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Ski: Marco Odermatt ressemble de plus en plus à Roger Federer

Switzerland's Marco Odermatt competes during a World Cup men's giant slalom skiing race, Sunday, Dec. 7, 2025, in Beaver Creek, Colo. (AP Photo/Robert F. Bukaty)
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Tout en contrôle, Marco Odermatt a cueilli son premier succès en slalom géant à Beaver Creek, aux Etats-Unis. Keystone
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Odermatt ressemble de plus en plus à Federer

Marco Odermatt a démontré qu'en géant il restait le plus fort. Mieux, il progresse sur les skis et dans la tête. Sa gestion remarquable rappelle un certain Roger Federer.
10.12.2025, 18:5410.12.2025, 18:54

Ce gars-là est de la race des champions. Marco Odermatt n'avait jamais brillé en géant sur la Birds of Prey de Beaver Creek, dans le Colorado: il compilait les sorties de piste (trois fois dans les décors) et n'avait jamais fait mieux qu'une 27e place. Indigne de son rang, loin de ses standards qui provoquent des hallucinations aux fans de ski.

Mais le 7 décembre 2025, cette anomalie a été corrigée avec brio en claquant une belle victoire. Plus intéressant encore, après une première manche où il collait près d'une seconde à tout le monde, «Odi» s'est montré fin tacticien sur une deuxième manche très délicate. Comme chaque année, le parcours américain se détériore en deuxième manche; un rail se forme et repousse le skieur hors de la ligne idéale. Il faut savoir épouser ce fameux rail avec un certain toucher et une malice que peu arrive à embrasser.

Ils sont nombreux à avoir tenté. On pense à Lucas Pinheiro Braathen (5e), qui écrivait sur ses réseaux sociaux qu'il avait tout donné pour rafler les lauriers. Sans succès.

Lucas Pinheiro Braathen était déçu après son géant de Beaver Creek.
Lucas Pinheiro Braathen était très déçu après son géant dans le Colorado.

Or, dimanche dernier, il fallait jouer, un peu, mais surtout skier avec la tête; savoir se placer quand il le fallait. Si vous regardez la deuxième manche d'Odermatt, dans chaque passage critique, il les avalait intelligemment. Dès la sortie du portillon, avec ses 1 sec 31 d'avance sur Alex Vinatzer, en tête après une grosse deuxième manche, le Suisse se montrait agressif et très explosif sur le haut avant de marquer son appui à la douzième porte. C'est l'instant où il a opté pour plus de malice lors de la transition entre le premier mur et la partie plus plane. Un secteur clé qui façonnait une bonne partie de la manche.

Il s'est ensuite «contenté» de gérer sa manche, avant de se montrer très intelligent sur le Golden Eagle, autre passage clé, en étant très direct et précis à la porte. Une entrée qui a conditionné la fin de sa manche pour lui permettre de cueillir une 49e victoire.

Une manche intelligente pour signer un obscure 25e lors de la deuxième manche. A ce jour, c'est peut-être l'un de ses parcours (en course) les moins aboutis de sa carrière. Mais ce n'est pas anodin, il est d'ailleurs le reflet d'une approche presque contre-nature du Nidwaldien. Du haut de ses 28 ans, lui qui se disait «très nerveux» lors de son second run américain en interview d'après-course, emprunte le même chemin qu'un certain Roger Federer.

Si souvent comparé à la légende du tennis mondial, Odermatt a montré que les champions savaient modifier leur recette gagnante. Et cette victoire a un goût spécial. Non pas parce qu'il n'avait jamais brillé dans le Colorado en géant, mais bien dans sa construction qui rappelle le Maître (du tennis). Federer a gentiment modifié son jeu pour prolonger son règne, comme sa technique de service ou en ajoutant de nouveaux coups à sa palette.

A l'image d'«Odi», qui a basculé, dans une certaine mesure, dans une autre dimension lors du second parcours de Beaver Creek. C'était une manche tout en gestion: il n'a pas commis l'erreur de partir sur le ski intérieur, son péché mignon; il n'a pas skié à 250%; il a surtout travaillé sur son pied aval pour rester en avant et a gardé une vraie mobilité - même s'il a frisé le code en laissant son bras dans la porte sur le bas du tracé. Les observateurs s'attendaient à une démonstration, ou alors à une sortie de piste. En somme, tout ou rien. Mais le leader de la Coupe du monde a fait mentir les ayatollahs du ski alpin.

Switzerland's Marco Odermatt competes during a World Cup men's giant slalom skiing race, Sunday, Dec. 7, 2025, in Beaver Creek, Colo. (AP Photo/Robert F. Bukaty)
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La protection a volé au contact de la porte.Keystone

En 2025, Odermatt progresse encore, sur les skis et surtout dans la tête. Cette victoire, la deuxième sur trois géants cette saison, est le signe qu'il a encore des atouts dans sa manche pour aligner ses concurrents un par un, comme le Roger Federer de l'époque lorsqu'il maîtrisait ses sujets sur le court pour empiler les succès.

Les deux monstres du sport suisse ne partagent plus seulement l'affiche pour un opérateur mobile, mais bien un ADN qui leur permet d'appartenir à la caste très sélecte des légendes de leur sport.

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