Le suspense est total sur le banc de la Nati de hockey
Lars Weibel fait face à une mission délicate. On attend de lui qu’il prolonge, avant la Coupe Spengler, le mandat de son ami de longue date Patrick Fischer. L’idéal serait de le lier à la sélection jusqu’aux Jeux olympiques d’hiver 2030 en France, avec des clauses de sortie prévues pour les deux parties. A défaut, un contrat plus court, assorti d’options de prolongation, peut être envisagé.
Ce week-end, lors du Tournoi des Quatre Nations à Tampere, Patrick Fischer entamera sa onzième saison à la tête de la sélection. Son style et son travail ont été critiqués pendant des années, mais il a désormais conduit l’équipe à trois finales mondiales. Le sélectionneur le plus titré de notre histoire (depuis 1908) est aussi brillant sur le plan sportif et charismatique. Le meilleur ambassadeur du hockey suisse a également réussi à intégrer durablement nos joueurs de NHL dans l’équipe nationale, un facteur clé de notre compétitivité mondiale.
Le temps presse
Certes, Patrick Fischer n’a pas encore atteint son grand objectif – le titre mondial. Mais il pourrait quitter son poste en fin de saison la tête haute. Le moment est bien choisi pour régler la question de sa prolongation, car dès le début de la nouvelle année, entre le tournoi olympique et le Mondial à domicile, il ne restera plus de temps pour des négociations à rallonge.
Selon plusieurs sources proches de la fédération, la prolongation serait une simple formalité, et il ne manquerait plus que le bon moment pour l’annoncer. Ou plutôt: elle devrait en être une. Car Patrick Fischer, 50 ans et père de famille, ne trouverait guère de meilleur poste. Il est peu probable qu’il retourne dans le train-train quotidien d’un club de National League. Et en NHL, seule une fonction d’entraîneur principal lui assurerait un salaire comparable.
Si Patrick Fischer décidait, contre toute attente, de ne pas prolonger, Lars Weibel se retrouverait dans une position délicate. Il vient tout juste de perdre beaucoup de soutien auprès des clubs: après sa démission du poste de directeur sportif d’Ambri, Paolo Duca a quitté son siège au sein du comité de l’équipe nationale. Weibel a alors souhaité, de sa propre initiative, nommer à sa place le directeur sportif de Kloten, Ricardo Schödler. Avant d’occuper ce poste, Schödler travaillait au sein de la fédération, où Lars Weibel était son supérieur. Ce geste, perçu comme un cas flagrant de népotisme, est très mal passé auprès des directeurs sportifs des autres clubs.
Les clubs ont obtenu gain de cause: Martin Steinegger (Bienne) a succédé à Paolo Duca. Le comité de l’équipe nationale n’a certes aucun pouvoir de décision et ne peut qu’émettre des avis consultatifs. Mais la question du sélectionneur ne sera pas tranchée contre son opinion.
Aucun délai imposé
Le directeur sportif du hockey suisse, Lars Weibel, aborde la situation délicate entourant Patrick Fischer avec retenue. Il rappelle que le sélectionneur a su bâtir une véritable identité d’équipe et qu’il a connu un grand succès à la tête de la Nati. Selon lui, Fischer a pleinement gagné le droit de décider lui-même de la suite de sa carrière et de déterminer s’il souhaite continuer au-delà de 2026.
La fédération attend désormais sa réponse, sans lui imposer de délai. Weibel espère toutefois que la décision tombera avant les Jeux olympiques, afin que chacun puisse travailler dans la sérénité. Mais même si cela devait prendre plus de temps, il assure que le hockey suisse a l’expérience nécessaire pour gérer la situation. Il précise également que la fédération a déjà prévu un plan de rechange, avec plusieurs options en cas de départ de Fischer. Son rôle consiste à identifier deux ou trois candidats potentiels, sans pour autant dévoiler de noms.
Une chose est sûre, conclut-il: la philosophie de la «Swissness» (privilégier des entraîneurs, des méthodes et une culture de jeu enracinés dans le pays) continuera de guider l’équipe nationale.
En diplomate avisé, Patrick Fischer assure qu’il prendra sa décision suffisamment tôt pour que la fédération ait le temps de réagir et, si nécessaire, de chercher un remplaçant.
D’après les propos de Lars Weibel, une chose semble claire: officiellement, si un changement devait avoir lieu, le successeur de Patrick Fischer serait à nouveau un entraîneur suisse. L’agent de joueurs Sven Helfenstein tente bien de faire entrer son client Thierry Paterlini dans la discussion, histoire d’accroître son influence dans le hockey helvétique. Mais selon plusieurs sources internes à la fédération, les avis sont déjà tranchés. Un seul nom est sur la table: celui de Jan Cadieux, champion de Suisse 2023 et vainqueur de la Ligue des champions 2024 avec Genève.
Le nouveau président de la fédération, Urs Kessler, doit assister vendredi au tournoi de Tampere. L’impression qu’il retirera de cette visite pèsera dans la réflexion de Lars Weibel. D’après les informations recueillies, Urs Kessler serait favorable à une prolongation du contrat de Patrick Fischer et espérerait une issue rapide au dossier.
