Il est important de commencer par rappeler, ce dimanche matin, que le FC Sion avait de très bons joueurs avant que Mario Balotelli ne signe en Valais, et que c'est d'abord grâce à eux qu'ils ont battu le FC Bâle samedi (2-1). Le premier but sédunois a été inscrit lorsque la star italienne était encore sur le banc (17e Stojilkovic), le second après que Bua a trouvé Sio dans la surface (89e). Mais prétendre que le succès valaisan ne doit rien à Mario Balotelli serait tout aussi faux que le contraire. Car l'arrivée du Transalpin a transformé l'équipe, jusqu'à l'air qu'elle respire.
Alex Frei, le coach de Bâle, s'attendait avant la rencontre à ce que Balotelli attire 10% de fans supplémentaires dans les tribunes des stades suisses. Mais ça, c'est pour les rencontres du FC Sion à l'extérieur. A Tourbillon samedi, il y avait 35% de spectateurs de plus que lors des trois premiers matchs (moyenne de 8400) et c'est ce public qui a porté son équipe jusqu'à l'hystérie collective des dernières minutes de jeu.
“𝗖’𝗘𝗦𝗧 𝗟𝗔 𝗙𝗢𝗟𝗜𝗘“🔥
— FC Sion (@FCSion) September 4, 2022
Giovanni Sio a fêté son premier but en Super League depuis son retour en Valais !
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On a vu des spectateurs qui n'étaient pas venus depuis longtemps, pour preuve cette jeune femme qui, sitôt arrivée devant la tribune principale, s'est étonnée de la présence d'une cantine pourtant inaugurée en septembre 2019.
Sion-Bâle n'était pas un match comme les autres; c'était le premier de Mario Balotelli, et il est évident que les joueurs valaisans en ont profité. D'ailleurs celui qui les connaît le mieux (leur coach Paolo Tramezzani) s'attendait à ce que chacun d'eux exploite l'enthousiasme généré par la nouvelle recrue, dont il a qualifié la simple présence de «stimulant supplémentaire».
Est-ce pour cette raison qu'une douce folie s'est emparée du onze valaisan au coup de sifflet initial? Que Sion s'est créé deux occasions franches en six minutes? Qu'il a pressé très haut jusqu'à ouvrir le score? Peut-être. Il est certain qu'Alex Frei s'attendait à ce que son équipe souffre très tôt dans la rencontre et qu'il n'a pas pu l'empêcher. Mais quand chaque geste est très bien fait en football, on a beau être prévenu, il est difficile de ne pas en subir les conséquences.
A cet instant de la partie, on s'est dit que Tramezzani avait tout prévu. Il aurait pu faire débuter Balotelli puis le sortir à l'heure de jeu, mais il avait décidé de faire l'inverse et il avait raison. L'équipe avait moins besoin de sa vedette pour emballer la rencontre en première période que pour la relancer en seconde, quand elle allait payer sa débauche d'énergie. C'est d'ailleurs après que Sion a été rejoint au score et quand il subissait le plus que «MB» a fait son apparition (65e).
Bel accueil...😅 pic.twitter.com/3s0sDTTyUJ
— Dᴀᴠɪᴅ Bᴀʀʀᴀs (@david_barras) September 3, 2022
Quelques instants avant son entrée en jeu, un frisson a traversé la tribune principale de Tourbillon, suivie d'une clameur à laquelle n'avait même pas eu droit Stojilkovic sur l'ouverture du score.
La suite a été un peu étonnante, car le nouvel entrant n'a pas vraiment pesé sur la fin du match. C'est tout à fait normal pour un joueur intégré à l'équipe seulement deux jours plus tôt, mais il y avait soudain un décalage entre ce qu'avait fait naître l'Italien autour de lui et ses imprécisions dans le jeu et le placement.
Le plus intéressant à observer aura été tout ce que la présence du joueur a changé pour le collectif sédunois, soulignant en creux les défis auxquels Paolo Tramezzani ne manquera pas d'être confronté ces prochaines semaines.
Le premier de ces défis est celui du temps de jeu de Filip Stojilkovic. Le Zurichois a 22 ans, c'est l'une des plus belles promesses du club. C'est aussi un joueur qui a «besoin de confiance» pour progresser, selon son ancien coéquipier Quentin Maceiras. Le problème, c'est que Stojilkovic occupe le même poste que Balotelli. Or Paolo Tramezzani n'est pas un adepte des systèmes à deux pointes. Il devra donc trancher entre ses deux finisseurs, sans entraver la progression de l'un ni freiner le retour au sommet de l'autre.
L'autre enjeu, pour le coach valaisan, c'est de maintenir un équilibre dans le secteur offensif de son équipe. Samedi, les Valaisans ont trop souvent cherché Balotelli, donnant parfois l'impression de jouer contre-nature. Les grands footballeurs ont toujours aimanté les ballons. Mais il s'agira pour les Sédunois de trouver un équilibre dans les transmissions, ce d'autant que «MB», avec sa fausse nonchalance et son imposant gabarit, est le genre de joueur capable de créer des espaces pour les autres en multipliant les appels.
Le troisième enjeu immédiat dépasse le cadre du terrain. L'idée, pour le FC Sion, consistera à garder son groupe sous pression, c'est à dire à maintenir l'euphorie dans laquelle il baigne depuis quelques jours. Or trois semaines sépareront ses deux prochains matchs de championnat (déplacement à Saint-Gall le 10 septembre et réception de Winterthour le 2 octobre). Entre les deux, il y aura un 16e de finale de Coupe sans véritable danger à Rapperswil puis un week-end de pause dévolu aux équipes nationales.
21 jours que Tramezzani devra utiliser pour intégrer ses deux recrues (Balotelli et Moubandje) à ses systèmes et à leur environnement sans que son effectif ne perde en intensité. S'il y parvient, alors tout sera possible ensuite.
Le FC Sion restait sur neuf matchs sans victoire à domicile. Ce dimanche matin, il s'est réveillé en maître des lieux, engagé dans la course aux places européennes (4e) et avec le sentiment, surtout, qu'aucune équipe ne lui était supérieure, hormis peut-être YB. Une formation qu'il affrontera dans six semaines. Ça laisse passablement de temps aux Valaisans pour devenir encore meilleurs, quand on sait tout ce qui a changé pour eux en seulement quatre jours.