Les millennials s'en rappellent sûrement, mais sous un autre nom: le «thigh gap», en français «l'écart entre les cuisses». Jadis, dans les années 2010, le phénomène de cet espace a envahi la planète, au mépris de toute notion de bon sens et de santé.
Pour être tendance, il fallait donc que les jambes des femmes ne se touchent pas. Et même si on a fini par comprendre qu'il s'agissait d'une idée à la con, un culte de la maigreur stupide, qui poussait de nombreuses jeunes filles à s'affamer, les réseaux sociaux ont remis le couvert quelques années plus tard. Nous voici désormais dans l'ère tout aussi conne du «legging legs» (jusqu'à la prochaine «tendance» dangereuse et affligeante).
Naguère, ma génération a ainsi sauté des repas pour essayer d'avoir cet écart entre les cuisses. Car qu'y a-t-il de plus sympathique à faire quand on est ados, déjà bourrés de complexes, que de crever de faim pour atteindre un modèle de beauté qui valorise la maigreur et un mode de vie malsain?
Cette fois, il s'agit également d'avoir le haut des jambes qui ne se touche pas, mais plus spécifiquement dans des leggings (un vêtement qui devrait déjà simplement être banni, à moins de pratiquer le yoga ou d'avoir 17 heures d'avion à faire, et encore).
Mais si certaines jeunes filles et femmes plutôt fines ont naturellement ce «thigh gap» ou ces «legging legs», l'objectif, si tant est que l'on puisse qualifier ceci comme ça, n'est pas atteignable pour tout le monde. Car cet écart n'est pas déterminé uniquement par la minceur des cuisses, mais aussi par la largeur du bassin et la morphologie de chacune de manière plus globale. Un but quasi impossible à atteindre sans se mettre en danger donc, et qui cause de nouvelles insécurités chez les plus jeunes générations.
Le phénomène est observé avec inquiétude par les millennials qui ont déjà subi les effets particulièrement nocifs du «thigh gap» dans leur jeunesse et qui tentent de mettre en garde les plus jeunes sur les réseaux sociaux.
Pour autant, la notion de danger ne semble pas freiner les plus déterminées - ou les plus complexées - à tenter d'amaigrir leurs cuisses par tous les moyens. Sur TikTok, les vidéos estampillées «legging legs» ont atteint près de 50 millions de vues... Avant que le réseau ne se décide enfin à intervenir pour protéger les plus jeunes de sombrer dans les troubles alimentaires. C'est désormais un message de prévention, proposant de l'aide, qui s'affiche lorsque l'on recherche ces mots-clés ou ce hashtag sur TikTok.
Depuis le retour de cette tendance sous le nom de «legging legs», certains professionnels comme des nutritionnistes et d'autres internautes s'insurgent, publiant à leur tour des vidéos pour rappeler que cet écart dépend avant tout de certaines prédispositions génétiques et d'une structure osseuse particulière, et par-dessus tout qu'il n'y a aucune raison de s'affamer pour atteindre un idéal de beauté malsain.
De nombreux utilisateurs, souvent des millennials qui ont subi ces pressions stupides et dangereuses par le passé, ont également attaqué cette tendance à grands renforts de commentaires acides.
@mikkzazon We are not doing this.
♬ original sound - Mik Zazon
D'autres internautes encore ont répondu que de toute façon, la forme du corps des femmes ne doit pas être influencé par des tendances qui changent au fil du temps.
Pour autant, le mal semble être déjà fait. En commentaires, des jeunes filles et des femmes ont déclaré ne plus vouloir porter de leggings... pour le moment du moins, car elles n'ont pas ce fameux écart entre les cuisses.
Pour l'heure, même si la recherche de «legging legs» sur TikTok n'est plus possible, certaines vidéos prônant ces cuisses maigres sont toujours accessibles par d'autres biais.