Cette imprudence de Norris après la course aurait pu lui coûter son sacre
Il y avait certainement beaucoup de téléspectateurs très occasionnels de la F1, ce dimanche après-midi, qui ont regardé le Grand Prix d'Abou Dhabi. La raison? Cette dernière course de la saison avait un enjeu aussi fort qu'inhabituel: véritable finale, elle couronnait le champion du monde, avec une lutte à trois pilotes.
Finalement, c'est le Britannique Lando Norris (McLaren) qui a remporté son premier sacre, en terminant 3e de ce Grand Prix. Le pilote de 26 ans a terminé avec seulement deux points d'avance au classement général sur le vainqueur du jour, Max Verstappen (Red Bull). Oscar Piastri (McLaren) a, lui, pris le 2e rang aux Emirats arabes unis et complète le podium du classement général.
Ces mêmes téléspectateurs occasionnels, qui ne connaissent pas forcément toutes les coulisses de la Formule 1, ont sans doute été interpellés par la remarque du consultant de la RTS, Luc Domenjoz, juste après la fin de la course:
Car oui, quasiment tout de suite après avoir franchi la ligne d'arrivée et être sortis de leur bolide, les pilotes doivent être pesés. Et chaque gramme compte. C'est le point 35.2 du règlement de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) qui le stipule:
La règle sur le poids minimum des pilotes est effective en F1 depuis 2019. Elle vise à créer une équité entre eux, pour ne pas désavantager ceux qui sont plus corpulents. Car, forcément, plus la voiture et son pilote sont légers, plus celle-ci va vite. Et nous ne sommes pas tous égaux devant la nature: l'Allemand Nico Hülkenberg (Sauber), par exemple, mesure 184 cm pour 78 kg. A l'autre extrême, le Japonais Yuki Tsunoda (Red Bull) fait 159 cm pour 54 kg.
Ainsi, comme le rappelle L'Equipe, le poids minimum réglementaire pour un pilote (casque et équipements compris) est aujourd'hui de 82 kg. Et le poids minimum voiture+pilote est de 800 kg. La pesée d'après-course permet de vérifier si ces conditions sont respectées, explique le site spécialisé Motorsport.com. Si un pilote pèse moins de 82 kg, cette lacune doit être compensée par son écurie, qui ajoute une charge dans son cockpit durant la course (pour pouvoir régler ça, il y a donc aussi une pesée avant le départ).
Respecter ce règlement strict est crucial: si la balance indique moins que 800 kg au total après l'arrivée, le pilote est disqualifié. On comprend donc les inquiétudes de Luc Domenjoz en voyant Lando Norris – dont l'euphorie l'a logiquement emporté sur la lucidité – aller faire des accolades à beaucoup de monde sur le paddock après être sorti de sa voiture: une personne mal intentionnée aurait effectivement pu, par exemple, lui glisser un objet dans ses vêtements pour le faire accuser de triche (poids artificiellement gonflé).
Ou, au contraire, lui retirer une partie de l'équipement pour l'alléger (une disqualification peut se jouer à quelques grammes). Même sans faire exprès, des personnes ayant touché Norris (et son équipement) auraient pu fausser les calculs.
Et les conséquences auraient pu être terribles avec, dans le pire cas possible, une disqualification et la perte du titre mondial (Norris était obligé de finir sur le podium, étant donné que Verstappen a remporté ce GP d'Abou Dhabi).
Une évaluation de la santé des pilotes
Une autre raison justifie la pesée des pilotes de F1 tout de suite après la course. Elle est d'ordre médical. Durant un Grand Prix, ils peuvent perdre jusqu'à 4 kg, la faute à une transpiration extrême.
La température dans le cockpit peut atteindre 60°C, de quoi perdre plusieurs litres de sueur (d'autant plus avec le stress et la concentration). Contrôler le poids des athlètes revient donc à checker leur état de santé, et notamment leur niveau d'hydratation.
Heureusement pour Lando Norris, tous les chiffres sur la balance dimanche aux Emirats arabes unis étaient en ordre. Le Britannique peut désormais savourer son premier titre mondial, qu'il remettra en jeu dès le 8 mars avec le début de la nouvelle saison, au GP d'Australie.
