Ces dernières années, vous n’avez pas pu passer à côté de l’évolution fulgurante de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, il est possible de générer des images et des vidéos fictives qui, avec chaque mise à jour, deviennent de plus en plus convaincantes. Il n’aura pas fallu longtemps pour que ces outils soient détournés et utilisés comme instruments de désinformation et d’escroqueries.
Si la plupart des millennials et de la génération Z ont grandi avec l’évolution de l’IA et savent, pour l’instant, reconnaître ce qui est artificiel ou non, une autre catégorie de personnes est restée à la traîne. Ce sont ceux qui ont découvert l’ordinateur sur le tard, sans avoir grandi avec la technologie. Ces gens, ce sont les baby-boomers, les personnes nées entre 1945 et 1965… autrement dit, nos chers parents.
Ne généralisons pas pour autant: tous les boomers ne sont pas naïfs. Mais si beaucoup savent parfaitement utiliser un ordinateur ou un smartphone, les chiffres montrent que la transition numérique et son évolution restent parfois floues pour une partie des seniors.
Avec trois milliards d’utilisateurs actifs mensuels en 2024, Facebook reste le premier réseau social au monde depuis 20 ans. C’est donc, évidemment, l’endroit rêvé pour exploiter la naïveté des utilisateurs. Et pour cela, le plus simple est de susciter des émotions. C’est là qu’intervient l’intelligence artificielle, devenue un outil précieux, capable de générer n’importe quelle image, quitte à flirter avec le loufoque pour attirer les utilisateurs les plus crédules.
Qu’il s’agisse d’une belle jeune femme ou d’un enfant prétendant avoir créé une sculpture spectaculaire en carottes, ou encore d’un paysage digne d’une peinture, toutes ces images sont en réalité générées par l’intelligence artificielle (IA).
Ces pièges, qu’on appelle des «boomer traps», ou «pièges à boomers», sont publiés dans des groupes populaires contenant des milliers d'abonnées. Ces images sont conçues pour exploiter les émotions. Qu’il s’agisse de compassion, d’admiration ou d’indignation face à une injustice, l'objectif est de pousser les cibles à baisser leur vigilance.
Cette technique fonctionne particulièrement bien auprès des personnes plus âgées, qui pensent ces contenus authentiques et les «likent», les commentent ou les partagent. Une démarche qui vise la viralité et qui, bien que peu honnête, peut sembler inoffensive à première vue.
Pourtant, elle dissimule une réalité plus sombre.
Les fausses images qui circulent sur le net ont un objectif simple: attirer un max de clics sur la page qui les héberge. Une fois sur place, les visiteurs sont repérés comme étant plus naïfs que la moyenne. Et là, bingo! Ces pages deviennent des terrains de jeu parfaits pour balancer des pubs douteuses ou des liens vers des arnaques bien réelles.
Les internautes crédules qui tombent dans le piège risquent aussi de devenir la cible de brouteurs. Ces escrocs, parfois organisés en réseaux, sont passés maîtres dans l’art de monter de faux investissements en cryptos ou de jouer la carte des arnaques aux sentiments. Bref, si ça a l’air trop beau pour être vrai, fuyez!
Vous vous souvenez d’Anne, cette Française qui avait donné 800 000 euros à un faux Brad Pitt ? Eh bien, c’est exactement ce genre d’arnaque. Les brouteurs ont plusieurs techniques bien rodées. Les escrocs commencent généralement par créer un avatar séduisant d’homme ou de femme pour attirer leurs futures victimes.
Par ce biais, ils peuvent contacter un internaute qui a commenté une image, engager la conversation sous couvert de partager leurs opinions, puis le séduire avec cette identité frauduleuse pour lui extorquer de l’argent. Certains vont même jusqu’à organiser de collectes pour «aider» un enfant généré par IA.
Pour ne pas tomber dans le piège, un bon réflexe: toujours s'assurer de la source d’une image avant de cliquer, surtout si ce qu’elle raconte paraît trop beau (ou trop choquant) pour être vrai. Prenez aussi le temps de regarder les détails.
Les images générées par IA laissent souvent des indices: une main bizarre qui semble sortir de nulle part, un panneau écrit dans une langue qui ne colle pas avec le lieu, des éléments qui peuvent se répéter ou encore des personnages sans ombre. Pour le moment. Car la technologie s’améliore constamment et il est de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux.
Le conseil ultime pour que les boomers survivent sur Internet? Ne jamais faire aveuglément confiance à une personne, une entreprise ou une association rencontrée uniquement en ligne. Et surtout, ne jamais, au grand jamais, sortir sa carte bancaire, pour quelque raison que ce soit.