La raison est très simple: ils n'en ont pas le droit. Le règlement est formel: pour tous les matchs de préparation et de saison régulière, le port d'une barbe soignée est autorisé. A partir de l'avant-dernier tour de la saison régulière, ainsi que pour tous les matchs de play-off et play-out, le rasage de près est obligatoire.
Est-ce pour ne pas faire de concurrence aux joueurs? «Pas du tout, répond Reto Bertolotti, lui-même ancien arbitre (1987-2005) et ex-chef de la corporation (2005-2014). C'est une question d'image. On se doit d'être soignés. Les soirs de play-off, c'est un peu comme le dimanche. C'est le jour du Seigneur.»
Ancien directeur de jeu devenu consultant, Stéphane Rochette soutient la démarche. «Je comprends tout à fait que les arbitres doivent être rasés de près durant les séries éliminatoires. Le look, c'est important.» Bien plus important que ce qu'on peut imaginer. M. Rochette explique pourquoi:
Dans l'imagine collectif pourtant, «la moustache symbolise la masculinité et l’autorité» (source: Gend’info, la revue des 80'000 gendarmes de France). Les arbitres, dans l'exercice de leurs fonctions, n'auraient-ils pas intérêt à en porter une? Leur souveraineté n'en sortirait-elle pas grandie? «Non», répond un ancien zébré de Ligue Nationale, qui se souvient qu'un de ses collègues avait été desservi par son bouc. «Cela le rendait arrogant, alors qu'il ne l'était pas du tout.»
La pilosité du quatuor arbitral est prise très au sérieux par la corporation, et pas seulement en Suisse: en NHL comme au Championnat du monde, barbes et moustaches sont proscrites.
Cet article a été adapté d'une première version parue sur notre site en avril 2022.