Pourquoi il faut s'inquiéter si vous voyez l'émoji suisse sur Internet
Les réseaux sociaux ne font pas que du bien aux gens, on le sait. Chez les adolescents en particulier, le développement des algorithmes peut les guider dans des spirales de contenus négatifs. Le point d'orgue de ce monde sombre, mais bien réel: les contenus liés au suicide.
Parlez-en et faites-vous aider 24 heures sur 24, c'est confidentiel et gratuit:
La Main Tendue (adultes, 24/7) au 143
Pro Juventute (jeunes, 24/7) au 147
Urgences médicales au 144
stopsuicide.ch
Le dernier rapport d'Amnesty international, publié mardi, fait froid dans le dos. L'ONG a voulu connaître la vitesse à laquelle les jeunes pouvaient se retrouver pris au piège de ces contenus, en créant des faux comptes d'utilisateurs de 13 ans sur TikTok.
La méthode: arrêter de scroller pour regarder jusqu'à la fin deux contenus liés à la santé mentale, sans même liker ni partager. Cela suffit pour que l'algorithme «déduise vos centres d'intérêt» et recommande des contenus. Problème: la «spirale infernale» s'active très vite.
- En 20 minutes, les fils sont «saturés de vidéos sur la santé mentale»
- Après 45 minutes, des «messages explicites sur le suicide apparaissent»
- Après trois heures, «les comptes sont inondés de contenus sombres», y compris des appels formels au suicide
Le drapeau suisse, synonyme de suicide
Dans cet océan de pénombre, un symbole qui devrait pourtant nous réjouir devient synonyme de mort: le drapeau suisse. Amnesty International indique ainsi dans son article:
Comment est-ce possible? Un compte-rendu de l'Assemblée nationale française, dédié aux «effets psychologiques de TikTok sur les mineurs», détaille les propos d'une adolescente lors d'un entretien. Elle y indique notamment que «certains émojis sont utilisés pour détourner les contenus». Par exemple?
La jeune femme déroule: «Il y a plein d’émojis qui ont des connotations relatives au mal-être et qui sont utilisés comme hashtags. L’algorithme les utilise pour nous proposer des vidéos similaires.»
La mère de Charlize, cette jeune niçoise de 15 ans qui a mis fin à ses jours en 2023, après avoir été victime de l'algorithme de Tiktok, explique que, «quand on tape les mots "suicide" ou "scarification", il y a un message d’alerte qui nous stoppe». Les émojis sont alors utilisés comme «moyens détournés pour accéder» à des contenus évoquant le suicide.
«L'hypocrisie de TikTok»
Le père d'une autre adolescente, qui s'est également suicidée, témoigne auprès des autorités françaises. Après avoir tapé le mot «suicide», Tiktok lui a envoyé un message de prévention indiquant «Tu n’es pas tout seul. Voici le numéro de SOS Amitié. Ce n’est pas bien.» Mais ce qui aurait pu être un procédé louable ne l'est pas. Car il a suffi que le père de famille entre un émoji drapeau suisse pour que l'algorithme se déchaîne:
Le père dénonce ainsi «l'hypocrisie de TikTok», car «l’algorithme a compris de quoi on parle». Ainsi, «l’intelligence artificielle lit et comprend les vidéos» et n'hésite pas à les proposer une fois les termes-clé simplement contournés.
Quant au fait de savoir pourquoi c'est le drapeau suisse qui s'est développé comme symbole de référence au suicide, difficile à dire. Est-ce parce que «Suisse» sonne comme le début du mot «suicide»? Ou bien s'agit-il de l'importance de la Suisse comme destination pour le suicide assisté? Ou bien de l'impression de «kit de premier secours» que donne le drapeau?
Dans tous les cas, si vous voyez ce message passer sur le profil d'un ami ou d'une connaissance, n'hésitez pas à en parler ou à contacter un de ces numéros:
Pro Juventute (jeunes, 24/7) au 147
Urgences médicales au 144
stopsuicide.ch
