Seuls les fins observateurs auront remarqué l'absence de cette technologie pendant cet Open d'Australie. Contrairement à ce qui se faisait depuis plusieurs années, dans les tournois du Grand Chelem et sur les circuits masculin et féminin, il n'y a plus de signal sonore quand la balle touche le filet au service.
Dans le jargon, on appelle ce cas de figure un «let». Et si la balle atterrit dans le carré de service, le serveur a droit à une autre tentative (que ce soit en première ou seconde balle).
Pour un arbitre de chaise, il est parfois extrêmement difficile de déterminer – visuellement et auditivement – s'il y a eu un let, car la balle va généralement très vite et, dans certains cas, effleure à peine la bande du filet.
Dans un podcast de Tennis Channel cette semaine, l'ex-numéro un mondiale Lindsay Davenport (48 ans) a expliqué la raison de l'absence de cette technologie à Melbourne. L'Américaine, alors capitaine de l'équipe des Etats-Unis à la Billie Jean King Cup, a été avertie en avril 2024 par la fédération internationale (ITF):
Conséquence: les tournois sont donc privés de cette technologie depuis ce moment (le dernier tournoi du Grand Chelem à en avoir bénéficié est l'Open d'Australie 2024).
Et ça a le don d'énerver certains joueurs et certaines joueuses, qui ne comprennent pas pourquoi une alternative n'a pas été trouvée, à l'heure où la technologie est omniprésente sur un court de tennis (caméra sur le filet, Hawk-Eye pour déterminer si la balle est «in» ou «out», ou encore super-ralentis).
Après son quart de finale (remporté) mardi, Alexander Zverev a par exemple pesté:
Dans ce match, l'Allemand et son adversaire, Tommy Paul, ont vécu une situation problématique liée à l'absence de cette technologie. Dans le tie-break de la première manche, sur balle de set, Paul a servi une balle let, mais l'arbitre n'a pas réagi et le point s'est poursuivi, malgré la surprise des deux tennismen.
L'Américain a perdu cet échange (et donc le set) et, se sentant certainement floué après avoir perdu sa concentration, aurait sans doute souhaité rejouer le point. Il s'en est pris vigoureusement à l'officiel, en lui balançant:
Tommy Paul a expliqué, en conférence de presse, qu'il n'était même pas au courant que cette technologie n'était plus utilisée.
Ce n'est pas le seul match où il y a eu du grabuge après qu'une balle a touché le filet sur un service. Le quart de finale entre Novak Djokovic et Carlos Alcaraz a aussi donné lieu à une scène tendue. Dans la deuxième manche, un service du Serbe a manifestement touché la bande du filet, mais l'arbitre a laissé l'échange se dérouler. C'est Djokovic, de lui-même, qui a stoppé le point après quelques secondes.
Juste après, l'arbitre, Eva Asderaki-Moore, a confirmé le let, accordant à Djokovic un premier service. Une attitude de l'officielle qui a énervé Alcaraz, d'habitude très calme. Ce n'est pas le let en lui-même qui a fait sortir de ses gonds l'Espagnol, mais le fait qu'Eva Asderaki-Moore se plie à la décision de Djokovic. «C’est fou! C’était un let, mais vous vous êtes arrêtée parce qu’il s’est arrêté», a pesté le numéro 3 mondial.
Un match de double féminin a aussi réservé un moment électrique. Après n'avoir pas réussi à renvoyer correctement un service de Beatriz Haddad Maia, la Néo-Zélandaise Erin Routliffe, qui estimait que la balle était let, a fait savoir son désaccord à l'arbitre (qui a accordé le point à la paire Haddad Maia/Siegemund) et s'est montrée consternée quand cette dernière l'a informée que la technologie était absente:
On espère, pour la fin de cet Open d'Australie, qu'il n'y aura plus de problèmes à ce niveau et que les potentiels oublis des arbitres sur les let ne passeront plus entre les mailles du filet.