Le commun des mortels le connait en tant que «frère de Lady Di», celui qui accusait en 1997 la famille royale et les tabloïds de la mort de sa sœur.
Les aristocrates le connaissent mieux comme le filleul de la défunte reine d'Angleterre, Elizabeth II. Une poignée de lettrés britanniques le préfèrent en sa qualité d'historien et d'auteur prolifique. Les réseaux sociaux, eux, savent que c'est un pourvoyeur enthousiaste de photos de son somptueux domaine d'Althorp. Un château au cœur de l'Angleterre, avec des canards, six hectares d'herbe tendre et de vieilles pierres de 500 ans.
Quoi qu'il en soit, Charles, 9e duc de Spencer, suscite toujours fascination et cancans réguliers dans la presse britannique. L'annonce «immensément triste» de son troisième divorce, dimanche dernier, dans les colonnes du Mail On Sunday, ne pouvait pas manquer de faire la Une.
«Jamais deux sans trois», dit l'adage. Le comte n'est pas étranger aux tribunaux de divorce. Après une première union avec l'ex-mannequin Victoria Lockwood qui s'est achevé en 1997, avec laquelle le comte partage quatre enfants, il s'est remarié en 2001 avec Caroline Freud, dont il a eu deux enfants. Charles et sa troisième épouse, Karen Gordon, une philanthrope canadienne, se sont mariés à Althorp le 18 juin 2011. Ils ont eu une fille de 12 ans, Charlotte Diana, en hommage à sa défunte tante.
N'en déplaise à sa noblesse de ton («Je souhaite à Karen tout le bonheur pour le futur», clame-t-il dans le Mail ce dimanche), le divorce s'annonce, au contraire, loin d'être paisible. Pour preuve, le comte Spencer vient d'embaucher le pudding du pudding du barreau britannique. Une négociatrice «démoniaque».
Nous avons nommé: la vénérable baronne Fiona Shackleton, 68 ans, de son petit nom «le Magnolia d'acier».
Avec des honoraires compris entre 700 et 1200 livres sterling de l'heure, cette requin est le premier choix des membres de la famille royale, des stars et des super-riches. Parmi ses clients? Madonna lors de son divorce avec Guy Ritchie ou encore Liam Gallagher. Avocate personnelle du roi Charles jusqu'en 2005, elle représente aujourd'hui encore les princes William et Harry - au mariage duquel elle était invité.
Si le choix de Charles Spencer laisse augurer d'une scission à la fois coûteuse et complexe, il est également singulier. En effet, en 1996, lors de la bataille qui oppose sa sœur Diana au prince Charles, la baronne prend le parti du prince de Galles. Avec succès: elle obtient un règlement «sévère» pour la princesse Diana et le retrait de son titre d'Altesse royale.
En attendant de découvrir à quelle sauce la future ex-épouse va être mangée, on en sait plus sur les raisons qui ont poussé à la séparation du couple, qui clamait encore son amour éternel dans les pages du London Times, en 2020. L'écriture des mémoires du comte. Un travail qui l'a «profondément affecté» et poussé à entamer une énième thérapie. Les remerciements du livre mentionnent d'ailleurs sa future ex-femme et sa famille de l'avoir supporté, alors qu'il était «irritable et épuisé».
Plus tôt cette année en effet, Charles Spencer faisait la Une avec la publication de sa première autobiographie choc, A Very Private School. Un témoignage brutal, poignant et salué à l'unanimité par la critique, sur les abus physiques, verbaux et sexuels qu'il a subis à Maidwell Hall, l'un des internats les plus prestigieux du Royaume-Uni. Le comte y détaille notamment une agression sexuelle par une assistante-matrone travaillant au pensionnat, alors qu'il n'avait que 11 ans.
«Elle s'est assise sur le côté de mon lit. Elle était souriante, gentille et bavarde. (...)», écrit-il notamment. «Elle choisissait l'un de nous chaque trimestre pour partager son lit et l'utilisait pour des rapports sexuels.»
«J'ai ressenti le besoin de perdre ma virginité dès que l'occasion se présentait», poursuit le comte, qui à 12 ans, sollicitera les services d'une prostituée. Il conclut avec amertume dans ses mémoires: «Je suis certain que certaines choses sont mortes pour moi entre mon huitième et mon treizième anniversaire (...). L’innocence, la confiance, la joie – tout cela a été piétiné et rejeté dans ce petit monde désuet, snob et vicieux que la haute société anglaise a construit.»
Profondément marqué par ces abus, dont il n'a jamais fait part à sa sœur Diana dont il était pourtant très proche, Charles Spencer multipliera les thérapies dans les années suivantes. «Je suis en thérapie et hors thérapie depuis 20 ans», confiait-il déjà au Times il y a quelques années.
A ces accusations qui ont choqué le Royaume-Uni, la Maidwell School a répondu qu'elle était «désolée» et que «presque toutes les facettes de la vie scolaire ont évolué de manière significative depuis les années 1970».
Curieux hasard du calendrier, deux jours après l'annonce publique du divorce du comte le 8 juin, la police du Northamptonshire a annoncé qu'une enquête préliminaire avait été ouverte, dans la foulée des allégations d'abus sexuels qui auraient eu lieu au sein de l'établissement. Le début d'une justice, peut-être, pour les enfants victimes des traitements particulièrement cruels en vigueur dans les internats à l'époque.
En ce qui concerne Charles Spencer, rassurez-vous: son année n'est pas complètement dramatique. Selon le Mail, le comte s'est récemment rapproché de l'archéologue norvégienne Cat Jarman, avec laquelle il anime un podcast historique. Leurs amis disent qu'ils ont l'air «très heureux ensemble» mais que ce n'est que le début. Un énième chapitre dans la vie médiatique du 9ᵉ comte Spencer.