Sport
Buzz

Samsung aux JO 2024: la féroce stratégie des selfies

Samsung aux JO 2024: la féroce stratégie des selfies
Getty Images Europe

Cette incroyable stratégie de Samsung hante les JO 2024

Vous avez l'impression de voir le Galaxy Z Flip6 partout depuis la cérémonie d'ouverture? Normal. Le groupe Samsung, partenaire officiel, a déployé une astuce imparable qui, accessoirement, permet aux athlètes d'enjamber une vieille interdiction du CIO.
31.07.2024, 06:00
Plus de «Sport»

Ce n'est pas parce qu'ils battent des records que les athlètes ne sont pas d'abord des jeunes gens de leur âge. Armés d'un compte Instagram ou TikTok (et parfois même OnlyFans), ces champions venus du monde entier tiennent à propager l'expérience parisienne à leur communauté. Du lit anti-sexe à la cantine, en passant par la tour Eiffel et la Seine, il y a largement de quoi faire.

Lors de la cérémonie d'ouverture des JO 2024, alors que les délégations défilaient en péniche au beau milieu du fleuve (presque) nettoyé, deux objets s'échappaient constamment des grappes d'athlètes: les drapeaux nationaux et des milliers de téléphones portables. Et pas n'importe quel smartphone: un Galaxy Z Flip6, spécialement dessiné pour l'occasion, doré et flanqué des anneaux olympiques.

Sans oublier que chaque embarcation, comme celle de la Suisse, disposait d'un téléphone accroché au niveau de la proue, histoire de ne rien manquer de ce défilé hors du commun.

Image

Cette idée ne vient pas du comité olympique, mais de l'un des sponsors principaux de la compétition. Juste avant les festivités, le groupe Samsung a pris soin de distribuer gracieusement près de 17 000 téléphones aux sportifs. Parmi ces heureux récipiendaires, le cycliste et influenceur thaïlandais Thanakarn Chaiyasombat.

Depuis son arrivée dans la belle Paris, les selfies défilent sur son compte Instagram aussi vite que la chaîne de son vélo.

Mais «Frame Thanakarn» n'est pas le seul à brandir son engin à la moindre occasion. Il faut dire que participer à des Jeux olympiques est un moment unique dans la vie d'un jeune athlète. Un souvenir qu'il s'agit de conserver précieusement et, époque oblige, de partager au plus grand nombre. Si bien qu’en plus du précieux téléphone, les délégations se sont vues offrir un forfait Orange, illimité et lié, évidemment, à l'appareil de la firme coréenne.

Pas folle la bête.

Une stratégie qui permet aujourd'hui à des milliers de sportifs très suivis sur les réseaux sociaux de bouffer de la bande passante, tout en échappant à la sévère punition du roaming. Ainsi, chaque fois qu'un Galaxy Z Flip6 est dégainé, c'est une main qui vient caresser l'image de marque de Samsung.

Brillant? Oui. Mais le meilleur est à venir.

Le «selfie de la victoire»

Là où Samsung a fait très fort à Paris, c'est qu'après une savante négociation avec le CIO, la société a obtenu l'autorisation d'enjamber une vieille règle olympique et de faire... monter leur produit sur le podium. Car vous l'aurez sans doute remarqué, cette année, la minute selfie s'est immiscée entre les médailles, la sueur et les larmes de bonheur.

NANTERRE, FRANCE - JULY 29: Gold Medalist Tatjana Smith of Team South Africa (C), Silver Medalist Tang Qianting of Team People's Republic of China (L) and Bronze Medalist Mona McSharry of Team Re ...
Après le 100m brasse femmes, Tatjana Smith de l'équipe d'Afrique du Sud, entourée de la Chinoise Tang Qianting et de l'Irlandaise Mona McSharry s'offrent un selfie de la victoire.Getty Images Europe

Or, d'ordinaire...

«Les objets personnels sont interdits lors de toutes les cérémonies de victoire, afin de garantir la propreté et la cohérence du protocole»
Un extrait du règlement, sur le site du CIO.

Résultat, à chaque médaille et jusqu'à la fin de la compétition, un Galaxy Z Flip6 immortalisera les meilleurs athlètes des JO de Paris. Une exposition médiatique inédite et bigrement efficace, puisque le smartphone est ainsi associé à la victoire, au dépassement de soi et au bonheur partagé; les champions et championnes ayant le réflexe bon enfant de mélanger les nations et les sourires devant l'objectif. Et pour cause: un seul téléphone Samsung peut se promener entre les marches du podium.

PARIS, FRANCE - JULY 29: Gold medalist Manon Apithy-Brunet of Team France (C), Silver medalist Sara Balzer of Team France (L) and Bronze medalist Olga Kharlan of Team Ukraine (R) take a selfie on the  ...
Deux Françaises et une Ukrainiennes, unies le temps d'un selfie rendu possible par Samsung, après la compétition de sabre féminin en individuel.Getty Images Europe

Bien sûr, cette entorse au règlement du CIO n'est possible qu'en passant par un sas de sécurité, baptisé «Athlete365». Avant que les sportifs internationaux puissent partager ces selfies sur leurs réseaux sociaux respectifs, la plateforme s'assure que rien ne dépasse et les propose ensuite au téléchargement, moyennant un mot de passe. Pour dire, ils ont même prévu le coup au cas où l'un des athlètes venait à refuser ce qui est officiellement appelé le «Victory Selfie».

Et la solution est sévère pour les autres:

«Si au moins un des athlètes présents à une cérémonie de remise des prix ne souhaite pas apparaître sur le selfie de la victoire, celui-ci sera annulée»
La plateforme Athlete365

Cette trouvaille est une véritable aubaine pour Samsung. Comme le rappelle le site spécialité Presse-Citron, ce smartphone pliable «peine encore à s’imposer face aux smartphones classiques. La faute à une conception moins durable, plus fragile, mais aussi à leur prix assez élevé». Qu'à cela ne tienne! La firme coréenne espère de réelles retombées après cette opération émotionnelle: «Au moins 30% de croissance de plus que pour le modèle précédent et, pour l'instant, les tendances sont très bonnes», a estimé le directeur marketing français de la division mobile, au Parisien.

Un coup qui rappelle celui de Nike aux JO de Londres

Cerise sur un gâteau soigneusement confectionné, ce fameux Galaxy Z Flip6 est sorti la semaine de l'ouverture des JO. La bonne affaire.

Le Wall Street Journal rappelait en fin de semaine dernière que les Jeux olympiques n'ont jamais vraiment stimulé les ventes des grands équipementiers sportifs, mais «Adidas ou Nike ne veulent pas pour autant manquer l'occasion d'atteindre des milliards de téléspectateurs». En clair, les olympiades sont d'abord l'occasion de fomenter des coups.

La marque à la célèbre virgule avait d'ailleurs fait trembler le marketing mondiale en 2012, à l'occasion des JO de Londres. Alors que son concurrent Adidas avait décroché le partenariat exclusif, Nike se retrouvait contractuellement privé d'afficher des athlètes, d'utiliser des termes comme «Jeux olympiques de Londres», «Londres 2012», «Londres» et même «2012». La firme américaine ne se laissera pas impressionner par la paperasse et attaquera en trois temps.

La première salve? Un spot de pub plutôt malin, qui met en scène d'autres «London» que celle du Royaume-Uni, comme London dans l'Ohio ou Little London en Jamaïque.

La deuxième ressemble à l'effet smartphone doré de Samsung à Paris. Si Adidas était bien le sponsor exclusif des JO de Londres, rien n'empêchait les athlètes de choisir librement leurs baskets. Bingo. Nike parrainera 400 champions en leur fourguant de criardes paires de Volt, dont la couleur vert atomique va finir par irradier les stades.

Image

La 3e idée de Nike? Un gamin en surpoids pour prouver que «dépasser ses limites» est accessible à tous:

Ce déploiement va terrasser Adidas.

Comme le rappelle le spécialiste en marketing Jeremy Kuo, «37% des personnes interrogées étaient persuadés que Nike était le sponsor officiel, contre seulement 21% pour Adidas», selon une étude parue dans la foulée des Jeux olympiques de Londres.

Il faudra sans doute attendre la rentrée de septembre pour savoir si les «Victory Selfies» de Paris 2024 feront exploser les ventes du Galaxy Z Flip6. Mais la créativité de Samsung mérite déjà une médaille d'or.

Qui est Peggy, la chienne la plus moche et célèbre de Hollywood?
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
2 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
2
Olympic a été immense
Les basketteurs fribourgeois ont fait match nul face aux redoutables grecs du PAOK Thessalonique (62-62), ce mercredi en quart de finale aller de la FIBA Europe Cup.

Il y a sept ans, la dernière fois qu'Olympic avait affronté le PAOK en Coupe d'Europe (c'était en Ligue des champions), le président fribourgeois Pascal Joye ne s'était pas fait la moindre illusion. «Je n'ai jamais senti qu'on avait la moindre chance, à l'aller comme au retour.» Les hommes de Petar Aleksic avaient été battus de 31 points en Grèce, puis de 20 à Fribourg. Mais cette année, Pascal Joye croyait très fort en quelque chose de différent. Et il a eu raison.

L’article