Au Mondial, les pauses boisson auront un effet insoupçonné
La Fifa vient d'annoncer que des pauses de trois minutes permettront aux joueurs de s’hydrater au milieu de chaque mi-temps lors de la Coupe du monde 2026. Détail important: ces interruptions seront mises en place à chaque match, indépendamment des conditions météorologiques. Cela signifie que quoi qu'il arrive, les joueurs auront l'opportunité, une fois par mi-temps, de se rassembler près du banc de touche pour souffler et se désaltérer, mais pas seulement.
Les sélectionneurs auront aussi l'opportunité d'avoir leurs joueurs près d'eux pour les corriger, leur délivrer des consignes, insister sur ce qui n'a pas fonctionné en début de match, ou au contraire souligner ce qu'il faut absolument continuer à faire. Ces pauses s'apparenteront à un temps-mort, mais contrairement au hockey sur glace par exemple, où les coachs n'ont que 30 secondes à disposition, les entraîneurs auront trois minutes. C'est long, et nul doute que cela changera beaucoup de choses.
Les meilleurs entraîneurs, quelque soit le sport, ont toujours été ceux qui ont su exploiter les changements à leur avantage. Or l'introduction de pauses boisson aussi longues est un bouleversement dans le déroulement d'une partie.
Pendant que certains téléspectateurs sont en train de râler contre ces futurs «breaks» qui, pour eux, s'apparenteront à des coupures pub, les sélectionneurs des pays qualifiés pour le Mondial réfléchissent déjà à la façon dont ils pourront l'utiliser pour rendre leur équipe meilleure.
On pourrait ainsi imaginer des techniciens audacieux qui tenteront un pari osé dès le coup d'envoi en se disant qu'il sera toujours temps, après 22 minutes, de corriger la première intention. Ou au contraire des coachs sur la réserve, soucieux d'observer la dynamique du début de match avant d'opter pour un plan plus affûté. D'autres schémas de pensée interviendront en seconde période, lorsque le match sera vieux de 67 minutes et qu'un nouveau temps-mort sera décrété.
Ce qui est certain, c'est que les sélectionneurs qui ont le plus de facilités à faire passer leur message, ceux qui sont écoutés, respectés et compris par leurs joueurs, auront un avantage durant le tournoi. De même, les équipes avec un ou plusieurs leaders charismatiques, des personnalités capables comme Granit Xhaka de prendre la parole dans les moments de grande tension, profiteront de ces pauses boisson comme aucune autre.
L’histoire du football regorge d’exemples d’équipes métamorphosées après la pause de la mi-temps, pour le meilleur et le pire. Le meilleur, c'est par exemple Liverpool remontant un déficit de trois buts en finale de Ligue des champions 2005 face au Milan AC. Le pire, c'est la Juventus de Turin en 2017, méconnaissable en seconde période lors de sa défaite, toujours en finale de C1, face au Real Madrid (La Stampa avait fait écho de tensions entre plusieurs joueurs turinois dans le vestiaire).
Comment se seraient terminés ces deux matchs si le coach avait pu intervenir deux fois durant la partie? S'il est évident qu'on ne refait pas l'histoire, on peut en revanche en tirer des leçons, et se souvenir qu'un discours, une prise de conscience collective, peut tout changer.
