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PSG: Luis Enrique n'est pas fait pour le poste

Luis Enrique, nouvel entraîneur du PSG.
Luis Enrique, nouvel entraîneur du PSG.Keystone

Luis Enrique convient autant au PSG que le chocolat aux constipés

Le PSG a officialisé la nomination de son nouvel entraîneur, Luis Enrique, présenté (à son tour) comme l'homme à poigne qui serrera la vis. Preuve que le club s'illusionne (encore) sur lui-même.
05.07.2023, 16:51
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L'an dernier, c'était la fin du bling-bling et l'arrivée d'un homme à poigne, un homme qui ne reculerait pas devant une menace de fuguer au Real ou de tout dire à l'émir. C'était la fin des caprices, game over. C'était la fin des Haribo. Fini les bons restos et les fausses gastros, les mannequins et les clampins, bienvenue dans le monde du travail tel que le conçoit Christophe Galtier, dépositaire de la «schlag» made in France.

Christophe Galtier, dit «Galette»: le regard de l'inspecteur Harry, la voix du cow-boy Marlboro, un discours qui promettait de rendre le PSG great again. Et puis plus rien... Abra-Camembert. Comme annoncé par quelques «vieux» sages (Riolo, Roustan), l'homme à poigne n'a jamais eu ne serait-ce que la main sur les affaires du PSG. Son directeur sportif l'a mené à la baguette et ses joueurs par le bout du nez - histoire d'un gars surmené que sa démystification a rendu timide et inintelligible, et qui, de petits compromis en menues lâchetés, a fini complètement perdu.

Galtier a rempli un seul objectif: il a balayé dix années de paillettes. D'un PSG gavroche et flambeur, il a fait une équipe terne, sans enthousiasme ni personnalité. Neymar n'a pas plus joué, Verratti n'a pas moins fumé, le public du Parc a attendu et a sifflé tant qu'il a pu (zaï, zaï, zaï, zaï).

Tout le monde a vite compris que Galtier avait mieux préparé son gag sur le char à voile que les mécanismes de sa défense à trois, pour un résultat à peu près identique - un naufrage. Et ne parlons pas du joueur que le PSG a désigné comme l'Elu, la figure identitaire de ses croyances néo-calvinistes, un inconnu français (car il fallait désormais consommer français) acheté 35 millions chez le bracaillon du coin: Hugo Ekitike.

Et maintenant (roulement de tambour)... Luis II

«Galette» expulsé avec du goudron et des menottes, voici que débarque sa version espagnole, un dur de dur, un beau ténébreux aux idées bien carrées, à la seule différence qu'Enrique surveille sa ligne comme Galtier sa canne à pêche.

Le PSG a annoncé ce mercredi 5 juillet la nomination officielle de Luis Enrique en tant qu'entraîneur, l'homme à poigne qui a gagné la Ligue des champions avec Lionel Messi - et qui devra la regagner sans lui. L'ex-sélectionneur de l'Espagne porte le même nom qu'une autre légende du PSG, Luis Fernandez - c'est déjà ça de pris.

Pronostic? Rendez-vous dans un an, même embarras, même leurre, pour la nomination d'un nouvel entraîneur. Comme l'annoncent déjà les vieux sages, mais «avec moins de perplexité qu'à l'arrivée de Galette» (Riolo), Luis Enrique convient autant au PSG que le chocolat aux constipés. Ou que jadis Fabio Celestini au FC Sion, dans des profils comparables. Ou que Cardi B au congrès annuel du puritanisme.

Enrique est rétif à toute forme d'autorité. Or le Paris Saint-Germain est une république des privilèges où sévit une armée de conseillers. L'émir agit comme un propriétaire qui a tous les droits et le président comme un patron qui a tous les pouvoirs. Le directeur sportif (Luis Campos) est un entraîneur refoulé qui vit le métier par procuration, en recrutant seul. Les meilleurs joueurs n'ont qu'un coup de fil à passer pour obtenir des passes-droits.

Avant même ses débuts officiel, Enrique se voit imposer deux adjoints qu'il n'a pas choisi et quelques joueurs pour lesquels il n'a jamais dit oui (Skriniar, Lee, Ndour, Urgate). Lui-même est le fait du prince, très exactement le choix de l'émir, et non la volonté de Campos - qui préfère ses amis portugais.

Luis Campos.
Luis Campos.Keystone

Tactiquement, Enrique est un entraîneur de grands principes et de peu de concessions. Avec l'Espagne, il a inscrit sa vision dans la durée, à partir de joueurs fidèles qui, tous, adhèrent à ses idées. Il a cherché un moment. Au PSG, il n'aura pas tout son temps.

Le système, ici, est bien plus important que les éléments qui le composent: chaque joueur occupe une place, une fonction précise, qui lui sont clairement assignées. Le projet est toujours au centre, l'entraîneur au milieu. Comment Enrique peut-il obtenir une telle allégeance au PSG, où l'individu prime sur le collectif? Où certains joueurs sont exemptés de défendre quand ils vendent des maillots et même de s'entraîner quand leur chien est malade?

Enrique prône un football de possession, au sol et par des circuits courts, jusqu'à un snobisme assumé (pas de dégagements aériens, pas de No 9, etc). Pénétré de son importance, il a sacrifié des individualités de premier plan, dont certaines auraient pu menacer son autorité, au nom d'une conception quasi prolétarienne du tiki-taka espagnol. Quand il gagne, il félicite ses joueurs... d'avoir parfaitement appliqué les consignes. Sauf qu'au PSG, les joueurs n'ont jamais fait grand cas des schémas. Ils sont au carrefour de toutes les attentions, de toutes les stratégies.

Dernier petit problème: Paris voulait un entraîneur souriant qui ait de la gouaille et fasse assauts de civilités - mélange de Luis Fernandez et de la baronne de Rotschild. Or avec le monde extérieur, Luis II est plutôt d'humeur autocratique. Il fuit les journalistes et les engouements populaires avec des postures d'homme pressé, trop pressé pour s'encombrer de fadaises. Et quand il a un peu de temps devant lui, il court toujours, mais un marathon.

En engageant un nouvel entraîneur à poigne, le PSG a démontré deux choses: il a réalisé qu'il vivait dans l'erreur, et il n'a toujours pas compris qu'il était incapable de changer. Illusion bien ordonnée commence par soi-même.

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