Christophe a bien failli avaler son croissant de travers, mardi matin, en consultant ses mails. Ce supporter acharné de la Nati et du Servette FC raconte:
Le Genevois de 34 ans a toutes les raisons de l'avoir mauvaise: son profil de consommateur est celui qui sera le plus impacté par la modification des offres de «blue» à compter du 21 juin 2023.
Dès juillet prochain, Christophe n'aura pas d'autre choix que de souscrire un abonnement mensuel s'il entend ne rien rater des exploits grenats:
Ces tarifs sont-ils onéreux? En fait, cela dépend des habitudes de chaque consommateur. «Ceux qui suivent les championnats européens, la Ligue des champions ou encore plusieurs équipes en Super League y trouveront leur compte, dit Christophe. Mais ce n'est pas mon cas. Je ne vais quand même pas payer 420 francs par année (35x12) sachant que le championnat de Suisse s'arrête presque trois mois entre l'hiver et l'été.»
Le Romand, bagagiste à l'aéroport de Genève, a l'impression que la chaîne privée pénalise des supporters que le football suisse dans sa globalité devrait choyer: les fidèles d'une équipe romande. Ceux-ci font vivre les stades en se déplaçant et les clubs en consommant à la billetterie et aux buvettes. Quand ces acteurs (à leur manière) du ballon rond ne peuvent pas aller en tribunes, ils devraient avoir la possibilité de suivre leur équipe à distance sans devoir payer 50 francs.
«Je suis bien conscient que les droits de la Ligue des champions sont exorbitants, que le coût de la vie a augmenté et qu'il y aura plus de matchs en Super League l'an prochain en raison du changement de format, insiste Christophe. Mon incompréhension ne concerne pas les tarifs des abonnements, mais la suppression des matchs à la demande. Je ne sais d'ailleurs même pas si je vais continuer à en acheter d'ici à la fin de saison, parce que je trouve tellement absurde qu'ils enlèvent cette possibilité en juin. La chaîne a sûrement ses raisons, mais je ne les connais pas.»
Christophe a fait ses comptes et il sait déjà qu'il n'a pas intérêt à opter pour un abonnement mensuel.
Quand on lui demande le système d'offres footballistiques qu'il estimerait être le plus judicieux, le supporter servettien songe, outre les matchs à l'unité, à un abonnement d'une vingtaine de francs par mois qui permettrait aux fans de foot suisse de ne suivre que la Super League. «Je suis persuadé que beaucoup de gens sont dans mon cas, et qu'ils s'abonnent à blue uniquement pour suivre le championnat de Suisse.»
Une impression impossible à vérifier, puisque la chaîne ne communique jamais ses chiffres.
Christophe ne sait pas encore comment il fera pour suivre le SFC la saison prochaine quand il ne pourra pas se déplacer. «J'ai des amis qui m'encouragent à aller sur des sites de streaming ou à utiliser IPTV, un système qui fonctionne avec une box et qui permet d'avoir des milliers de chaînes pour 100 francs par année. Jusqu'à maintenant, j'ai toujours refusé. D'abord parce que j'apprécie d'avoir accès aux analyses en plateau lorsque je regarde un match; ensuite parce que je ne veux pas cautionner ces pratiques par respect pour les diffuseurs. Mais j'avoue que depuis mardi, je me pose des questions sur ce que je ferai la saison prochaine.»