Double lauréate du «Trophy», la Suisse a fait ce week-end ses grands débuts en Rugby Europe Championship, le plus haut niveau auquel elle peut prétendre sur la scène continentale, le Tournoi des VI Nations étant fermé et réservé à l'Angleterre, l'Irlande, l'Ecosse, le Pays de Galles, la France et l'Italie.
Hasard du calendrier, c'est contre l'équipe la plus forte de la division, la Géorgie, septuple tenante du titre de ce «Tournoi B», que la Nati du rugby a dû mouiller en premier le maillot, qui plus est à l'extérieur dans la capitale Tbilissi. Signes de la progression de l'équipe nationale et de la qualité de l'adversaire, 12e nation mondiale derrière le Japon et les Samoa, la partie était diffusée en Romandie et au Tessin par la télévision publique suisse.
Cependant, le spectacle présenté s'est rapidement avéré être un carnage. Les Lelos, qui rêvent de remplacer la Squadra Azzurra au sein du Tournoi des VI Nations, ont infligé une défaite 110-0 aux hommes d'Olivier Nier, soit la plus large victoire de l'histoire de la sélection géorgienne. «Cela fait forcément mal à la tête», souffle à watson Jules Porcher, demi d'ouverture du XV de l'Edelweiss, après avoir été sevré de ballons durant le match. Conscient que la défaite était quasi-inévitable, l'habituel maître à jouer de la sélection ne s'attendait toutefois pas à un résultat aussi sévère.
Malgré les 16 essais concédés et ces 59 plaquages manqués par la troupe helvétique, le «10» de l'AS Mâcon, club de quatrième division française, trouve une pointe de satisfaction au regard de l'expérience emmagasinée. «On ne peut qu'apprendre face à des joueurs évoluant au très haut niveau. Il faut que nous nous servions de cette défaite pour avancer», lance l'ouvreur suisse. Mais, que peut-on bien enregistrer d'une rencontre où l'on est asphyxié, le moral au fond des chaussettes?
Et des erreurs, il y en a eu samedi à Tbilissi. Un exemple? Le premier essai de la partie, intervenu dès la troisième minute de jeu, après que Jules Porcher a été contré sur son dégagement. Pourtant premier sur le ballon, son coéquipier Maxime Lucon n'est pas parvenu à aplatir dans son en-but, au contraire des locaux qui trainaient dans les parages et qui ne se sont pas fait prier. Autre situation évitable: ce ballon mal contrôlé à la course par l'arrière Jolan Vincent, et laissé libre à Luka Matkava, venu inscrire le cinquième essai adverse.
Outre les gaffes, cette pénible défaite met en avant le travail, notamment physique, qu'il reste à accomplir pour être en mesure de tenir tête à une sélection du calibre de la Géorgie. Une équipe réputée puissante, dont le jeu a longtemps été basé sur ses avants.
L'écart devrait justement être moins important dimanche à Yverdon contre l'Espagne, nation moins prestigieuse, 18e du classement mondial. Surtout que le XV de l'Edelweiss n'est pas abattu par sa déroute en Géorgie. «Cette défaite ne nous a pas fait baisser la tête. On va donner le meilleur de nous-mêmes», assure Jules Porcher avant cette partie à venir sur les rives du lac de Neuchâtel.
De là à créer l'exploit? Peu probable, les surprises étant rares en rugby. Un résultat inattendu face au XV du lion et la Suisse se prendrait néanmoins à rêver de la Coupe du monde. Après tout, quatre des huit meilleures équipes engagées dans le «Tournoi B» s'envoleront en 2027 pour l'Australie, alors que la cinquième disputera le tournoi de qualification final en novembre 2025. Il n'est pas totalement interdit d'y croire.