Filip Stojilkovic est le meilleur buteur du FC Sion cette saison avec ses sept réussites, auxquelles on peut encore ajouter trois passes décisives. Un bilan plus qu'honorable pour le jeune attaquant de 22 ans.
Débarqué à l'hiver 2020 en provenance de Wil, il a connu des débuts compliqués en Valais. Justin Grept, responsable des sports pour la radio valaisanne Rhône FM et qui suit le FC Sion match après match s'en souvient: «Lorsque Filip Stojilkovic est arrivé au FC Sion, c'était encore un jeune attaquant un peu brouillon, en manque de finition devant le but.»
𝗦𝗧𝗢𝗝𝗜𝗟𝗞𝗢𝗩𝗜𝗖, 𝗣𝗨𝗜𝗦𝗦𝗔𝗡𝗖𝗘 7️⃣
— FC Sion (@FCSion) March 7, 2022
En permettant au FC Sion d’égaliser sur une passe lumineuse de Zuffi, Filip Stojilkovic a inscrit son 7️⃣e but cette saison ! 🔥#FCSion #TousEnsemble❤️🤍 pic.twitter.com/Xbz7ACLejI
L'entraîneur de l'époque, le Portugais Ricardo Dionisio, se rappelle aussi des débuts de son ancien collègue:
Depuis son premier passage, Filip Stojilkovic est passé par un prêt à Aarau, qui lui a fait énormément de bien. Il est revenu plus mature et s'est imposé à la pointe de l'attaque valaisanne. Une progression qui s'analyse en retraçant l'ensemble de son parcours pro.
Filip Stojilkovic démarre sa carrière au FC Zurich, où il est formé jusqu'en M18. À 17 ans, il tente une escapade allemande du côté d'Hoffenheim, où il découvre notamment l'UEFA Youth League et le championnat national allemand M19. Il y inscrit 7 buts en 20 matchs. Insuffisant, toutefois, pour décrocher un contrat professionnel en Allemagne. Il revient donc en Suisse et signe au FC Wil.
Il ne restera que six mois dans le club saint-gallois. Le temps pour lui de planter huit goals en Challenge League en 18 matchs. Ses performances attisent l'intérêt de plusieurs clubs, et il prend finalement la direction du Valais et du FC Sion en janvier 2020. Ses premiers six mois vont donc être compliqués, malgré des qualités évidentes à l'entraînement. Quentin Maceiras, aujourd'hui à YB, avait d'ailleurs été étonné par son ex-coéquipier lors de son arrivée dans le groupe :
Malgré ce plein de volonté, l'attaquant est alors en plein développement et la Super League représente une marche encore un peu trop haute. Il redescend donc d'un étage et s'en va gagner en maturité en Challenge League, au FC Aarau, club confirmé de deuxième division. Un changement d'air bénéfique pour le joueur, et une démarche intelligente de la part du FC Sion.
En Argovie, Stojilkovic explose et inscrit 15 buts en 32 matchs. Une saison pleine qui le met en confiance et lui offre surtout une place dans l'effectif du FC Sion cette saison. Ce prêt a été primordial dans la progression de la meilleure gâchette sédunoise, comme l'explique Justin Grept:
Peu présent dans la presse, Filip Stojilkovic est un joueur discret qui préfère s'exprimer sur le terrain. Justin Grept, qui côtoie les joueurs du FC Sion chaque semaine, peut en témoigner: «Je n'ai pas eu beaucoup d'occasions de le rencontrer. Les rares fois où ça a été le cas, j'ai trouvé un homme très réservé. Les gens au club parlent également de lui dans ce sens. On a vraiment l'impression qu'il est là pour faire pleinement son travail, sans faire de vague. Un peu comme sur le terrain en fait, où il effectue son labeur dans l'ombre.»
Une discrétion médiatique qui tranche avec le caractère qu'affiche l'attaquant sur le terrain. Travaillant sans relâche sur le front de l'attaque valaisanne, on le voit souvent motiver ses coéquipiers et donner de la voix. Ses célébrations sont également très démonstratives. Une rage et un caractère qui font partie intégrante du joueur, comme en témoigne Quentin Maceiras :
C'est peut-être ce caractère qui a permis à l'attaquant de pointe du FC Sion de devenir l'un des meilleurs buteurs du championnat. Cette progression n'étonne en tout cas pas son ancien coéquipier: «Si je suis surpris? Bien sûr que non, on voyait déjà à son arrivée qu'il avait d'énormes qualités. C'est un joueur qui a besoin de confiance et celle que lui donne actuellement son coach lui fait énormément de bien.»
Un constat que dresse également l'un des piliers du vestiaire valaisan, le portier Kevin Fickentscher, qui a connu «les deux» Filip Stojilkovic, celui d'avant le prêt à Aarau et celui d'après:
Pas plus de surprise chez Ricardo Dionisio. Pour le Portugais, Stojilkovic a surtout progressé dans la zone de finition, un défaut qu'il avait lors de son arrivée en Valais: «Filip a des qualités importantes pour un attaquant comme la puissance et la vitesse. Il a maintenant évolué devant le but et ce n'est pas surprenant, c'est un travailleur. J'ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec lui.»
Critiqué pour sa gestion de son effectif ces dernières saisons et pour ses multiples transferts ratés, le FC Sion pourrait bien tenir en Filip Stojilkovic enfin un transfert référence. Après Matheus Cunha en 2018 ou plus récemment Bastien Toma, le club valaisan pourrait même réaliser une nouvelle plus-value lucrative sur un achat-revente de joueur. Une opération qu'il a tenté à de multiples reprises ces dernières saisons, en vain. Pour Justin Grept, Filip Stojilkovic est même LA recrue de ces dernières années:
Un transfert «propre», qui peut s'expliquer très simplement:
International depuis les M18, Filip Stojilkovic est à présent l'un des cadres de l'équipe M21 helvétique. «Rouget» à 14 reprises, il a marqué deux buts et s'est imposé comme titulaire depuis l'année passée. Malgré cette belle progression, la prochaine et ultime étape – l'équipe A – paraît encore bien lointaine. «C'est beaucoup trop tôt pour prédire son avenir avec la Nati», tranche Justin Grept. «Ça dépendra de beaucoup de facteurs. Pour le moment, il est bien incorporé à l'équipe M21. S'il continue à progresser, oui, pourquoi pas.»
Le style de jeu de Filip Stojilkovic correspond, par ailleurs, beaucoup à celui de Mario Gavranovic: un profil de buteur-travailleur. Un vrai numéro 9, à l'ancienne. Le joueur de Kayserispor, 32 ans, pourrait bientôt laisser une place vide dans l'effectif de l'équipe nationale. La concurrence sera forcément rude pour la reprendre, mais Filip Stojilkovic possède toutes les qualités requises pour devenir un attaquant international. C'est notamment l'avis de ses anciens coéquipiers Quentin Maceiras et Kevin Fickentscher, qui lui prédisent une belle carrière, parce qu'«il a tout en main pour continuer de progresser et aller voir plus haut, que ce soit en équipe nationale ou dans un grand championnat.»
Avant la Nati ou la Bundesliga, il reste onze matchs à l'attaquant sédunois pour soigner ses «stats». Pour, pourquoi pas, aller voir plus haut et permettre au FC Sion de réaliser une lucrative «Matheus Cunha». Premiers éléments de réponse ce samedi soir avec la réception du FC Lugano à Tourbillon.