Théoriquement, il est toujours possible que Lugano perde le play-out contre Ajoie, doive passer par le barrage de promotion/relégation contre Viège (le seul club de Swiss League autorisé à monter), s'incline face aux Valaisans et soit relégué en Swiss League.
Dans ce play-out (acte III ce mercredi soir à 20h00), Ajoie mène désormais 2-0 et plonge le club tessinois dans les jours les plus honteux de son histoire.
Mais voilà, dans la pratique, il est fort probable que Lugano ne tombe pas en deuxième division. Si Viège perd la finale de Swiss League contre Bâle, il n'y aura même pas de barrage.
Et même si les Bianconeri devaient perdre ce barrage contre les Viégeois, il restera cette question: seront-ils graciés par la ligue? Un coup d'œil sur les règlements de la National League montre que c'est possible, en théorie.
La National League est aujourd'hui une société anonyme indépendante de la fédération. Avec une majorité des trois quarts, il est possible d'adapter à tout moment les règlements existants et de modifier le format du championnat pour la saison suivante. Concrètement: avec une majorité des trois quarts d'avis favorables, la National League pourrait passer de 14 à 15 équipes pour l'exercice 2025/26.
Seul problème: le calendrier a déjà été finalisé par le responsable, Willi Vögtlin, et devrait donc être retravaillé. Lugano, relégué sportivement et remplacé par Viège, pourrait donc être réintégré à bras ouverts dans la National League en tant que 15e équipe.
Totalement irréaliste? Sous l'effet du choc d'une relégation du club tessinois au glorieux passé, il serait presque certain que les quatorze clubs actuels de la National League parviendraient à obtenir une majorité des trois quarts en faveur de la grâce de Lugano. Une telle décision signifierait qu'aucune équipe ne devrait plus jamais craindre la relégation: en se référant au «cas Lugano», les relégués sportifs seraient également graciés à l'avenir.
Le directeur de la National League, Denis Vaucher, n'est pas très amusé par la question posée sur ce sujet. Et il balaie notre vision de la situation:
Une relégation du HC Lugano ne serait donc pas seulement un spectacle sportif sans précédent, mais probablement le drame le plus lourd de conséquences dans l'histoire de notre hockey.
Elle déclencherait aussi le plus grand spectacle judiciaire jamais vu dans le hockey suisse, et donnerait lieu à des polémiques sans fin. Si l'on a le sens du drame et du romantisme, on imagine volontiers l'assemblée qui doit trancher sur le «cas Lugano» se réunir dans la patinoire du grand rival, Ambri. Là-bas, au moins, il y a suffisamment de places de parking. Avec une retransmission des débats en direct à la TV. Ce serait un sacré divertissement!
Bien sûr, imaginer une relégation du HC Lugano n'est qu'un jeu d'esprit légèrement malveillant. Mais pour un journaliste neutre, c'est aussi un exercice obligatoire et stimulant de penser à l'impensable. On ne sait jamais... Les deux seules choses sûres dans la vie? On doit payer des impôts et on meurt un jour.
Et finalement, n'est-ce pas réconfortant de savoir que Lugano ne peut pas être relégué?
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber