Depuis qu'il a acheté le réseau social X, le milliardaire américain Elon Musk y multiplie les messages politiques. Ce dimanche, il a même pris position sur une décision sensible de Novak Djokovic. On rembobine.
Le tennisman serbe a boycotté dimanche, après sa victoire en 8e de finale de l'Open d'Australie, la traditionnelle interview d'après-match sur le terrain. Il en a expliqué la raison en conférence de presse: un journaliste australien, employé par le diffuseur TV officiel, l'avait froissé.
Djokovic a reproché à ce dernier d'avoir eu des commentaires «insultants et offensants» à son égard et de s'être «moqué des fans serbes», lors d'une scène qui a eu lieu dans le Melbourne Park, site du tournoi. Le détenteur de 24 titres du Grand Chelem a à nouveau expliqué la raison de son boycott dans une vidéo, postée exclusivement sur son compte X.
C'est ici qu'est intervenu Elon Musk. L'homme d'affaires a repartagé la vidéo de Djokovic, en ajoutant ce message:
Novak Djokovic n'est pas resté insensible à la validation de sa démarche par Elon Musk. Le Serbe a, à son tour, repartagé sur X le message du milliardaire basé aux Etats-Unis en ajoutant un «Indeed» («en effet», en français), avec l'emoji de deux mains en l'air.
En partageant et validant ce message venimeux de Musk, Novak Djokovic crache dans la soupe et joue à un jeu dangereux.
Ce sont ces médias qui ont retransmis tous ses matchs et lui ont permis, ainsi, de construire sa légende. Et sans eux, il n'y aurait tout simplement pas de sponsors dans les tournois, et donc beaucoup moins d'argent à y gagner. Mais le Serbe ne va sans aucun doute jamais rendre tous les prize money qu'il a amassés grâce à ces sponsors et, indirectement, grâce aux «médias traditionnels»....
En plus de son incohérence, Djokovic, par ce retweet, alimente la défiance envers la presse. Qu'on soit clair: celle-ci a des failles et n'a pas toujours été exemplaire. Mais dans un monde où la désinformation est plus dangereuse que jamais et où les fake news pullulent, la presse établie représente – grâce à sa déontologie, notamment l'obligation de véracité – un garde-fou.
Relayer un tel message anti-médias («le filtre négatif des médias traditionnels», attaque Musk), c'est prendre le risque d'aiguiller ses followers vers une pratique dangereuse: ne plus croire la presse établie et, à la place, se tourner vers des informateurs privés (comptes sur les réseaux sociaux, par exemple) pas forcément crédibles ni fréquentables.
Or, Novak Djokovic, avec ses plus de 9 millions d'abonnés sur X et une immense aura à travers la planète, a inévitablement une forte influence. Notamment sur ses jeunes fans, qui n'ont pas nécessairement le recul pour s'informer objectivement.