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La France pourrait interdire les réseaux sociaux aux mineurs

Les députés français accusent TikTok d’avoir mis en danger ses utilisateurs
Un rapport parlementaire en France accable TikTok et son algorithme.Image: Shutterstock

La France pourrait interdire les réseaux sociaux aux mineurs

Au Parlement français, une commission veut notamment interdire TikTok aux moins de 15 ans et instaurer un couvre-feu numérique pour les ados.
11.09.2025, 16:0211.09.2025, 16:41
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Un «océan de contenus néfastes», de la violence «sous toutes ses formes»: un rapport du Parlement français sur TikTok, critiqué par la plateforme, préconise jeudi d'interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans et un «couvre-feu numérique» pour les 15-18 ans, afin de tenter d'endiguer un «piège algorithmique» dangereux pour les plus jeunes.

Une telle interdiction, déjà souhaitée par la présidence de la République, permettrait «de donner un signal à la fois aux enfants et aux parents qu'avant 15 ans», les réseaux sociaux, «ce n'est pas anodin», a résumé auprès de l'AFP la députée du parti présidentiel Laure Miller, rapporteure de cette commission d'enquête parlementaire.

Lancée en mars, la commission a auditionné des familles de victimes, des responsables de réseaux sociaux et des influenceurs pour décortiquer l'algorithme de TikTok, «copié par d'autres réseaux sociaux», a rappelé Miller.

Les constatations

En se plongeant dans cette application ultrapopulaire chez les jeunes, les députés ont constaté «un océan de contenus néfastes», mêlant des vidéos de «promotion du suicide, d'automutilation» et «une exposition à la violence sous toutes ses formes», dopé par les programmes de recommandations puissants qui enferment les jeunes dans des bulles nocives, a-t-elle détaillé.

Pour le président socialiste de la commission d'enquête Arthur Delaporte, «TikTok a délibérément mis en danger la santé, la vie de ses utilisateurs». Il a saisi la justice pour ces possibles «infractions de nature pénale» et pour «parjure» des dirigeants de l'application.

Tiktok riposte

Un porte-parole de TikTok a «catégoriquement» rejeté la «présentation trompeuse» de la commission, estimant que les députés cherchent «à faire de notre entreprise un bouc émissaire face à des enjeux qui concernent l’ensemble du secteur et de la société».

TikTok mène «depuis longtemps une politique exigeante en matière de sécurité et de protection de ses utilisateurs», notamment les adolescents, a-t-il indiqué à l'AFP.

Des jeunes meurent

«Je salue cette initiative», a réagi l'avocate Laure Boutron-Marmion, fondatrice du collectif Algos Victima qui représente plusieurs familles ayant assigné TikTok en justice fin 2024, l'accusant d'avoir exposé leurs enfants à des contenus pouvant les pousser au suicide.

«C'est compliqué pour nous, parents, de modérer tout ça»
Géraldine, 52 ans, qui fait partie des plaignants et souhaite rester anonyme.

En février 2024, cette mère de famille a perdu sa fille, Pénélope, qui s'est suicidée à l'âge de 18 ans. Après son décès, elle avait découvert les vidéos de scarification que sa fille publiait et consultait sur TikTok.

«Ce n'est pas TikTok qui a tué notre fille, parce que de toute façon, elle n'allait pas bien», explique Géraldine, mais le réseau a «enfoncé» sa fille dans son mal-être.

TikTok assure régulièrement faire de la sécurité des jeunes «sa priorité absolue» grâce entre autres à une modération dopée à l'intelligence artificielle qui permet de supprimer proactivement les contenus enfreignant ses conditions d'utilisation.

Au-delà des contenus nocifs, les autres impacts négatifs du réseau sur les mineurs incluent perte de l'attention et de la concentration, perturbation du sommeil ou problèmes d'estime de soi, en particulier pour les adolescentes, détaille Miller.

Macron est sur le coup

Pour y remédier, le rapport propose l'instauration d'un «couvre-feu numérique» pour les 15-18 ans, rendant les réseaux sociaux inaccessibles de 22h à 8h, ainsi qu'une vaste campagne d'information sur leurs risques, suivie de la création d'un «délit de négligence numérique» pour «les parents irresponsables».

L'interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans est un cheval de bataille du président Emmanuel Macron.

De récentes lignes directrices de la Commission européenne ont «ouvert la porte à une réglementation nationale», dont «la clé est la mise en place d'un dispositif de vérification de l'âge à l'inscription», selon Laure Miller.

Offensive dans plusieurs pays

Plusieurs pays de l'UE ont récemment appelé Bruxelles à davantage encadrer l'utilisation des plateformes en ligne par les enfants, face aux inquiétudes concernant leur caractère addictif mais aussi les dangers liés au cyberharcèlement ou à la prolifération des discours de haine.

Ailleurs dans le monde, le Parlement australien a voté fin 2024 une loi interdisant l'accès aux réseaux sociaux aux moins de 16 ans. En mars, l'Albanie a ordonné à tous les fournisseurs d'accès à internet du pays de bloquer l'accès à TikTok, après la mort d'un élève de 14 ans dans une rixe.

La France fait partie des pays qui testeront au printemps un outil européen de vérification de l'âge «labellisé et fiable», a souligné Miller. Les députés de la commission souhaitent désormais porter «rapidement» une proposition de loi «transpartisane», espérant qu'elle obtiendra un large soutien «quels que soient les gouvernements qui arrivent».

«La France peut être un exemple» et «le premier pays européen à légiférer sur ces sujets», a espéré Me Boutron-Marmion. (jah/afp)

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