Serena Williams fait de la pub pour des seringues et ça indigne
Serena Williams, ce n’est pas juste une immense joueuse de tennis. C’est une légende. The GOAT. Vingt-trois titres du Grand Chelem, un palmarès qu’aucune joueuse de l’ère moderne ne peut égaler, un physique explosif qui a longtemps défié les standards body positive sans en faire une affaire militante.
Sur le court, Serena brillait par sa puissance, sa rage de vaincre, son style. Hors du court, elle a souvent été célébrée pour son rapport décomplexé à son corps, son authenticité, sa façon de bousculer les normes. Sauf que voilà, en 2025, la tenniswoman mise sur une seringue pour maigrir.
Pas de panique; il s’agit d’un médicament GLP-1, un produit autorisé. Mais ce qui passe mal, c’est que l'Américaine de 43 ans ne fait pas que l’utiliser, elle en fait la promo.
Une pub qui ne plaît pas à tout le monde
Dans une vidéo, l’ex-sportive devenue femme d’affaires y va franchement: elle a perdu 31 livres, soit plus de 14 kilos, grâce à cette piqûre magique. Plus d’énergie, moins de douleurs articulaires, un corps plus léger, une vie meilleure. Elle l’assume, elle l’affiche, elle le vend. Et ça, ça ne plaît pas à tout le monde.
Sur les réseaux sociaux, beaucoup s’étranglent: depuis quand une icône du sport, un modèle de discipline, a-t-elle besoin de promouvoir un médicament pour maigrir? Depuis quand celle qui a passé sa vie à montrer que la performance passe par le travail, l’entraînement et la sueur, choisit-elle d’emprunter la voie express du GLP-1?
L’affaire est d’autant plus sensible que Serena Williams ne rentre dans aucune case habituelle. Elle n’a jamais été en situation d’obésité morbide, elle n’a pas fait de cette perte de poids un enjeu médical vital. L’Américaine explique toutefois qu’après la naissance de sa deuxième fille, en 2023, elle n’arrivait pas à perdre ses kilos de grossesse.
Elle dit avoir tout essayé, sans succès, et souffrait en plus de douleurs articulaires récurrentes. C’est à ce moment-là, et seulement après avoir arrêté d’allaiter, qu’elle a décidé de se tourner vers cette classe de médicaments. Zepbound, Wegovy, Ozempic, ils ont tous fait leur entrée dans les conversations ces derniers mois, d’abord chez les stars, puis dans les cabinets médicaux.
Sauf que voilà, quand c’est Serena Williams qui s’y met à son tour, ça n’a pas la même portée que lorsqu'il s'agit de n’importe quelle autre star. On parle d’une légende du sport. Et c’est précisément pour cette raison que les critiques fusent. Beaucoup lui reprochent de renforcer, même sans le vouloir, une vision anxiogène du corps féminin: celle où il faut tout faire, y compris se piquer le ventre, pour rentrer dans les standards d'«acceptabilité».
«L’effort ne suffit plus»
La pilule passe mal chez certains de ses fans de la première heure, qui ont toujours vu en Serena un modèle d’empowerment physique, loin des diktats classiques.
Mais la vérité, comme souvent, est plus complexe. D’abord parce que Serena ne nie rien. Elle ne tente pas de camoufler ses injections, au contraire. Elle raconte son parcours avec une certaine honnêteté, sans enjoliver, sans se poser en victime, comme elle le confie sans détour.
D'ailleurs, si elle parle, dit-elle, c’est pour casser les tabous autour de ces traitements, qui ne sont pas réservés à une élite capricieuse mais peuvent, selon elle, aider de nombreuses femmes à se sentir mieux.
Et puis, il y a un autre point: la championne de tennis n’est pas seulement l’ambassadrice de Ro, la société qui distribue ces médicaments. Son mari, Alexis Ohanian, siège au conseil d’administration de Ro et y a investi, ajoutant une dimension business à l’affaire. Transparence innocente ou stratégie marketing? Un peu des deux, sans doute.
Reste que le débat soulève une question essentielle: jusqu’où peut-on aller pour se sentir bien dans son corps? Et que signifie «être en bonne santé» quand même les anciennes championnes se sentent en décalage avec leur propre image?
Serena Williams, elle, semble avoir tranché. Elle a retrouvé la forme, elle se sent bien dans son corps, elle joue au tennis à nouveau avec plaisir. Et si certains, parce qu’elle est une icône du sport, parce qu’elle incarnait la discipline, la force, l’anti-grossophobie, l’accusent d’avoir cédé à la pression sociale, d’autres saluent au contraire sa franchise et son courage. Dans tous les cas, elle continue de faire parler d’elle. Et sur ce terrain-là, l'Américaine reste imbattable.
