, aux JO de Paris, où la «GOAT» (Greatest of All Time) a raflé quatre médailles, elle répète avec émotion au micro de USA Today: «Sans mes parents et l’adoption, je ne serais pas là aujourd’hui».

Simone Biles, of the United States, competes during the women's artistic gymnastics individual balance beam finals at Bercy Arena at the 2024 Summer Olympics, Monday, Aug. 5, 2024, in Paris, Fran ...
L'Américaine a littéralement brillé durant cette quinzaine olympique, remportant quatre médailles.Keystone

«Aller de l'avant»

Contrairement à Ronald et Nellie Biles, ainsi qu'à son mari le joueur de la NFL Jonathan Owens, la mère biologique de la gymnaste, Shanon, était absente des tribunes aux Jeux olympiques de Paris, ces deux dernières semaines. L'intéressée n'a toutefois pas totalement disparu. Elle est sortie du bois pas plus tard ce mardi, pour adresser un vibrant appel dans le Daily Mail.

«J'aimerais me réconcilier avec Simone personnellement - j'attends juste qu'elle et Adria me le fassent savoir. (...) Je lui demande simplement de me pardonner»
Shanon Biles, dans le Daily Mail.

A 52 ans, Shanon affirme vouloir faire «amende honorable» et «aller de l'avant». «Je ne suis plus la personne que j'étais. Je vais bien aujourd'hui. Je suis une personne aimante», poursuit celle qui vit toujours dans la même maison en briques rouges, située au coin du quartier sensible de Franklinton, à Colombus.

Reconnue coupable d’agression et condamnée à une peine de prison avec sursis de 180 jours en 2020, Shanon est parvenue à se tenir à l'écart des ennuis depuis lors et se dit «clean» et «en voie de guérison». Complètement fauchée, elle travaille désormais par intermittence comme caissière dans une épicerie discount.

Mais si elle affirme avoir changé au fil des années, sa relation fragile et distante avec sa fille, elle, n'a pas évolué. Elle n'a pas assisté au mariage de Simone avec son mari Jonathan Owens, en 2023.

«Si j'ai besoin de savoir quelque chose, j'appelle mon père. Je lui pose des questions sur Simone et il me tient au courant»
Shanon Biles, dans le Daily Mail.

Pour ce qui est de l'avenir de leur relation mère-fille, la génitrice de la championne olympique a choisi de ne pas faire usage du numéro de téléphone de Simone, qu'elle possède - et préfère laisser à Simone de faire le premier pas. «J'attends l'occasion, j'attends qu'elle puisse venir à moi. Asseyons-nous. Je dois juste être patiente.»

A ce jour, elle ignore ce que Simone et sa sœur savent de l'époque où elle les a «abandonnées». Elle espère avoir l'occasion de leur raconter par elle-même «comment c'était vraiment». A voir si l'immense championne acceptera cette main tendue.

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