Le Coca Zero fait-il grossir? On a enfin la réponse
Un goût sucré, mais pas de calories - la perspective a de quoi allécher. Une étude récente révèle pourtant que les édulcorants les plus populaires pourraient favoriser plutôt que combattre l'obésité galopante.
Une équipe de la Keck School of Medicine de Los Angeles a fait boire à 75 personnes soit une boisson édulcorée au sucralose (un édulcorant artificiel sans calories), soit une eau sucrée similaire, soit de l'eau pure. Objectif: examiner par IRM fonctionnelle l'effet de ces breuvages sur l'activité cérébrale. Les chercheurs ont en outre analysé le sang des participants, qui ont été interrogés sur leur sentiment de satiété.
Il s'est avéré que, par rapport au sucre, le sucralose activait nettement plus l'hypothalamus, la zone centrale du cerveau qui contrôle l'appétit. Il s'est en outre davantage connecté aux régions liées à la motivation et au traitement sensoriel des stimuli. Selon la directrice de l'étude, Kathleen Page, cela prouve clairement «que le sucralose peut influencer l'envie de sucre ou le comportement alimentaire».
Aucune sensation de satiété
Car, contrairement au sucre, l'édulcorant n'a pas augmenté le taux d'hormones dans le sang qui provoquent une sensation de satiété. «Le corps les utilise pour informer le cerveau que l'on a consommé des calories afin de réduire la faim», explique la scientifique.
Le fait que les participants aient signalé une faim relativement forte après avoir consommé de l'édulcorant va dans ce sens. En effet, celui-ci ne fournit certes pas de calories, mais il ne procure pas non plus de sensation de satiété - qui clôt normalement une prise alimentaire. La diabétologue redoute que cela débouche à long terme sur une fringale latente, qui rend les tentatives de perte de poids difficiles, voire impossibles.
Stephan Martin dirige le centre de santé et de diabète d'Allemagne de l'Ouest à Düsseldorf. Pour lui, cette analyse correspond parfaitement à l'état actuel de la recherche:
L'équation simple selon laquelle il suffit d'économiser des calories pour perdre du poids est certes convaincante, mais ne tient en fait pas la route. L'insuline, l'hormone du métabolisme, joue un rôle tout aussi important. «Beaucoup de patients, mais aussi de médecins, pensent qu'elle n'est là que pour faire baisser le taux de glycémie», explique Martin. «Pourtant, déjà à faible dose, elle inhibe la combustion des graisses et assure leur stockage». Et les produits comme le sucralose ou l'aspartame - très populaire - activent la production d'insuline.
Bannir les sodas
On a longtemps exclu ce scénario, car les volontaires en laboratoire n'affichaient pas de hausse de l'insuline lorsqu'on leur faisait boire une boisson avec un édulcorant. Mais en 2020, des chercheurs de l'université américaine de Yale ont publié une étude dans laquelle était administré un mélange de sucralose et de maltodextrine, un sucre très apprécié. Le taux d'insuline a alors littéralement explosé et le comité d'éthique de l'institution s'est même vu contraint de mettre le holà.
Si ce lien de cause à effet choque autant, c'est parce qu'il fait partie du quotidien de beaucoup de personnes. En effet, la plupart du temps, on ne consomme pas juste des édulcorants dans une boisson, mais en combinaison avec d'autres aliments, qui contiennent généralement plus ou moins de glucides.
On ignore encore pourquoi le corps réagit à la combinaison sucre-édulcorant par une forte sécrétion d'insuline. «C'est une situation que nous devons accepter, mais que nous ne pouvons pas encore expliquer», souligne Stephan Martin.
Néanmoins, cela signifie que les édulcorants ne sont pas la solution idéale à l'épidémie mondiale de surpoids. Stephan Martin conseille plutôt de changer les habitudes et les goûts: «Nous sommes devenus quasiment dépendants, et nous devons faire marche arrière».
Cela implique non seulement de bannir les sodas, le sucre et les édulcorants du thé et du café, mais aussi les aliments industriels hautement transformés.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)