Aux Etats-Unis, le «boule qui chamboule» n'est plus l'apanage des femmes. Exit les petites fesses molles, ces messieurs, inondés eux aussi de photos de postérieurs imposants sur les réseaux sociaux, chercheraient à leur tour à «se faire un cul» à la salle. We want des fesses rebondies, yeah!
C'est en tout cas ce qu'avancent le New York Post et le magazine Men's Health, qui ont interrogé des «spécialistes» de l'arrière-train. L'Anglais Gareth Sapstead, qui se présente comme coach sportif, auteur, entraîneur olympique - entre autres - affirme que de plus en plus d'hommes cherchent à développer la force et la taille de leurs fessiers. Et il y a, selon cette expert en fesses fermes, deux raisons principales à cela, explique-t-il dans le magazine spécialisé:
Le Post, qui affirme carrément que les grosses fesses masculines seront une «tendance fitness pour 2024», a fait confirmer les dires de l'Anglais par Eric Cobb, un coach sportif basé au Texas.
Le Texan note en effet un changement de paradigme: «Avant, les hommes se concentraient sur les biceps, le torse et les abdominaux. Désormais, les supports de squat et autres équipements axés sur les fessiers sont de plus en plus utilisés».
Toujours selon le Post, qui cite encore son expert en muscles, les cours de pilates ou de yoga, autrefois fréquentés principalement par la gent féminine, trouvent aujourd'hui de plus en plus d'adeptes chez les hommes. De quoi se tailler un fessier d'Apollon.
Goodbye America, hello Switzerland. Les mâles helvétiques ont-ils les mêmes espoirs - ou les mêmes angoisses - face à ce que le coach anglais qualifie de «fesses en pancakes»?
À l'Activ Fitness du Théâtre, à Lausanne, ces messieurs ne semblent pas se soucier particulièrement de se faire un fessier en acier. Toutefois, un employé de l'établissement relève tout de même un léger changement chez les adhérents depuis plusieurs années.
Les Lausannois seraient-ils moins regardant sur la fermeté de leurs derrières que le reste de la Suisse romande? Du côté de Neuchâtel, lorsqu'on pose la question à Geoffrey Tock, c'est d'abord par un éclat de rire que nous répond le coach sportif:
Il précise toutefois que sur la semaine, certains hommes consacrent éventuellement une séance pour les jambes. Et vraiment, rien pour les fessiers?
Au Let's Go des Eaux-Vives, à Genève, les clichés - les hommes ne travaillent que le haut du corps, les femmes le bas - tendent à s'estomper. «Ici, les flamants roses se raréfient», sourit France Bourgès.
Si la coach sportive et prof de fitness assure qu'aucun homme n'est jamais entré dans l'établissement genevois en disant «bonjour, j'aimerais un cul en béton», les femmes arrivent parfois avec cette demande. Par ailleurs, France Bourgès constate que les hommes qui travaillent bel et bien leurs fessiers... sont quasiment tous suivis par un personal trainer.
Selon la coach sportive, les néophytes qui font appel à un personal trainer le font d'abord dans le but d'investir dans leur physique. Autrement dit, pour des questions esthétiques. «Mais rapidement, ils comprennent qu'il faut s'entraîner de manière fonctionnelle et utile. L'objectif esthétique, une fois atteint, devient secondaire, la plupart change ensuite de discours et ces hommes continuent à travailler pour être forts et en bonne santé, pas uniquement beaux.»
Des corps esthétiques, et désormais forts et sains dans leur ensemble, plutôt que des zones surentraînées, comme les fessiers, ou jadis le trio biceps-abdos-pecs. Faut-il y voir un rejet (pour le moment) de «l'américanisation» de nos postérieurs, ou un décalage de tendances? L'Yverdonnois Jessy Kalambay, ex-tennisman professionnel reconverti en coach sportif online depuis une dizaine d'années, n'a jamais travaillé avec des hommes souhaitant développer leurs fessiers en particulier.
Le Vaudois note toutefois une ouverture d'esprit plus grande qu'il y a quelques années. «Aujourd'hui, on va travailler les fessiers, puisqu'on va davantage travailler tout le corps, même si avoir des fesses fermes n'est pas un objectif en soi. Mais ça peut changer.» Car selon lui, les tendances mettent du temps à franchir l'Atlantique.
La tendance des fessiers forts et rebondis chez les hommes américains arrivera-t-elle jusqu'ici? Peut-être. Car si l'on prend l'exemple des femmes, il y a encore quelques années, la plupart d'entre elles craignaient de soulever des poids par peur de prendre de la masse. «Elles sont de plus en plus nombreuses aujourd'hui à vouloir développer leur force, à vouloir un corps puissant», note le coach sportif online. Des corps féminins plus forts, plus musclés, une tendance qui vient...des Etats-Unis, boostée notamment par l'avènement du CrossFit. Les fesses des hommes suivront-elles le même chemin?