Le contrôle de sécurité, ce moment pénible où on nous demande de manière parfaitement aléatoire d'enlever nos chaussures, notre ceinture, certains bijoux (pas tous, logique), de lever les bras, «c'est bon, allez-y»... Et où il y a toujours un débile qui ne sait pas qu'il faut sortir son ordi de son sac («sauf dans certains aéroports», oui ça va, on sait).
Bref, un moment et un endroit où, en chaussettes sur un sol immonde, on range sa dignité avec son passeport, son téléphone, son Labello et ses chaussures dans un bac gris. Pas excessivement glamour. Enfin ça, c'était avant la tendance «aiport tray trend».
Car sur les réseaux sociaux, ce bac grisâtre que personne n'avait jamais eu l'idée de nettoyer avant le Covid est désormais une œuvre d'art. Il s'agit d'y balancer ses affaires, but make it aesthetic. «Balancer» n'est peut-être pas le terme le plus approprié, puisqu'il faut les disposer de manière nonchalante, mais artistique. Un boarding pass (imprimé sur du papier, eh oui, so 1992), un vernis à ongles (pas dans un sachet transparent comme l'aéroport l'exige - c'est moche), un livre (choisi parce que la couverture est jolie) et des chaussures (dans les mêmes teintes) deviennent ainsi un tableau.
Une fois l'œuvre terminée, il s'agira d'immortaliser la composition, la nature morte, mais pleine de vie, dans une photo aérienne (aérienne, aéroport... pardon) afin de faire savoir au reste de la planète que derrière l'humain qui voyage, il y a un artiste, un être doté d'une sensibilité, d'un petit cœur qui palpite «TOUDOUM-TOUDOUM-TOUDOUM», et d'une vision du monde so different.
Un être humain qui reproduit la même chose que ses congénères, certes, mais à sa sauce. Qui amène sa pierre à l'édifice de l'art. Car grâce à cette photo, l'artiste-voyageur, ou le voyageur-artiste, c'est selon, peut publier son œuvre sur les réseaux sociaux accompagnée du hashtag #AirportTrayTrend.
Voilà, c'est publié. Vertige. Palpitations. Le monde est un peu meilleur grâce à cette photo qui... Bon allez, stop. Soyons sérieux deux minutes: elle quand même bien est pétée cette tendance, non?
Apparue cet été tel un variant du mpox, l'esthétique de la boîte grisâtre d'aéroport a rapidement essaimé à travers les réseaux sociaux. Au point que l'on peut légitimement se demander si on ne risquerait pas de rater son vol à cause de ces artistes qui feraient perdre leur temps (et leurs nerfs) aux autres voyageurs dans la file d'attente aux contrôles.
@joinkhamsa5 #FYP #FashionTikTok #TikTokFashion #TikTokStyle #OOTD #StyleInspiration #StyleInspo If you’ve been wondering, what the hell the airport trays aesthetic is, don’t worry we’ve got you. Head to Khamsa5.com where we not only break down the #trend, but give you great visual examples of how you can re-create it too. Video by @Becwatkinson. #AirportTrays #AirportFashion #AirportAesthetic #Style ♬ original sound - ℒ
Mais ces gens sont décidément plein de bonnes idées. Comme l'explique cette adepte de l'esthétique du bordel organisé aéroportuaire, il faut, si on peut, ramener une de ces boîtes à la maison, saleté séculaire comprise, et faire ses shootings d'aéroport dans son petit deux pièces.
Histoire de pousser le vice jusqu'au bout, on n'hésite pas non plus à se télécharger et s'imprimer un faux boarding pass parce qu'on n'a vraiment rien de mieux à faire de sa vie manifestement, hell yeah.
@pipertaich Replying to @Kimberly Mayflower TSA bin aesthetic photo tutorial! ✈️ #pinterest #thrifted #airportaesthetic #phototutorial ♬ original sound - piper taich
Il n'est pas toujours possible de voler une boîte grise à l'aéroport. Les raisons peuvent être multiples. Par exemple: il est encombrant de voyager avec cette chose sous le bras alors que vous comptiez juste aller vous la coller pour pas cher à Barcelone. Vous pourriez aussi ne pas avoir envie de ramener chez vous la saleté de millions de personnes ayant utilisé la boîte avant vous. Ou, tout simplement, parce que dans de nombreux pays (genre partout), il est interdit de voler des trucs (surtout dans un aéroport avec des douaniers, des militaires, des policiers...).
Ainsi, dans le cas où il est difficile d'emporter ce satané bac chez soi, certains adeptes de la «airport tray trend» conseillent de faire sa photo... une fois le contrôle de sécurité passé. Oh wow. On n'y aurait pas pensé soi-même.
@chelseaasoflate @chelseamaninang ♬ original sound - speedz!
Rappelons au passage que faire des photos et vidéos avec son téléphone juste avant ou juste après le contrôle de sécurité est assez mal vu (genre interdit). Après, si quelqu'un a quand même envie d'aller chatouiller un douanier pour une photo... Hum, ça s'appelle la sélection naturelle. Bon voyage!