Jonas a 32 ans et c'est un fou de sport, capable d'être à Genève-Fribourg le samedi soir et à Lugano-Sion le lendemain. Jusqu'à présent, ce résident vaudois n'avait jamais envisagé de prendre un abonnement à une chaîne sportive payante parce que, pour lui, hockey et football sont des disciplines populaires qui doivent se vivre en tribunes, dans les embruns des fumigènes.
Mais tout a changé depuis l'annonce des tests Covid payants dès le 1er octobre. Notre interlocuteur n'est pas vacciné, il refuse de le faire (le contenu des doses ne lui inspire guère confiance) et il n'envisage pas de payer 50 francs tous les week-ends pour obtenir un certificat lui permettant de se déplacer au stade.
Il a fait ses calculs: «Le test antigénique coûte plus cher que l'entrée au match. Si vous additionnez le prix du test (50 francs) à celui du billet (30 francs en moyenne), vous vous retrouvez avec une facture de 80 francs pour un seul match, sans compter la bière et la saucisse. C'est hors de prix.»
Jusqu'à présent, Jonas multipliait les tests Covid financés par la Confédération pour pouvoir entrer au stade.
Cette situation le satisfaisait. Il la trouvait même normale: «Le vaccin étant payé par l'Etat, donc par nos impôts, il me semble logique que les tests le soient aussi, surtout si le vaccin est un choix, comme ne cesse de l'affirmer le gouvernement.»
Mais désormais, Jonas compte les jours le séparant de son canapé. «J'irai encore voir un match de Fribourg-Gottéron puis un autre à Grasshopper, le 26 septembre. Ce sera peut-être le dernier match de ma vie, j'en sais rien!» Il rigole à moitié. Sait que les week-ends seront moins festifs après le 1er octobre. «Je viens de prendre un abonnement pour Blue sport, histoire de suivre la Super League à la télé. Ça ne m'était encore jamais arrivé!»
Il y a quand même une enceinte sportive dans laquelle il pourra toujours se rendre mais dont il préfère taire le nom, pour éviter que les autorités ne renforcent les contrôles. L'idée lui est venue lors d'un récent déplacement.
Le genre de manoeuvre qui ne passera pas partout. Et qui est loin de le consoler. «Ca m'embête grave de ne plus pouvoir me déplacer. C'est dommage pour moi, et aussi pour les clubs, qui vont perdre des spectateurs.»
Les clubs s'attendent en effet à une diminution de leur affluence. Dans notre pays, une seule personne sur deux est vaccinée (53,18% selon les chiffres officiels communiqués mercredi). L'autre moitié doit toujours se faire tester pour se rendre au stade. «On craint de perdre davantage de public, au même titre que le milieu de la restauration», admet le responsable communication du FC Sion.
A Fribourg-Gottéron, Raphaël Berger a deux discours:
Les équipes peinent à estimer le manque à gagner consécutif aux mesures qui entreront en vigueur le 1er octobre, ne sachant pas quels spectateurs entraient jusqu'à présent grâce à un vaccin ou à un test. Les appareils aux bornes ne faisaient en effet que scanner les codes QR.
Mais les chiffres que nous ont transmis le Servette FC permettent de situer le pourcentage minimum de non-vaccinés parmi ses supporters. Le club grenat proposait à ses fans ne possédant pas de certificat Covid de se faire tester au stade avant chaque rencontre de championnat. «Ils étaient en moyenne entre 350 et 450 par match», nous informe le SFC.
Sur une moyenne de 4780 spectateurs, cela représente environ 8,5%. Un chiffre qui ne comptabilise pas tous les supporters s'étant fait contrôler dans une autre structure que celle du Stade de Genève, la veille ou l'avant-veille du match.
Au final, cela fait beaucoup de supporters que Servette et les autres clubs de football et de hockey espèrent ne pas perdre en octobre.